vendredi 11 septembre 2020

11 septembre 2020 : l'Armée de l'Air devient l'Armée de l'Air et de l'Espace


(en cours de publication)

11 septembre 2020
Armée de l'Air et de l'Espace


C'est officiel, depuis aujourd'hui : l'Armée de l'Air est devenue l'Armée de l'Air et de l'Espace.


En juillet 2019, le Président de la République Emmanuel Macron annonce vouloir renommer l'Armée de l'Air comme Armée de l'Air et de l'Espace et de créer en son sein un Grand Commandement de l'Espace. Le 24 juillet 2019, Florence Parly, la Ministre des Armées, présente cette nouvelle entité lors d'un discours à Salon-de-Provence.

PETIT RAPPEL HISTORIQUE DE L'ARMEE DE L'AIR

L'Armée de l'Air, en tant qu'arme (armée) indépendante dans l'armée française, date du 2 juillet 1934 suite à un décret du 1er avril 1933. Auparavant, elle dépendait de l'Armée de Terre ou de la Marine.

Et pourtant, elle est la plus ancienne force aérienne au monde avec la création dès 1909 de l'aviation militaire française. Suite à un décret de mars 1912, l'aéronautique militaire fait partie intégrante de l'Armée de Terre et de ses quatre armes d'alors (Infanterie, Génie, Artillerie, Cavalerie).

A l'entrée en guerre en 1914, elle dispose de 148 avions et de 15 dirigeables.

L'Armée de l'Air et l'espace : une longue histoire


Il y a de subtils changements dans le logo qui est en service depuis 2010. Outre l"épervier qui représentait la surveillance et la chasse, on y a ajouté trois composantes :


- On garde l"épervier pour montrer qu'il s'agit d'une évolution de l'Armée de l'Air
- On a ajouté une courbure de la Terre et des lettres plus fines pour ajouter la composante Espace
- L"épervier est plus cambré pour montrer la martialité

Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'Espace
             Armée de l'Air / Armée de l'Air et de l'Espace

jeudi 10 septembre 2020

35ème anniversaire de la 2ème sélection du CNES / 9 septembre 1985


Il y a exactement 35 ans, ce lundi 9 septembre 1985, le CNES présentait sa 2ème sélection d'astronautes - ils étaient 7 ce jour-là : Jean-François Clervoy (26 ans), Claudie André-Deshays (28 ans), Jean-Jacques Favier (36 ans), Jean-Pierre Haigneré (37 ans), Frédéric Patat (27 ans), Michel Tognini (35 ans), et Michel Viso (34 ans).


En juin 1980, lors de la première sélection du CNES (voir article complet ici), il fallait trouver deux astronautes pour un vol qui était déjà programmé. Pour cette sélection de 1985, c'est totalement différent : le CNES créé spécifiquement un corps d'astronautes (auxquels vont s'adjoindre Jean-Loup Chrétien et Patrick Baudry) pour des missions futures, non programmées, avec en plus pour le programme Hermes qui vient d'être lanvé.

1 100 dossiers de candidatures seront retirés auprès du CNES. Deux groupes de travail ont étudiés les 715 dossiers revenus complétés et 8 candidats ont été retenus (on n'en voit que 7 sur la présentation à la presse mais je vous explique pourquoi plus bas). Ils ont été répartis en deux catégories : Expérimentateurs (André-Deshays, Favier, Patat, Viso) et ingénieurs de bord (Clervoy, Haigneré, Tognini). Les expérimentateurs devaient voler sur la navette spatiale et les ingénieurs de bord sur le Soyouz (et accessoirement sur Hermes). On remarquera que les civils devaient voler avec les américains et les militaires avec les soviétiques (comme on les appelait alors).

Michel Tognini, Claudie Haigneré et Jean-François Clervoy se souviennent très bien de cette sélection, et ils nous partagent leurs souvenirs :

Comment avez-vous su qu'il y avait une sélection et pourquoi vous y êtes vous présenté ?
Michel T. : Nous avons reçu un télex au Centre d'Essais en Vol - j'étais pilote d'essais et je voulais participer au recrutement pour le projet Hermes.

Claudie H. : Une petite annonce du CNES (Appel à candidatures pour la sélection d'astronautes scientifiques) dans le couloir su service hospitalier (Hôpital Cochin) où je travaillais comme rhumatologue. 
Et la reviviscence d'un rêve d'enfant (à 12 ans fascinée par le spectacle de l'alunissage d'Apollo 11) ?
Et cette envie ''d'oser mon rêve''.

