Mission Microscope
Rencontre avec Sylvie Leon-Hirtz
responsable de la physique fondamentale
dans l'espace, au CNES
responsable de la physique fondamentale
dans l'espace, au CNES
Vendredi 15 avril 2016 s'est tenue au siège du CNES à Paris une conférence de presse sur la présentation de la Mission Microscope. Les principaux responsables et chefs de projet étaient présents.
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Sylvie Leon-Hirtz travaille au CNES et est la responsable de la physique fondamentale dans l'espace.
Sylvie Leon-Hirtz travaille au CNES et est la responsable de la physique fondamentale dans l'espace.
Quel est exactement votre travail et pourquoi
l’avez-vous choisi ? Pourquoi avoir choisi de travailler dans le domaine
spatial ?
Je travaille à la Direction de
l’Innovation et des Applications du Centre
National d’Etudes Spatiales, au sein de l'équipe SME traitant des Sciences de l’univers, des sciences en
Microgravité et de l’Exploration robotique et habitée. Je suis responsable du
programme de physique fondamentale dans
l’espace.
Le CNES s’adresse à la communauté scientifique à travers des appels à
propositions. Le programme est construit
en s’appuyant sur les recommandations d’un groupe d’experts scientifiques
qui évaluent les propositions reçues.
Ce travail a de multiples
facettes en relation avec la communauté scientifique (élaboration des priorités
et de la prospective, soutien aux
laboratoires, conventions de recherche, allocations pour des doctorants et post-doctorants..), avec
les équipes du Centre Technique du CNES
à Toulouse, surtout en amont pour les études de faisabilité et en aval pour
l’exploitation des missions mais aussi durant la réalisation des projets, et
avec d’autres agences spatiales pour établir des coopérations.
Avant de travailler pour le CNES, j’ai fait de l’enseignement et de la recherche
au CNRS en cristallographie-minéralogie, à l’université Paris-6. J’étudiais la
formation de défauts dans les cristaux liés à leurs conditions de croissance,
notamment le rôle de la convection naturelle dans la phase fluide.
J’ai entendu parler de la possibilité d’expériences en microgravité et
suis venue au CNES, mise à disposition pour une année sur le programme de
physique de la matière condensée. J’y
suis finalement restée, attirée par la multitude de sujets auxquels l’espace
peut être utile, et profitant de la chance de me voir confier des sujets
nouveaux tels que l’exobiologie et la physique fondamentale.
Quel est votre rôle dans la Mission Microscope
et depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet ? Pourquoi avoir
choisi de travailler sur un tel projet ?
J’ai travaillé sur Microscope depuis le début avec beaucoup
d’enthousiasme. Mon rôle a été très actif lors de différentes étapes : en
1999 l’étude de faisabilité que le Comité des Programmes Scientifiques avait
recommandée, en 2001 l’accord de coopération ESA-CNES signé au salon du Bourget,
l’élargissement du projet à des laboratoires allemands, la mise en place d’un
comité directeur entre les agences CNES, ESA, DLR.
Après cette phase de montage du dossier de projet et son approbation par
le CPS et le conseil d’administration du CNES, le projet est passé sous la
responsabilité du centre technique de Toulouse. J’ai gardé l’accompagnement
scientifique, avec l’organisation de la communauté scientifique intéressée par
le projet, l’organisation de colloques et l’ouverture à de nouveaux
participants pour la phase d’exploitation du projet.
Microscope cherche une piste
pour aller au-delà de la théorie de la relativité générale d’Einstein, en tentant de mettre en évidence une violation du principe d’équivalence au
niveau de 10-15, deux ordres de grandeur de mieux que ce que l’on
sait faire aujourd’hui. C’est un enjeu exceptionnel
et motivant.
Quel a été pour vous le plus gros challenge
dans ce projet ?
Microscope a été sélectionné
comme une petite mission, sur un microsatellite.
Pour rester dans ce cadre, il a fallu innover,
trouver les solutions les plus simples et les moins coûteuses tout en respectant
des spécifications de mission très contraignantes. C’était quasiment mission
impossible et cela nous a demandé beaucoup d’imagination et de persévérance.
Pour arriver à ce niveau de
performances, il a fallu inventer une nouvelle méthode de travail flexible et
interactive entre l’équipe projet du CNES et les scientifiques prenant en
compte tout le système et réévaluant constamment l’impact de la moindre modification
de l’instrument, du satellite, de l’orbitographie. Cela a été un défi permanent
et n’aurait pas pu aboutir dans un contexte industriel classique.
Il y eu par exemple une
période de turbulences lorsque le CNES a dû abandonner les micro-propulseurs
ioniques initialement prévus par l’ESA et revoir sa copie avec des micro-propulseurs
à gaz froid comme ceux de la mission Gaia. Le satellite a alors grossi subitement
en incorporant des réservoirs de gaz froid et a bien failli dépasser la taille
limite autorisée.
A titre personnel, aimeriez-vous aller dans
l’espace et pourquoi ?
L’idée ne m’a pas effleurée.
Je serais une vraie catastrophe, je ne
vois que d’un côté et me cogne partout.
Je suis très admirative de ce
que les astronautes sont capables de faire mais pas du tout convaincue par la maxime qui dit que l’homme est fait
pour quitter son berceau, en l’occurrence la Terre. Je reste persuadée que la Terre est notre
destinée, fragile, et nous nous devons avant tout de la protéger.
Par curiosité, lorsque je m’occupais
d’expériences sur la physique des fluides, j’ai eu l’occasion de participer à une campagne de
vols en chute libre, à l’époque sur la Caravelle au centre d’essai en vol de
Brétigny. Cette sensation de flotter, pendant une vingtaine de secondes, quarante
fois de suite sur une série de
paraboles, m’est restée comme une agréable surprise.
Space Quotes - Souvenirs d'espace
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