mercredi 10 mai 2023

70 ans de la Patrouille de France (1953-2023)


70ème anniversaire
Patrouille de France
Cette année, nous célébrons les 70 ans de la Patrouille de France.

Ce petit tour d'horizon, à travers des documents de collection, de photos, n'est bien sûr absolument pas exhaustif. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres.

Avant de revenir sur ce 70ème anniversaire, un peu d'histoire (reprise en partie de mon article sur les 60 ans paru en 2013).
La Patrouille de France (PAF pour Patrouille Acrobatique de France) est la patrouille acrobatique officielle de l'Armée de l'air française.
Elle forme, avec l'Équipe de voltige de l'armée de l'air (EVAA), les Équipes de présentation de l'armée de l'air, dont la mission est de représenter l'armée de l'air, et d'être les ambassadeurs de l'aéronautique française et de la France à l'étranger.
(source : Armée de l’Air et de l'Espace)
C’est au début des années 30 que la voltige aérienne par équipe apparaît en France.

La voltige aérienne nait en France en 1913 grâce à Adolphe Pégoud. Le 1er septembre de la même année, il effectue le premier vol sur le dos à bord d’un Blériot. Le 21 septembre, il effectue des demi-tonneaux et une boucle qu’on appellera plus communément Looping.
Adolphe Pégoud devint très vite une vedette en France et ses démonstrations acrobatiques (on ne parlait pas encore couramment de voltige) époustouflèrent les foules. A la fin de l’année 1913 et au début de 1914, il fit de nombreuses présentations de son ‘’numéro’’ tant en France qu’en Europe.
D’autres pilotes s’intéressèrent aussi à l’acrobatie aérienne, comme Roland Garros ou Audemars. Ils participèrent à des représentations aux Etats-Unis dans le Cirque Moisan (Cirque est une appellation commune désignant un groupement d’avions volant ensemble).
Mais ce n’était pas réellement des équipes constituées mais plus des pilotes volant individuellement ensemble ;-).
Mais Garros lors de son retour en France acquis une très grande célébrité après sa traversée de la Méditerranée le 23 septembre 1913 (deux jours après la looping de Pégoud) et arrêta ses acrobaties.

Pégoud demanda à Morane de lui construire un appareil spécial pour pouvoir continuer ses exhibitions. Morane commença à développer des appareils très maniables.

Puis la Grande Guerre arriva.

L’arrivée de nouveaux appareils, puis la formation d’escadrilles avec plusieurs appareils, firent leur apparition durant cette guerre. Mais les combats aériens ne développèrent pas le pilotage pur ou la voltige. Il fallut attendre la fin de la guerre pour que les pilotes s’y intéressent de nouveau.

Mais deux grands précurseurs de la voltige en France perdirent leur vie durant la guerre : Adolphe Pégoud le 31 août 1915 et Roland Garros le 5 octobre 1918.
Après la guerre, Robert Morane propose une place de pilote d’essai à Albert Fronval à Villacoublay. Excellent pilote, Fronval est à la fin de la guerre moniteur au centre d’entrainement de chasse de Pau.
Il conçoit plusieurs enchainements de figures de voltige qui deviendront célèbres. La virtuosité fait son apparition en voltige. Il battit plusieurs records de loopings entre 1919 et 1920  (1 111 boucles à Villacoublay).
(Journal annonçant la mort de Fronval dans un accident d'avion en juillet 1929)
La voltige devient courante dans tous les meetings internationaux, puis les premières compétitions apparaissent ainsi que les premières règles y attenant.
Les figures obligatoires deviennent familières au grand public comme les boucles ou looping, les tonneaux (lents, rapides, demi-tonneaux), les immelmann (renversement, boucle et redressement d’après le nom de Max Immelmann, pilote allemand qui a créé la figure et mort à la guerre en 1916), piqués, vrilles, etc…
Et surtout de grands noms deviennent célèbres : Albert Fronval bien sûr, Marcel Doret, Michel Detroyat, Louis Paulhan, Jérôme Cavalli, ou bien les allemands Gerhard Fieseler, Ernst Udet, etc…
Mais la voltige se faisait seule. Les évolutions à plusieurs appareils étaient interdites. Les autorités pensaient que c’était trop risqué.

