jeudi 20 juillet 2017

Lancement du satellite Venμs – Coopération spatiale entre la France et Israël


Lancement du satellite Venμs
Coopération spatiale entre la France et Israël

Ce jeudi matin 20 juillet se tenait au siège du CNES une conférence de presse afin de présenter la mission du satellite franco-israélien Venμs qui doit être lancé depuis le Centre Spatial de Kourou dans la nuit du 1er au 2 août 2017 par un lanceur Vega (lancement VV10). 
Lors de ce lancement, Vega mettra aussi en orbite le satellite OPSTA-3000 (qui fera l'objet d'un autre article plus tard).

Le Président du CNES, Jean-Yves Le Gall, a introduit cette conférence à laquelle participait également Avi Blasberger, directeur de l'Agence Spatiale Israélienne (ISA) et Arnon Karnieli, responsable scientifique de la mission, de l'Université Ben Gourion. Ces deux derniers conversaient depuis Tel-Aviv via visioconférence.

Etaient également présents, Gérard Dedieu, responsable scientifique du CESBIO (Centre d'Etudes Spatiales de la Biosphère) ainsi que Pierric Ferrier, chef du projet au CNES.




Venμs est un nouvel outil contre le changement climatique. Jean-Yves Le Gall a indiqué : << Alors que la COP21 et la COP22 ont mis en exergue le rôle fondamental des satellites pour l'étude et la préservation du climat, je me réjouis de voir que les meilleurs ingénieurs du spatial au niveau mondial ont développé ensemble Venμs, qui aidera la communauté internationale à lutter contre le changement climatique et que cette coopération va se poursuivre >>.
(Le Président du CNES JEan-Yves Le Gall)

Avi Balsberger déclare : << Venμs est le premier satellite de recherche pour l'environnement conçu par Israël, conjointement avec la France. C'est également le plus grand projet de l'Agence Spatiale Israélienne et nous sommes heureux qu'il ait été créé avec la France >>.

(Arnon Karnieli  de l'Université Ben Gourion et Avi Blasberger, directeur de l'ISA)
(Gérard Dedieu du CESBIO - en haut - et Pierrick Ferrier du CNES)

OBJECTIF DE LA MISSION

L'objectif de la mission Venμs (Vegetation and Environment monitoring on a New Microsatellite) est l'observation à haute résolution spatiale et haute fréquence temporelle de sites scientifiques pour l'étude la végétation.
Venμs va contribuer à l'observation, à la compréhension et à la modélisation de l'influence des facteurs environnementaux, des activités humaines et des changements climatiques sur les surfaces continentales, lieu de vie de l'homme qui représentent 1/3 de la surface de la Terre.

Venμs va permettre aussi de mieux comprendre le traitement des données des missions actuelles Sentinel 2 et préparer la définition des futures missions spatiales. 
Elle va permettre aussi de développer des systèmes d'alerte précoce sur l'état des cultures et de la disponibilité en eau das une perspective de gestion durable des territoires et de la sécurité alimentaire.

C'est une mission scientifique très innovante qui préfigure le futur des satellites européens d'observation de la Terre, avec de nouvelles méthodes et chaines d'exploitation des données (déjà utilisées avec Sentinel 2).

Pour Israël, Venμs servira aussi de qualificateur technologique pour un moteur à propulsion électrique (IHET)


Cela fait plus de 10 ans que le projet ''est sur les rails'' avec la première signature entre le CNES et l'ISA en avril 2005.


CARACTERISTIQUES DU SATELLITE

Ce micro-satellite, il ne pèse que 280 kg, doit posséder évidemment une excellente qualité d'image puisqu'il doit étudier finement les processus sur la surface terrestre. 
Il sera sur une orbite polaire quasi héliosynchrone (à 720 km puis à 410 km d'altitude).
Ce satellite possède un instrument imageur multispectral qui permet de réaliser des images dans 12 bandes spectrales adaptées au suivi de la végétation (visible et infrarouge) de 5,3 mètres et de 27 km de large. Instrument fourni par le CNES.
Le satellite pourra prendre des images à la verticale et jusqu'à 30° de dépointage par rapport à la trace sous le satellite. C'est aussi un véritable radiomètre qui mesure avec précision la lumière reçue par ses détecteurs.

Il y a 110 sites scientifiques qui sont répartis sur les cinq continents et qui seront ''imagés'' tous les deux jours afin de suivre l'évolution de la végétation, quantifier les flux biochimiques (eau, carbone) ou bien les changements d'occupations des sols

Tous les jours, pendant les 3 ans 1/2 que doit durer la mission, Venμs fournira des images des sites sélectionnés. Ce sera le délai le plus court de revisite d'un même site par un satellite d'observation en optique haute résolution (actuellement, Sentinel 2 revisite tous les 5 jours). 
La mission est divisée en deux périodes : la première d'une durée de 2 ans 1/2 se passera à 720 km d'altitude et survolera les sites et la deuxième partie permettra de valider le propulseur électrique à une altitude de 410 km tout en continuant l'imagerie optique. Ce qui fera que les sites seront survolés à deux altitudes différentes.

Une image en haute résolution multi-spectrale sera produite tous les 10 jours, c'est à dire une image sans nuages ni aérosols.


