samedi 4 janvier 2014

Les nouvelles salles du Mission Control Center à Houston


La salle Mission Control (Flight Control Room ou FCR) affectée aux vols de la navette spatiale, ne servait plus depuis l’arrêt du programme navette avec le dernier vol STS-135 / Atlantis en juillet 2011.

Cette salle se trouve au Johnson Space Center du Christopher C. Kraft Mission Control Center (Building 30) plus connu sous son nom d’origine MCC (Mission Control Center).

 
Une rénovation complète et totale de cette salle a commencé au début de l’année 2013.
Les célèbres ‘’consoles bleues’’ ont été retirées et remplacées par des postes de travail en bois.
Il a fallu près de 10 mois pour la rénover.
La salle est baptisée maintenant MCC-21 (21 pour 21ème siècle).
Elle sera prochainement prête pour le contrôle des futurs vaisseaux et missions de la NASA.

 
Le MCC comporte plusieurs salles de contrôle de vol nommées FCR-1, FCR-2, et les FCR Rouge, Blanche et Bleue (Red, White et Blue).

A l’origine, lors de l’ouverture du MCC, les salles de contrôle étaient appelées MOCR (Mission Operation Control Room), puis se sont appelées FCR à partir de STS-5 en 1983.

FCR-1 (Flicker One) est une ancienne salle Apollo qui a été reconfigurée pour les missions de l’ISS.
FCR-2 est aussi une salle qui a géré les missions Apollo et qui a été conservée telle quelle lors de la mission Apollo 11.
FCR Rouge est actuellement une salle qui sert à la formation des contrôleurs et directeurs de vol.
FCR Bleue a servi pour les opérations de l’ISS jusqu’en 2006 avant d’être remplacée par la FCR-1.
FCR Blanche a été mise en service en 1995 pour les vols de la navette et a fonctionné jusqu’à la dernière mission STS-135.

 
C’est donc la FCR Blanche qui a été rénovée.
L’écran de contrôle central est maintenant plus grand et occupe plus de place.
Les logos des missions spatiales qui ornaient les murs de la FCR Blanche, avaient été enlevés en attendant les travaux de peintures et réinstallés maintenant sur les murs.
Même si l’écran central est plus grand, on peut remarquer que les postes de travail sont équipés de beaucoup plus d’écrans (plats) qu’avant.
Les consoles en bois remplacent donc les massives consoles bleues et les angles arrondis accentuent l’esthétisme, le sérieux et une vision du futur, qui est le rôle de cette salle.
 
Fin août 2013, un premier essai d’allumage des écrans de la nouvelle salle MCC-21 a été effectué avec succès.
 
La nouvelle salle, devant servir pour les vols Orion et les missions au-delà de l’orbite basse, va dans un premier temps être affectée temporairement à l’ISS courant 2014, en reprenant les activités de la FCR-1, qui sera également rénovée quasi à l’identique à la FCR Blanche.

La FCR Bleue a déjà subi des rénovations et des transformations, et se prépare au premier lancement d’Orion en septembre 2014 avec le vol Orion Exploration Flight Test 1 (EFT-1).


La même salle avec les fameuses consoles bleues en septembre 2012


La FCR Bleue, prête pour le premier vol d'Orion en septembre prochain




 
Petite Histoire du Mission Control Center

 On le connait tous sous le nom de ‘’Houston’’, qui est son indicatif radio.

 Au début du programme spatial américain, le Mission Control se trouvait en Floride, au Cape Canaveral Missile Test Annex (building 1385).

 
C’est de là qu’ont été gérés tous les lancements Mercury, ainsi que les deux premières missions Gemini (inhabitées) et le premier vol habité Gemini, Gemini 3.
Le bâtiment qui l’abritait a été détruit en mai 2010.
Une partie du matériel a été récupéré et une partie de la salle a été recréée au KSC (Debus Center).

(John Hodge lors de la mission Gemini 3, la dernière mission gérée depuis Cape Canaveral)

C’est donc à partir de 1965, au Manned Spacecraft Center (comme s’appelait le Johnson Space Center jusqu’en 1973) que le Mission Control Center (MCC) est entré en service.
C’était en juin 1965 pour la mission Gemini 4.

Il y avait à l’époque, deux salles, baptisées MOCR-1 et MOCR-2 :

- MOCR-1 a servi pour les missions Apollo 7, Skylab et Apollo-Soyouz. Elle se trouvait au 2ème étage.
- MOCR-2 a servi pour tous les vols Gemini, Apollo (sauf Apollo 7). Elle était située au 3ème étage.

Devenues par la suite FCR-1 et FCR-2 (voir plus haut) en 1983, les deux salles ont servi pour le programme navette également.
FCR-1 (ex MOCR-1) est devenue la salle principale des vols navette.
FCR-2 a servi essentiellement pour les missions navettes dédiées au DoD (Department of Defence).

(Apollo 11)
(Apollo 13)
(Apollo 17)
(Dernière mission Skylab)
En 1992, une extension du MCC est commencée.
Cette extension de 5 étages (Building 30 South) devint opérationnelle en 1998, et trois nouvelles salles de contrôle sont affectées au programme navette : Rouge, Bleue et Blanche.