En 1931, des moniteurs de l’école de formation au pilotage d’Étampes créés la première patrouille acrobatique en France : La Patrouille d’Étampes.
C’est grâce à cette patrouille et à son travail que la voltige en groupe est enfin autorisée. Grâce surtout aux trois hommes qui la composait : le Capitaine Amouroux, chef de la patrouille et les adjudants-chefs Dumas et Carlier comme équipiers.

La Patrouille d’Étampes va se faire connaitre en France et en Europe. En 1932, le Lieutenant Pierre Fleurquin devient Chef de la patrouille et l’adjudant Cressaty remplace Dumas. Ce nouveau trio devient célèbre. Utilisant au début le Morane MS230, la patrouille opta ensuite pour le MS225.

En 1936, la patrouille passe à cinq avions pour les démonstrations avec comme pilotes Fleurquin, Boileau, Bertrand, Doerner et Perrier.

L’école de formation au pilotage d’Étampes est dissoute en 1937 et la patrouille intègre Salon-de-Provence où elle prend le nom de Patrouille de l’Ecole de l’Air.

Lorsque la seconde guerre mondiale débute, la patrouille est chargée de la formation des instructeurs, puis en mai 1940, les pilotes intègrent le groupe de chasse I/3, et les pilotes furent dispersés dans diverses unités en juin 1940.

Ce n’est qu’en 1946, qu’une nouvelle formation voit le jour. Ce sera la patrouille de Tours car formée de moniteurs de l’École des moniteurs de l’armée de l’Air basée à Tours.

C’est le Capitaine Perrier, ancien de la patrouille d’Étampe qui la commande.
L’avion de présentation sera le Stampe SV4.

En août 1947, l’École des moniteurs est dissoute et la patrouille retourne à Étampes, où elle reprend logiquement son nom d’origine. En 1948, elle prend le nom d’Escadrille de présentation de l’Armée de l’Air n°58.

Trois patrouilles de trois avions sont mises en place et effectuent de nombreuses représentations en France où en Europe.

Il n’y a pas encore de patrouille définitive représentant la France ou même l’armée de l’Air. Il y a plusieurs patrouilles qui se forment au sein de différentes escadres. Et avec l’apparition des jets, les acrobaties de ces patrouilles devinrent plus spectaculaires pour le public.

La 2ème escadre avait créée une patrouille avec 7 appareils. La 4ème, elle avait une patrouille de 4 Vampire. La 3ème escadre (l’Alsace basée à Dijon) sous la direction de Pierre Delachenal, volait avec 4 Vampire.

Toutes ces patrouilles se valaient et volaient sur les mêmes appareils, mais pour certains meetings, il n’en fallait qu’une, comme pour le meeting du Bourget. Aussi, en toute logique, un compromis entre la 2ème et la 4ème escadre fut trouvé pour le meeting du Bourget en 1951 où une patrouille de 9 appareils fut constituée.

En 1952, c’est à Reims où se trouvait la 3ème nouvellement arrivée là, qu’échut le rôle de patrouille. Le commandant Pierre Delachenal, qui avait fait ses preuves avec une patrouille de Vampire, prit le commandement avec cette fois des F-84G Thunderjet.

Cette patrouille, déclarée unique patrouille acrobatique française pour 1953 commença ses représentations.