LE CHOIX DES SITES

L'appel d'offre concernant le choix des sites à été lancée en 2015 et il y a eu 146 propositions de 41 pays différents pour un total de 465 sites différents de proposés.

Et au total 110 sites ont été sélectionnés :
Liste complète ici sur le site sur CESBIO : http://www.cesbio.ups-tlse.fr/multitemp/?p=10583

- 24% aux USA
- 8% au Brésil
- 5% en Australie
- 5% en France
le reste se répartissant entre l'Irlande, le Japon, la Chine, l'Espagne, le Vietnam, l'Argentine, le Brunei, laColombie, le Danemark, la Nouvelle Zelande, la Tanzanie, l'Antarctique, la Bolivie, le Burkina Faso, le Cambodge, le Canada, le Chili, Cuba, la Tchéquie, l'Allemagne, l'Indonésie, l'Irak, l'Italie, le Kenya, le Kirghizistan, Lituanie, Madagascar, Malaisie, Mali, Népal, Norège, Panama, Pérou, Russie, Somalie, Taïwan.


Le site dédié de la mission Venμs : https://venus.cnes.fr/



Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
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             CNES / CESBIO / 
Remerciements : CNES

mercredi 19 juillet 2017

Visite de Safran Reosc, leader mondial en conception, réalisation et intégration d'optiques de haute performance


Ce mardi 19 juillet, j'ai eu la chance de visiter Safran Reosc dont le siège se trouve à Saint-Pierre du Perray dans l'Essonne (91).


C'est le moment de parler de ces sociétés souvent peu connues du grand public et des passionnés de spatial, alors que sans elles, il n'existerait pas de programmes, de satellites, etc...

Cette société a été créée en 1937 par des scientifiques de l'Institut d'Optique de Paris, notamment par Henri Chrétien et Charles Fabry. Elle est aujourd'hui une filiale de Safran Electronics & Defense (anciennement Sagem Defense Securité).

Safran Reosc (Recherche et Etude en Optique et Sciences Connexes) est le leader mondial en conception, réalisation et intégration d'optique de haute performance pour l'astronomie, le spatial, les grands lasers ou l'industrie des semi-conducteurs dans les domaines civil et de défense.

La visite de ce mardi a permis de présenter la société Safran Reosc et surtout de mettre en avant son savoir-faire car celle-ci vient de remporter plusieurs contrats importants ces dernières semaines. En effet, l'ESO (European South Observatory) a confié à Safran Reosc le polissage, le montage sur support et le test de l'ensemble des segments formant le miroir primaire (qu'on appelle M1) du futur plus grand télescope du monde, l'ELT (Extreme Large Telescope) qui va être construit au Chili sur le Cerro Amazones. 
Avec ce nouveau contrat, Safran Reosc va donc s'occuper du polissage et de l'intégration de 4 des 5 miroirs de futur ELT (voir plus bas).


Safran Reosc n'est pas novice en la matière et il n'est donc pas étonnant que celle-ci ait remporté ce dernier contrat. Safran Reosc maîtrise toutes les compétences qui sont nécessaires pour fournir des optiques et des équipements opto-mécaniques de très haute précision :

- Ingénierie opto-mécanique et traitements optiques
- Usinage et allègement de substrats verre ou vitro-céramique
- Polissage de précision (sphérique, asphérique, free-form) notamment en vitro-céramique ou en carbure de silicium) de la petite taille à la grande taille
- Métrologie optique de forme à précision nanométrique et de rugosité à très haute précision
- Dépôts de couches minces optiques adaptées aux applications laser haute énergie, au spatial, à l'astronomie, à la Défense, aux semi-conducteurs
- Intégration et montage d'équipements opto-mécaniques en environnement propre

Parmi les dernières réalisations de Safran Reosc, on peut citer des miroirs, objectifs et composants (plan focal) pour les satellites et programmes comme : 

- les satellites Météosat
- Les télescopes de la mission Gaia
- Le futur programme CSO (Composante Spatiale Optique) qui doit succéder à Hélios
- Le IASI NG (Interféromètre Atmosphérique de Sondage Infrarouge) pour les futurs satellite MetOp
- Le futur téléescope spatial Euclid de l'ESA
- Les futurs satellites Merlin et MicroCarb
- Les miroirs géants du VLT (Very Large Telescope) de l'ESO, du GTC (Gran Telescopio Canarias), des deux téléscopes de l'Observatoire Gemini, 
- Les miroirs et les lentilles pour des lasers comme le Laser Apollon qui se trouve au CEA à Saclay et qui sera le laser le plus puissant du monde, comme le Laser Orion en Grande-Bretagne, le Firex au Japon ou le Luli 2000 de l'Ecole Polytechnique.
- Gravure de semi-conducteurs
- Traitements optiques couches minces de l'ultraviolet à l'infrarouge
- Etc...


Quelques photos des impressionnantes installations et du matériel de polissage, calibrage, etc...














Une machine très impressionnante qui sert à vérifier si le miroir est bien lisse grâce à la capillarité de l'eau (si j'ai bien tout saisi). Le miroir est tellement fin, qu'une fois trempé dans l'eau, il est pratiquement invisible.




Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
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Sources : Safran Reosc

Remerciements : Safran Defense & Securité
                            Safran Reosc et ses responsables