Mission Microscope
Rencontre avec Gilles Metris
Co-Principal Investigateur du projet
Vendredi 15 avril 2016 s'est tenue au siège du CNES à Paris une conférence de presse sur la présentation de la mission Microscope. Les principaux responsables du projet étaient présents.
Voir le sujet complet sur la Mission Microscope (cliquez sur ce lien jaune).
Gilles Metris est le co-principal Investigateur de la mission Microscope, et il est attaché à l'Observatoire Côte d'Azur / CNRS.
Quel
est exactement votre travail et pourquoi l’avez-vous choisi ? Pourquoi
avoir choisi de travailler dans le domaine spatial ?
Je suis chercheur en astronomie, spécialisé en
géodésie spatiale et dynamique orbitale. Concrètement, il s'agit d’utiliser les
observations des mouvements des corps dans l’espace (et en particulier des
satellites artificiels en orbite autour de la Terre) pour améliorer notre
connaissance de l’environnement dans lequel ils évoluent.
Par exemple, les trajectoires des satellites sont
influencées par la distribution des masses dans la Terre et permettent ainsi
d’accéder à des modèles du champ de gravité terrestre ; l’atmosphère résiduelle
à haute altitude « freine » le satellite et l’observation de ce
freinage nous renseigne sur la densité de l’atmosphère ; on peut aussi mettre à
l’épreuve différentes théories physiques et en particulier tester la gravitation.
Au départ, j’ai choisi de travailler dans le spatial
par fascination pour cette discipline, pour accompagner les pionniers de la
géodésie spatiale qui ont compris dès le début les immenses possibilités
d’applications scientifiques comme celles que je viens de décrire. Il y a
ensuite quelque chose d’unique que je n’ai découvert qu'ensuite : la
pluridisciplinarité de cette activité et la multiplicité des experts avec qui
nous sommes emmenés à collaborer, puisque nous sommes tournés à la fois vers la
Terre et vers l’espace, vers l’instrumentation, la mesure et vers la
modélisation.
Quel
est votre rôle dans la Mission Microscope et depuis combien de temps
travaillez-vous sur ce projet ? Pourquoi avoir choisi de travailler sur un
tel projet ?
L’aventure MICROSCOPE est à elle seule une synthèse de
ce que je viens de décrire : la rencontre entre des théoriciens qui pensent que
le test du Principe d’Equivalence est un des moyens les plus efficaces pour
mieux comprendre le couplage de la gravitation avec les autres interactions et
d’experts en physique instrumentale à l’ONERA qui ont développés une
technologie d’exception et
qui semblait pouvoir être utile pour ce test.
L’idée de ce type de mission spatiale
existait donc mais il y avait un chaînon manquant : comment cette expérience
s’insère t’elle dans l’environnement spatial, comment la modéliser, comment
analyser les résultats ?
C’est ainsi que ces acteurs nous ont
sollicités il y a plus de 20 ans, sachant que nous avions déjà collaboré avec
l’ONERA dans d’autres projets. De ce point de vue, mon implication dans le
projet était très logique mais c’était aussi un immense pari. Mais finalement,
le facteur déterminant a été les hommes et les femmes avec qui je partais dans
cette aventure : non seulement les meilleurs dans leur domaine mais surtout des
personnes de qualité à tous les points de vue. Le projet MICROSCOPE a été
soumis au CNES en 1999.
Quel
a été pour vous le plus gros challenge dans ce projet ?
Nous avons eu de nombreux moments délicats
lors de l’étude et du développement de la mission MICROSCOPE : par exemple
concernant l’instrument lorsque à plusieurs reprises un de ses éléments n’a pas
résisté aux tests de vibration, ou bien concernant toute la mission lorsque
nous ne trouvions pas d’opportunité de lancement adéquat puis que au contraire,
une date de lancement étant imposée, il a fallu engager une course contre la
montre pour être prêts à temps.
Il a fallu également, à plusieurs
reprises, entrer en compétition avec d’autres projets pour confirmer notre
sélection. Donc je dirais que le plus gros défi a été, pour tout le groupe, de
faire preuve de persévérance et d’imagination pour franchir ces divers
obstacles et à titre personnel de s’investir aussi longtemps dans le projet au
détriment du reste de mon activité scientifique.
Pour ce qui concerne plus précisément
notre activité d’analyse des données, la plus grande difficulté était de
comprendre suffisamment bien tous les segments de la mission dont je n’étais
pas expert comme le fonctionnement de l’instrument, du satellite, et leurs
interactions.
Car dans MICROSCOPE, ce n’est pas juste un
satellite qui sert d’hôte à un instrument : les deux fonctionnent en forte
interaction comme par exemple le système dit de compensation de trainée,
actionné par le satellite mais asservi sur les mesures de l’instrument. Tout
cela doit être pris en compte pour la modélisation et l’exploitation des
données.
A titre personnel,
aimeriez-vous aller dans l’espace et pourquoi ?
Dans l’état actuel des technologies, oui,
comme beaucoup de monde je crois.
Cela a peu à voir avec mon métier, ce
serait un peu par goût de l’aventure mais avant tout pour la poésie, les
émotions que cela doit procurer ; peut-être à l’image de ce qu’on ressent lors
d’une randonnée hivernale en montagne.
En revanche je ne pense pas que j’aurais
su prendre le risque qu’ont pris les premiers astronautes et cosmonautes, comme
par exemple aller sur la Lune sans être bien certain d’en repartir ! Cela
correspond à mon caractère : de l’aventure mais de façon très raisonnable.
C’est dans cet état d’esprit que je
pratique la montagne et c’est dans cet état d’esprit que nous avons fait
MICROSCOPE.
(Gilles Metris au micro au siège du CNES) |
Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
Space Quotes - Souvenirs d'espace
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