Le 17 mai 1953, à Alger – Maison Blanche, se tient un grand meeting aérien. Plusieurs patrouilles acrobatiques y sont présentes.
Lors du passage de la patrouille de la 3ème escadre de chasse de Reims, le commentateur du meeting, Jacques Noetinger, la baptise sans autre commentaire, Patrouille de France… La Patrouille de France était née…même si elle ne prendra officiellement ce nom qu’en 1964.
Les pilotes étaient le Commandant Delachenal et les lieutenants Dellac, Lecong et Petit. 
(Les pilotes de la Patrouille de 1953 qui allait devenir Patrouille de France)
A partir de 1953, l’état-major de l’Armée de l’Air décida que chaque année, une escadre différente deviendrait La Patrouille de France. Jusqu’en 1963, cinq escadres différentes prirent ce rôle à … tour de rôle (2ème escadre à Dijon en 1954 et de 1957 à 1961 / 12ème escadre à Cambrai en 1955 / la 4ème escadre à Bremgarten en 1956 / la 7ème escadre à Nancy en 1962 et 1963).

En 1954, la Patrouille de France reçoit ses premiers Ouragan.
En 1956, la Patrouille, scindée en groupes, volait sur Ouragan et sur Mystère IVA.

En 1957, la Patrouille vole entièrement sur Mystère IVA et première utilisation des fumigènes bleus, blanc et rouge.

Entre 1959 et 1961, la Patrouille de France évolue avec 12 appareils (trois patrouilles de quatre avions, le tout en voltige totalement synchronisée).

En 1962, premières représentations avec 9 Mystère IVA.

En 1964, l’Armée de l’Air dissous, pour des raisons budgétaires la Patrouille de Mystère IV, mais décide de conserver une patrouille au sein de l'Ecole de l'Air, et elle déclare officielle l’appellation Patrouille de France.

La Patrouille de France devient une seule unité et sera basée à l’École de l’Air à Salon-de-Provence. Elle reçoit également ses premiers Fouga CM.170 Magister. La première apparition au public a lieu le 11 avril.
(Les trois Fouga de la Patrouille de France qui était devant le Musée de l'Air au Bourget jusqu'en 2011)
Descendue à un effectif de six appareils, la Patrouille de France passe à 9 en 1966 en recevant des Fouga Magister neufs.

Entre 1971 et 1973, il y aura 11 appareils. Et une nouvelle livrée : bleu France avec empennages et extrados tricolores, et les emblèmes de la Patrouille et de l’Ecole de l’air sur chaque flanc de l’appareil.
(Article du Reader's Digest de juillet 1971)

(1973 - les 20 ans de la Patrouille de France)

Entre 1974 et 1980, l’effectif revient à 9 appareils (la crise pétrolière est passée par là).
(Enveloppe signée par les membres de la Patrouille de France 1976)

En janvier 1980, le Journal de Mickey propose une maquette en papier à monter : un Ouragan de 1956.

Le 16 septembre 1980, les Fouga de la Patrouille effectuent leur dernière représentation en vol. Les Alphajet prendront leurs places pour la saison suivante.
En 1981, la Patrouille vole à 7 appareils et refait son apparition au Salon du Bourget (mais à 5 avions seulement).
En 1982, la Patrouille vole avec 8 appareils.
En 1983, La Patrouille de France fête ses 30 ans, et ouvre le défilé aérien du 14 juillet. Défilé qu’elle ouvre traditionnellement depuis, sauf en 1986, car elle se produisit au-dessus de New York pour le centième anniversaire de la Statue de la Liberté.
En 1985, les trois Fouga Magister qui deviendront l'emblème mythique de l'entrée du Musée de l'Air et de l'Espace au Bourget sont installés (actuellement, ils n'y sont plus mais devraient revenir bientôt).
1993 : 40 ans de La Patrouille de France
2003 : Cinquentenaire de La Patrouille de France
(une série de cartes avait été émises spécialement, ici un exemple parmi les 7)
(Enveloppe ayant volé à bord de l'avion du Leader de la Patrouille de France 2007)

(30 septembre 2008 : émission d'un timbre en France
Enveloppe signée par l'auteur du timbre et les Pilotes de la PAF 2008)