Toujours en 1992, la FCR-2 va commencer à se modifier, tout en restant opérationnelle.
La salle, ou plutôt la partie ancienne du bâtiment où elle se trouve, est déclaré ‘’Patrimoine national’’ en 1985, et donc on commence à la remettre dans la configuration telle qu’elle était lors de l’alunissage d’Apollo 11 et des autres missions Apollo lunaires.
Entrer dans le ‘’Saint des Saints’’ est hélas très rare. On peut voir la salle depuis les tribunes en arrière qui accueillait la famille ou les journalistes, derrière une vitre, lors d’une visite du Space Center de Houston pendant le tour de visite appelé ‘’Level 9’’.
Parfois, on a le privilège de pouvoir y entrer et de s’asseoir à une des consoles de cette salle historique.



Le MCC est aussi le Mission Control de l’ISS depuis 1998.

La première salle s’appelait Salle SVO (Special Vehicles Operation Room), puis la FCR Bleue a pris le relais juqu’en 2006 avant d’être remplacée par la FCR-1 entièrement rénovée et dédiée à l’ISS.

Le 14 avril 2011, le MCC a été rebaptisé Christopher C. Kraft Mission Control Center en hommage au premier Flight Director Chris Kraft, qui est aussi le ‘’père’’ de Mission Control (un prochain article lui rendra hommage).

(Chris Kraft lors de la cérémonie / crédit : NASA)
 
Il faut savoir aussi que des salles de secours se trouvent aussi au KSC, à Huntsville, au Marshall Space Flight Center et au Goddard Space Flight Center. N’oublions pas que Houston se trouve dans un état à haut risque de tornades.

 
La répartition des consoles

Mercury
Lors des vols Mercury, les missions étaient de courtes durées et la cabine Mercury était relativement simple à gérer, ce qui explique la ‘’sobriété’’ du Mission Control d’alors.

Il ne fallait que 3 rangées de contrôleurs pour s’occuper de ces missions :

- Sur la 1ère rangée, se trouvait BOOSTER, le médecin, le Capcom, et Retro, Fido, Guido
- Sur la 2ème, il y avait EECOM (appelé Environmental à l’époque), le responsable Procédures de vol, le responsable Systèmes de vol, le responsable Réseau, et le Flight Director.
Lors des vols Mercury, il n’y avait qu’un Flight Director, qui était Chris Kraft (qui sera aidé par John Hodge lors du vol longue durée de Copper avec Faith 7).
- Sur la 3ème, se trouvaient des personnalités de la NASA et du programme en cours ainsi que du DoD. On trouvait aussi le PAO (Public Affairs Office) qui était la voix de la NASA pour le public et les médias.

A l’époque, Walt Williams, directeur des Opérations et Shorty Powers en tant que PAO, étaient présents dans cette 3ème ligne.


 
Gemini à Apollo-Soyouz

A partir de Gemini 4, les MOCR possédaient 4 rangées :

- Sur la 1ère, baptisée ‘’the Trench’’ (la tranchée) par le Retro John Llewellyn, se trouvait BOOSTER, Retro, Fido et Guido.
- Sur la 2ème, il y avait le médecin, EECOM, et le Capcom d’un côté, et plusieurs contrôleurs surveillant les éléments du lanceur, d’Agena, des capsules Gemini, Apollo, Skylab et ASTP de l’autre : c’était par exemple INCO, Egil, Telmu, etc…).
- La 3ème comprenait le PAO, Procédures, FAO (Flight Activities Officer) ainsi que le Flight Director et son adjoint.
- La 4ème était composée du Directeur du Johnson Space Center, du Directeur des Opérations de vol, du Chef des astronautes et d’un officier du DoD).

C’est à partir de cette époque qu’il y eu plusieurs Flight Director qui avaient chacun une équipe de contrôleurs de vol. Chaque équipe avait un nom, de couleur (Or, Blanche, Noir, Marron, etc …/ cela fera l’objet d’un prochain article).

(Les 4 premiers Flight Directors : Glynn Lunney, John Hodge, Gene Kranz et Chris Kraft)
 
Navettes, ISS

Il y avait et il y a 5 rangées de 3 consoles :

- 1er rangée : ADCO, THOR, FALCON
- 2ème rangée : ECLES (prononcer Eecklis) et ROBO
- 3ème rangée : ODIN, ACO (si amarrage navette) ou CIO, Ops Plan
- 4ème rangée : CATO, Vol, Flight Director, Capcom
- 5ème rangée : RIO, EVAN VVO, FDO et Médecin

Le PAO se trouve au fond à droite derrière le médecin

(Le président Ronald Reagan au MCC parlant avec l'équipage de STS-2)

 (Crédit Photos : Stéphane sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace sauf mentions contraires)


mardi 31 décembre 2013

Interview d'Alain Ducasse, grand chef cuisinier



Alain Ducasse est un des plus grands chefs cuisinier au monde.