Jean-François C. : Travaillant au CNES à Toulouse depuis un an, j'ai naturellement appris à l'automne 1984 (j'allais sur mes 25 ans) sur place qu'une nouvelle sélection d'astronautes se préparait. Des collègues qui connaissaient mes activités de parachutiste et de pilote privé me disaient << c'est pour toi >>.

Effectivement, il me semblait évident que cette aventure me convenait parfaitement, étant passionné d'astronautique, curieux, d'un tempérament ''problem solver'' et déjà actif dans diverses activités opérationnelles. J'ai attendu l'annonce officielle dans la presse pour effectuer ma première démarche en personne plutôt que par courrier puisque j'étais à 5 minutes à pied du service en charge d'organiser la sélection.

Je me souviens bien de ce jour car en ressortant du secrétariat avec le formulaire d'une page à remplir - il s'agissait de la première étape après quoi on recevait chez soi un dossier épais de candidature si le profil esquissé sur le formulaire intéressait le CNES - j'étais tellement excité que je suis ressorti du bâtiment sans remarquer les portes vitrées dont les autocollants venaient d'être retirés et pas encore remplacés après nettoyage de la baie vitrée. Mon nez a rebondi violemment sur la vitre coulissante et je suis retourné aussitôt dans le même bureau pour demander des mouchoirs en papier. Le regard horrifié de la secrétaire m'a fait comprendre que c'était sérieux. Mon nez s'en souvient encore.

Quel souvenir avez-vous 35 ans après de cette sélection et de la présentation ?
Michel T. : Je garde un très bon souvenir de cette sélection, une sélection difficile mais qui s'est faite dans des conditions amicales, avec des personnes de différents corps de métier.

Claudie H. : Joie et fierté XXL
Puis, sans doute, surprise de découvrir que cela n'allait pas de soi d'avoir une femme dans l'équipe des 7 astronautes (cela ne m'avait pas traversé l'esprit).
Puis l'envie de me donner toutes les chances de passer du statut de ''candidat'' astronaute à celui d'astronaute assignée à une mission - j'ai très vite décidé de compléter ma formation de Docteur en médecine par un Doctorat de sciences.
Et 35 ans après, le bonheur de retrouver la fraternité des 7 comme si quelques mois seulement étaient passés.

Jean-François C. : Depuis 35 ans, je n'ai jamais cessé de penser à la chance que j'avais eu de mettre trouvé au bon moment, au bon endroit, avec le bon bagage académique. Bien sûr, il fallait aussi un fort engagement personnel pour donner le meilleur de soi à chaque étape.

En fait, l'annonce s'est faite en 2 étapes : une confidentielle dans le bureau du directeur général du CNES qui réunit les 8 finalistes retenus (sur un maximum de 10 que prévoyait la sélection (5 dans chacune des 2 catégories définies : une pour voler avec les américains sur la navette et une pour voler avec les soviétiques sur Soyouz) en nous prévenant que toutefois il se peut que lors de l'annonce officielle, nous serions peut-être que 7.
Ce n'était pas la meilleure d'apprendre que nous étions reconnus ''bon'' pour le job, sachant que l'un d'entre nous serait peut-^etre laissé derrière. Et ce n'est bien que 7 candidats qui ont été officiellement présentés à la presse en septembre. Le huitième (pilote de chasse qui allait commencé sa formation de pilote d'essais) s'était laissé dire qu'il rejoindrait peut-être le groupe après sa formation.

Il était clair  dès le départ que cette sélection n'était pas destinées à une ou des missions spatiales déjà bien identifiées (sauf peut-être le projet de mission franco-américaine à bord de la navette embarquant des singes Rhésus, donc visant le vétérinaire parmi les 4 ''spécialistes de charge utile'', et un projet de vol de longue durée en début de discussion avec les soviétiques visant l'un des 3 ''ingénieurs de bord''), donc nous étions conscients que notre affectation à un vol spatial n'était pas encore concret.