Le 25 novembre 2009, la Commandant Virginie Guyot, devient la première femme Leader de la Patrouille de France.
(l'auteur avec Virginie Guyot au Salon du Bourget 2009)
2009 : Salon du Bourget
(Salon du Bourget 2009)

2011 : La Ferté-Alais
2011 : Salon du Bourget (partie 1)
2011 : Salon du Bourget (partie 2)
(Timothy et Cédric Tranchon, Leader 2011)
2012 : La Ferté-Alais

2013 : La Patrouille de France célèbre ses 60 ans
2013 : Salon du Bourget
(Raphael Nal, Leader de la Patrouille de France 2013)
2014 : Meeting du centenaire de l'aéroport du Bourget

2015 : Meeting de Tours
2015 : Salon du Bourget
(Romain Bethoux, Leader de la PAF 2015 à ma gauche)
(Chrisophe Dubois, Chargnard 2015 et Leader 2016 et 2017)

2015 : Défilé des Champs-Elysées du 14 juillet
2015 : BD Histoires de Patrouille de France
(Livre de Romain Béthoux, Leader 2015, préfacé par les parrains 2014, J.L Chrétien et Patrick Baudry)
2016 : Meeting de Creil
2017 : Salon du Bourget avec les enfants
(Christophe Dubois et Romain Bethoux, LQeader 2016-2017 et 2015)
2018 : Meeting 120 ans Aéro-Club de France
2018 : La Ferté-Alais

2019 : La Ferté-Alais
2019 : Salon du Bourget

2021 : Pièce de 10 euros argent Patrouille de France

2022 : Meeting de Meaux (crédit Maddy Sebile)

2023 : La Patrouille de France est toujours stationnée sur la Base Aérienne 701 de Salon de Provence et célèbre ses 70 ans

COMPOSITION PATROUILLE DE FRANCE

Elle est composée de 9 pilotes et de 35 mécaniciens.

Chaque année, ce sont trois nouveaux pilotes qui arrivent. Ce sont des pilotes de chasse et ils sont volontaires.
Le minimum de 1 500 heures de vol sur avion à réaction et chef de patrouille sont requis pour pouvoir se présenter.
Les volontaires sont ensuite choisis par les pilotes de la Patrouille. Ils sont aussi choisis pour leur capacité à travailler en équipe et leur sociabilité, ceci afin de permettre la stabilité et la cohérence du groupe.

Les représentations sont commentées par l’officier des relations publiques ainsi que d’un pilote. Les démonstrations sont aussi filmées au sol par trois spécialistes photo / vidéos accompagnés du pilote remplaçant. En charge pour eux de détecter les problèmes pouvant survenir lors des représentations.

Les neuf pilotes de la Patrouille de France ont pour indicatif radio Athos (1 à 9) et se répartissent comme suit (les places ont changé par rapport aux années précédentes :

- Athos 1 : Leader. Chaque leader met ‘’sa touche’’ dans le programme final annuel de la Patrouille.
C’est lui qui détermine le programme de présentation.
Il ne reste qu’un an à sa place.
Si les huit autres pilotes de la Patrouille peuvent être remplacés, le Leader ne peut pas l’être.
- Athos 2 : Intérieur droit. Première année en patrouille et vole à côté du Leader en formation.
- Athos 3 : Intérieur gauche. Première année en patrouille et vole à côté du Leader en formation.
- Athos 4 : Charognard. Il est placé derrière le Leader et se prend tout dans la figure. Il sera aussi le prochain leader l’année suivante.
- Athos 5 : Premier solo. Placé à l’extrémité de la formation, son rôle est important et difficile afin de contenir la formation.
- Athos 6 : Second solo. Placé à l’extrémité de la formation, son rôle est important et difficile afin de contenir la formation.
- Athos 7 : Extérieur gauche. Il effectue les croisements avec le Second Solo, ainsi que des percussions.
- Athos 8 : Extérieur droit. Il effectue les croisements avec le Leader Solo, ainsi que des percussions.
- Athos 9 : Remplaçant. C’est le plus ancien de la Patrouille. Il peut remplacer n’importe quel équipier sauf le Leader. Il a déjà par le passé occupé les fonctions d’intérieur, Leader Solo et Second Solo.

Chaque année, le programme (ou  série) est renouvelé et décidé par le Leader en concertation avec les autres pilotes, les anciens et/ou des mécaniciens. En effet, l’expérience acquise par le passé est très importante et permet la naissance de nouvelles séries.
Le programme est ensuite validé par le chef d’état-major de l’Armée de l’Air en mai. C’est pour cela que les pilotes de la Patrouille de France s’entrainent pendant la saison hivernale et le début du printemps.

LES PRÉSENTATIONS

En fonction des conditions météorologiques, trois types de présentations existent :

Présentation ‘’beau temps’’ : Aucun nuage ne vient gêner la présentation. Celle-ci peut donc se dérouler sur un plan vertical, ce qui est idéal pour certaines figures où les avions montent haut dans le ciel.

Présentation ‘’intermédiaire’’ : Des nuages bas font que le plafond de vol est réduit et que la présentation se fera sur un plan oblique. Certaines figures ne pourront pas se faire (comme le fameux ‘’Cœur’’ de la Patrouille).

Présentation ‘’mauvais temps’’ : La présentation se fera sur le plan horizontal et sera réduite car toutes les figures ne pourront se faire.

 Il existe parfois certaines contraintes qui obligent la Patrouille a n’effectuer que certains enchainements pour des raisons de sécurité, comme lors ses présentations au Salon du Bourget.
Voici un extrait d’un article que j’avais écris lors du Salon du Bourget 2011, et de la préparation des pilotes avant leur présentation du vendredi 23 juin 2011 avec la fameuse ‘’Musique’’.


‘’La Musique’’ est l’ensemble des ordres donnés par le Leader lors de la présentation.

Lors de la répétition mentale avant le vol, le Leader et ses coéquipiers vont répéter tous les mouvements et figures à effectuer. Seule la musique se fera entendre.

Extrait de l’article :
(…) Le Leader donne à ses équipiers les dernières nouvelles météo, le vent, et rappelle les consignes de sécurité en cas de problème avec un appareil lors de la présentation.


Puis va commencer ''La Musique'' ... C'est le moment le plus solennel de cette répétition pre-vol. Il ne faut faire aucun bruit (exit les appareils photos bruyants). Les pilotes vont répéter mentalement le programme du décollage, à l'atterrissage, seconde par seconde, manœuvre par manœuvre. Les neuf pilotes (remplaçant compris) sont assis sur leur chaise, et s'enferme complètement mentalement dans leur ''bulle''.

C'est extraordinaire de les voir à quelques centimètres de soi, répéter ces mouvements, agir ensemble aux ordres du Leader, les voir agir sur la manette des gaz et sur le manche (enfin plutôt le stick du manche), claquer sur leurs cuisses ensembles, etc ... Ils vivent le vol les yeux fermés dans une synchronisation absolue. On mesure l'énorme travail, l'énorme concentration, et aussi le caractère et les énormes qualités humaines, notamment la sociabilité, de ces pilotes, qui dans quelques minutes vont monter dans leur Alphajet et éblouir les dizaines de milliers de spectateurs qui les attendent.

J'en ai eu le souffle coupé et ai eu une énorme émotion en les voyant ainsi devant mes yeux. On a déjà vu ces phases de préparation à la télévision, mais là, on participe avec eux à la présentation qui va venir. Il est d'ailleurs très très judicieux de la part du Capitaine Azou de nous avoir bien expliqué les termes techniques et le langage employés par les pilotes. J'ai pu comprendre parfaitement les phases de vols auxquels les pilotes faisaient allusion.

''La Musique'' terminée, les pilotes sont toujours dans un état de grande concentration. Pas question de les déranger, de leur parler. Ils ne sont qu'à quelques centimètres de nous, et ils sont déjà dans leur présentation.