Très vite après cette annonce, nous avons eu l'occasion de nous retrouver tous les 7 ensemble invités à plusieurs événements et de faire ainsi plus ample connaissance en ressentant déjà un peu ce privilège commun que nous avions de faire partie de cette nouvelle ''élite'' spatiale française. Je pense par exemple au séminaire de prospective scientifique du CNES à Deauville, à la visite de l'équipage de la mission Spacelab D1 à l'Ambassade d'Allemagne accueillis à l'entrée par le jeune Jean-Yves Le Gall, alors conseiller auprès de notre ministre en charge des affaires spatiales, et le lancement du projet d'avion spatial Hermes à Villepinte. Jean-Loup Chrétien et Patrick Baudry nous y avait accueillis chaleureusement en nous laissant toutefois entendre qu'ils n'avaient pas tourné la page quand à leur ambition de revoler dans l'espace. Une certaine forme de concurrence ne faisait que commencer.
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Revenons un peu sur le profil de ces candidats (de gauche à droite comme sur la photo)

Jean-François Clervoy 


- 26 ans, il est Ingénieur de l'Armement à la DGA détaché au CNES de Toulouse au moment de sa sélection.
Il commence d'abord sa formation en tant qu'ingénieur de bord en URSS puis en 1992, il quitte le CNES pour être sélectionné dans le groupe d'astronautes ESA (toujours en 1992).
Il volera 3 fois dans l'espace avec la navette spatiale (STS-66 en 1994 puis STS-84 en 1997 et  STS-103 en 1999. Il a passé en tout 28 jours 03 heures 04 minutes dans l'espace.

Il prend sa retraite et quitte l'ESA en décembre 2018.

Claudie André-Deshays


- 28 ans, elle est médecin-vacataire rhumatologue et travaille à la Clinique de Rhumatologie du service de réadaptation de l'hôpital Cochin à Paris. En parallèle, elle travaille aussi au Laboratoire de physiologie neurosensorielle du CNRS à Paris.

Elle est par la suite responsable du Département Physiologie et Médecine spatiale au CNES entre 1990 et 1992 et est la responsable, entre 1989 et 1992, de la coordination scientifique des expériences de Sciences de la vie pour la mission Soyouz TM-15 Antares de Michel Tognini (1992).

Nommée doublure de Jean-Pierre Haigneré, elle commence sa formation de cosmonaute en octobre 1992 à la Cité des Etoiles. Elle sera sa doublure lors des missions Soyouz TM-17 Altaïr en 1993 et Soyouz TM-29 Perseus en 1999.

Claudie Haigneré (elle s'est marié avec Jean-Pierre Haigneré) vole deux fois en Soyouz (Soyouz TM-24 Cassiopée en 1996 et Soyouz TM-33 Andromède en 2001) devenant ainsi la première française (et la seule à ce jour) dans l'espace.
Elle devient astronaute ESA en 1999.

Elle prend sa retraite d'astronaute en 2002. Claudie Haigneré sera deux fois ministre : Ministre déléguée à la Recherche et Nouvelles Technologie de juin 2002 à mars 2004 puis Ministre déléguée aux Affaires Européennes de mars 2004 à mai 2005. De 2010 à 2015, elle est Présidente d'Universcience et revient à l'ESA jusqu'en 2020.

Claudie Haigneré a passé 25 jours 14 heures 22 minutes dans l'espace.

Jean-Jacques Favier


- 36 ans, Docteur en physique et en métallurgie et Docteur en ingénierie, il chef de groupe physique de la solidification (CENG) et travaille sur le programme Méphisto au CNES.

Il commence sa formation d'astronaute Spécialiste de Charge Utile (PS) en 1992 t il est la doublure de Chiaki Mukaï en 1994 pour STS-65. Il vole comme PS en 1998 lors de la mission STS-78.

Jean-Jacques Favier a passé 16 jours 21 heures 27 minutes dans l'espace. Il prend sa retraite d'astronaute en 1996.

Jean-Pierre Haigneré


- 37 ans, Commandant de l'Armée de l'Air et pilote d'essais. Il est le chef du Personnel Navigant à Brétigny-sur-Orge (Centre d'Essais en vol.

Jean-Pierre Haigneré commence sa formation de cosmonaute en août 1990 lorsqu'il est nommé comme doublure de Michel Tognini pour Soyouz TM-15 Antares.

Il effectue deux vols : Soyouz TM-17 Altaîr en 1993 et Soyouz TM-29 Perseus en 1999. En 1998, il intègre le corps des astronautes de l'ESA (qu'il a dirigé à son retour de mission).

Jean-Pierre Haigneré prend sa retraite en 2003 avec un total de 209 jours 12 heures 24 minutes dans l'espace (record français à l'heure actuelle).

Frédéric Patat


- 27 ans, assistant des hôpitaux à la Faculté de Tours. Il a participé au développement de l'échographe emmené par Jean-Loup Chrétien et Patrick Baudry. Fréd&ric Patat est ingénieur de Polytechnique et Docteur en Ingénierie au moment de sa sélection.