Chacun sort de la salle de briefing puis se dirige vers son appareil afin de se préparer. Leur mécanicien personnel les y attend. Il a préparé l'appareil, et les effets du pilotes, casque et gants. Tout est fait pour ne pas troubler cette concentration.

Les pilotes s'équipent, font leur check-list, et ils vont mettre leurs réacteurs en route. Chaque mécanicien se trouve devant l'appareil de ''son'' pilote. Et dans un rituel bien établi, pilote et mécanicien se font des signes, se parlent par gestes. Tout est prêt, j'entends les réacteurs qui tournent... Les appareils quittent leur emplacement un par un, et les pilotes saluent les équipes au sol.

Les Alphajets quittent leur aire de parking à Dugny et roulent vers la piste de décollage. Ils sont en bout de piste, attendant leur tour. (…)

Eléments indispensables au bon déroulement des présentations en vol, les 35 mécaniciens s’occupent des 12 Alpha Jet de la Patrouille de France (dont les 10 de présentations et d’entrainement). Ces professionnels de l’Armée de l’Air très qualifiés entretiennent tout au long de l’année les appareils et le matériel qui seront utilisés.

Les mécaniciens sont répartis en deux équipes, piste/meeting et dépannage.

Lors de la saison estivale, celle de présentations, 18 mécaniciens accompagneront la Patrouille à chacun de ses déplacements. Privilège unique, chaque mécanicien choisira son pilote dont il s’occupera exclusivement pendant la saison. Lors de chaque déplacement, le mécanicien vole en place arrière à bord de l’Alpha Jet.
Quelques formations de base présentées en vol
(Formation Diamant / Salon du Bourget 2009)
(formation Canard / Salon du Bourget 2011)
(Formation Concorde / Salon du Bourget 2011)
(Formation Très Grande Flèche / La Ferté-Alais 2012)
(Formation Losange / La Ferté-Alais 2012)
(Formation Losange / Salon du Bourget et La Ferté-Alais 2011) 
(Formation en T / Salon du Bourget 2009)

Revenons maintenant un petit peu sur la monture des pilotes, l’Alphajet.

En service au sein de la Patrouille depuis 1981, l’Alphajet utilisé est une version biplace d’entrainement.

Ce petit biréacteur (long de 11,85 mètres pour une envergure de 9,16) a été réalisé en partenariat entre Dassault et Breguet. Le premier prototype a effectué son premier vol à Istres le 26 octobre 1973 avec Jean-Marie Saget aux commandes. Il peut voler à une vitesse de Mach 0,86 (1 000 km/h), voler à une altitude de 15 000 mètres et décoller sur 700 mètres.
(Salon du Bourget 2011)
Les appareils de la Patrouille de France ont été un peu modifiés pour pouvoir être plus performants. Un stick à cran sur le manche à balai permet au pilote de manœuvrer l’appareil avec un maximum de précision (ce qui explique certains gestes lorsque l’on voit répéter mentalement les pilotes avant une démonstration).

De plus, un pod fumigène est placé sous l’Alphajet pour les évolutions avec fumigène. La bouteille d’azote placée à l’avant du pod est ouverte avant le roulage. Dans le pod se trouve deux demi-cuves en caoutchouc de 50 litres avec un liquide blanc dans la première et un liquide bleu ou rouge dans la seconde. C’est la pression de l’azote sur le caoutchouc qui permettra l’évacuation du fumigène.

C’est le pilote qui sélectionne la couleur grâce à une palette située en avant du manche. Les Athos 3, 4, 5 et 7 possèdent du blanc et du rouge, et les Athos 1, 2, 6 et 8 possèdent du blanc et du bleu. Le Leader ordonne la mise en route des fumigènes par un ordre dans ‘’la Musique’’ (coup de palette…Top). Le liquide s’échappe donc par l’arrière du pod qui se trouve derrière le réacteur gauche grâce à l’ouverture d’électro-robinets commandés par le pilote, et ce liquide se transforme en fumée. Pour avoir un jolie panache, la température de sortie des réacteurs est de 650 à 750°C.

Nous avons donc dit plus haut que la Patrouille de France fait partie des Equipes de Présentations de l’Armée de l’Air, avec l’Equipe de Voltige. Ces deux formations forment donc cette unité particulière. Elle est dirigée actuellement (en 2013) par le Lieutenant-Colonel Bruno Bézier qui est secondé par deux adjoints, les Capitaines Ludovic Bourgeon et Jean-Noël Guy, tous deux anciens pilotes de la Patrouille.

Il y a également l’Officier des Relations Publiques (ORP), qui est chargé de l’interface entre le public et les militaires. Il accueille les médias également.

La Patrouille de France 2023

Commandant Aurélien Declercq
Athos 1 / Leader
2ème année à la Patrouille de France. 35 ans
1 900 heures de vol – Pilote de Rafale

Capitaine Nicolas
Athos 2 / Intérieur droit
1ère année à la Patrouille de France. 36 ans
2 900 heurs de vol – Pilote de Mirage 2000-5F

Capitaine Jayson
Athos 3 / Intérieur gauche
1ère année à la Patrouille de France. 40 ans
3 500 heures de vol – Pilote de Mirage 2000RDI, pilote de Rafale

Commandant Julien
Athos 4 / Charognard
1ère année à la Patrouille de France. 35 ans
1 900 heures de vol – Pilote de Mirage 2000-D / ancien leader Couteau Delta

Capitaine Cédric
Athos 5 / Premier solo
4ème année à la Patrouille de France. 41 ans
3 200 heures de vol – Pilote de Mirage F1CR / pilote de Rafale

Capitaine Laurent
Athos 6 / Second solo
2ème année à la Patrouille de France. 38 ans
3 200 heures de vol – Pilote de Mirage 2000D et 2000RCI

Capitaine Gregory
Athos 7 / Extérieur gauche
4ème année à la Patrouille de France. 39 ans
2 900 heures de vol – Pilote de Mirage 2000N / pilote de Rafale

Capitaine Youness
Athos 8 / Extérieur droit
2ème année à la Patrouille de France. 36 ans
2 150 heures de vol – Pilote de Mirage 2000-5F / pilote de Rafale

Capitaine Romain
Athos 9 / remplaçant
5ème année à la Patrouille de France. 44 ans
3 850 heures de vol – Pilote de Mirage 2000D / ancien leader Couteau Delta

LES PARRAINS

Depuis 1988, les ‘’parrains’’ ont fait leur apparition. Il s’agit de personnalités de tout horizon et qui ont une notoriété certaine avec le public. Ce lien entre la Patrouille de France et son parrain accentue la notoriété et les rapports entre la Patrouille de France et le public.

Parmi les parrains, on peut citer Alain Delon, le premier parrain en 1988, Michel Drucker en 1990, Jean-Claude Killy en 1991, David Douillet en 2001, Carla Bruni-Sarkozy en 2010 ou Thierry Dusautoir en 2012. En 2014, ce sont les astronautes Jean-Loup Chrétien et Patrick Baudry.
Le vendredi 19 mai 2023, la Patrouille de France a annoncé que le parrain 2023 serait une marraine en la personne de la journaliste Anne-Claire Coudray.

HOMMAGE AUX DISPARUS

Le métier de pilote de chasse, de voltige est un métier à risque, et hélas, certains pilotes sont morts dans des accidents au cours des années au sein de la Patrouille de France.

Depuis 1935, neuf pilotes ont trouvé la mort (huit depuis 1953) lors d’accidents à l’entrainement ou en présentation en vol. Plusieurs autres ont été blessés.

La vidéo hommage 1953-2022

Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace
             Photos de l'auteur (sauf mention)
Un grand merci à la Patrouille de France tout au long des années, et à leur accueil à chaque fois.

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