Affecté à de futurs missions en Soyouz au début des années 1990, il ne peut pas voler à cause d'un problème de myopie - problème hélas rédhibitoire chez les russes mais qui n'en n'aurait pas été un chez les américains (il avait été sélectionné à l'origine pour voler sur la navette spatiale).

Il est actuellement Professeur de Biophysique à l'hôpital de Tours.

Michel Tognini


- 35 ans, Commandant de l'Armée de l'Air et pilote d'essais. Adjoint au chef-pilote d'essais du Centre d'Essais en Vol de Cazaux.

Michel Tognini sera le premier de ce groupe à devenir cosmonaute et à voler. Il commence sa formation de cosmonaute en septembre 1986 lorsqu'il est nommé doublure de Jean-Loup Chrétien pour Soyouz TM-7 Aragatz (vol en 1988). Il sera titulaire pour Soyouz TM-15 en juillet 1992.
En 1995, il effectue une formation d'astronaute Spécialiste de Mission à la NASA - il volera sur STS-93 en juillet 1999.
Toujours en 1999, il intègre le corps des astronautes de l'ESA dont il dirigera le Centre d'entraînement entre 2005 et 2011.
Michel Tognini a passé 18 jours 17 heures 45 minutes dans l'espace.

Michel Viso


- 34 ans, Vétérinaire ingénieur de recherches INRA.

Michel Viso devait conduire des expériences avec un singe à bord de la navette spatiale en tant que Spécialiste de charge utile (PS) : c'était le programme Rhésus. Mais les nombreux reports de vols du programme navette ont empêché la mise en place de ce type de vol et Michel Viso n'a jamais volé. Il est actuellement le responsable de l'exobiologie au CNES.

Je vous ai parlé d'un 8ème sélectionné. Il s"appelait Bruno Gaillard et était pilote de chasse. Lors de la présentation, il commençait sa formation de pilote d'essais à l'EPNER et devait rejoindre le corps des astronautes juste après la fin de sda formation. Malheureusement, il s'est tué quelques mois plus tard (le 26 janvier 1988 à Cazaux) lors d'un vol d'entraînement en Mirage IIIB.

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1985-2020 : La photo des retrouvailles

Pour marquer le 35ème anniversaire de cette sélection, un événement spécial a été organisé par mon ami Pierre-François Mouriaux. Nous en avions parlé l'année dernière et chose incroyable, malgré le contexte sanitaite (coronavirus), la date décidée en décelbre de l'année dernière, à sa savoir le 5 septembre 2020 pour ces retrouvailles, a été maintenue...

C'est donc avec beaucoup de joie que nous avons accueillis au siège du CNES à Paris, six des sept sélectionnés de 1985 (Jean-Jacques Favier, retenu, n'a pas pu hélas se libérer).

C'est donc sur les marches mêmes où ils avaient posé il y a 35 ans, que nous avons fait poser, quasiment dans la même position Jean-François Clervoy, Claudie Haigneré, Jean-Pierre Haigneré, Frédéric Patat, Michel Tognini et Michel Viso.


Avec masques et sans les masques


Une photo pour l'histoire !

Jean-Jacques Favier étant absent, il a été convenu qu'il serait ajouté par photomontage au groupe - une photo avec un espace laissant sa place a été faite - à charge pour lui d'envoyer une photo de lui de plein pied, ce qu'il a fait - voici le résultat !


Dès que je l'ai en meilleure résolution, je la mets.

(crédit : L. Honnotat/Innovaxiom Montage : Mourad Cherfi - Air & Cosmos)

La photo ''historique'' des retrouvailles a été publiée cette semaine en double-page d'Air & Cosmos.


Le making-off de la photo

Laurence Honnorat (d'Innovaxiom) était chargée de la prise de vue. Il a fallu placé tout le monde dans à peu près la même position qu'il y a 35 ans. Et c'est plutôt bien réussi !


Je peux vous dire que ces retrouvailles ont été chargées d'émotion, tant pour les astronautes eux-mêmes bien sûr, que pour nous, les quelques privilégiés. Il y a 35 ans, ils étaient les héros de notre jeunesse, et là, on les réunissait de nouveau.

La journée s'est terminée par un restaurant en toute intimité avec de chouettes discussions et un grand souvenir pour nous tous.

Crédit ; Collection Stéphane Sebile - Spacemen1969 
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Remerciements : Pierre-François Mouriaux, Michel Viso, Claudie et Jean-Pierre Haigneré, Michel Tognini, Jean-François Clervoy, Jean-Jacques Favier et Frédéric Patat, Laurence Honnorat