Il a été trois fois Trois Etoiles (Guide Michelin) avec trois restaurants :

- Le Louis XV à l’Hôtel Paris à Monte-Carlo (1990)
- Le Alain Ducasse au Plaza Athénée à Paris (1997)
- Le Alain Ducasse au The Dorchester à Londres (2010)


‘’Mon centre de gravité, c’est la cuisine. Je suis donc un cuisinier heureux !

Mon terroir mental est la réunion du Sud-Ouest d’où je viens et de la Méditerranée qui m’a séduit très tôt. Mais je suis aussi un cuisinier curieux et émancipé : mes racines me portent mais ne doivent en aucun cas m’attacher. Je voyage donc beaucoup, toujours à l’affût de nouvelles découvertes.’’


Il y a quelques jours, le 4 décembre 2013, à l’Hôtel Meurice à Paris, la célèbre société bretonne PME Jean Hénaff, située à Pouldreuzic dans le Finistère, a reçu un très convoité certificat du CNES, l’autorisant à élaborer des plats spéciaux destinés aux astronautes de la Station Spatiale Internationale, et qui seront concoctés par le chef Alain Ducasse.
(voir article sur Space Quotes - Souvenirs d'espace ici : http://spacemen1969.blogspot.fr/2013/12/2014-la-societe-henaff-senvole-vers-liss.html)

Ces plats sont mis en œuvre dans le cadre du programme ‘’Special Event Meal – SEM’’.

Ce programme SEM est mis en œuvre par le CADMOS (Centre d’Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales situé à Toulouse) et par Ducasse Education Formation et Conseils (du groupe Alain Ducasse), qui ont initié ce programme en 2004.
Ce programme est chargé de fournir aux astronautes des repas de qualité pour célébrer des évènements particuliers, et surtout devant répondre aux exigences de l’alimentation en milieu spatial.

En 2014, il y aura 2 000 plats individuels conçus par les chefs de Ducasse Education Formation qui seront livrés au CNES. Ils ont été concoctés à partir de 25 recettes (voir sous l’interview).

 

Le site du Groupe Alain Ducasse : www.alain-ducasse.com

 
Interview effectuée en décembre 2013

 
Mr Ducasse, pourquoi avoir accepté ce défi de concevoir et de composer des plats pour les astronautes de l'ISS ?
Il y a des défis qui ne se refusent pas, surtout par quelqu’un comme moi qui aime beaucoup les relever !
Mais je n’ai pas accepté juste par goût de la performance gratuite. Cette expérience a été – et reste – très enrichissante, à la fois sur le plan technique et sur le plan culinaire.

C’est une magnifique occasion de réfléchir à la façon de se nourrir aujourd’hui.  

A quelles contraintes avez-vous dû faire face et comment avez-vous procédé pour y remédier ?
Les contraintes étaient nombreuses et surtout tout à fait nouvelles pour nous.

Certes, nous avons l’habitude des normes d’hygiène et de sécurité dans nos cuisines. Mais je peux vous dire que, si ces contraintes sont draconiennes sur Terre, elles le sont bien plus dans l’espace.

Par exemple, il faut que les mets ne soient pas trop secs pour éviter que des miettes se forment et soient inhalées par les astronautes ou aillent s’introduire dans les instruments de bord.

Il ne faut pas non plus qu’ils soient trop humides pour éviter la formation de bulles qui sont également dangereuses pour l’organisme. Et la présence de bactéries est totalement proscrite pour des raisons sanitaires évidentes.

Quels types de plats avez-vous conçu ?
La carte est très longue puisqu’il y a presque trente plats – œuf, viande, poisson, légumes, céréales et bien sûr dessert.

Je me suis permis quelques clins d’œil à mon Sud-ouest natal avec du poulet des Landes et du magret de canard.

J’ai aussi voulu évoquer la cuisine de la Méditerranée qui m’est si chère avec un dos d’espadon façon Riviera et un saumon accompagné de citron confit de Menton. Et nous proposons une demi-douzaine de desserts, depuis le gâteau au chocolat jusqu’au mille feuilles de fruits frais.     

A titre personnel, aimeriez-vous, vous même aller dans l'espace et pourquoi ?
J’avais prévu de faire un vol parabolique pour avoir une expérience de l’apesanteur mais le projet n’a finalement pas pu se réaliser.
Il ne me reste plus qu’à attendre le premier habité vers Mars ! Je pourrais peut-être y ouvrir un restaurant ?
 
Avez-vous un souvenir de la mission Apollo 11 et du premier homme sur la Lune ?
Le 20 juillet 1969, j’avais presque 13 ans.
C’était un dimanche soir, toute la famille était réunie devant la télévision pour voir les images de Neil Armstrong et Edwin Aldrin.
Nous étions tous fascinés, comme les quelques centaines de millions de Terriens qui voyaient le spectacle.


Voici les 25 plats concoctés et qui seront conçus :

Muesli
Cheese Cake
orceaux de Pommes Fondantes
Céleri Rave en délicate purée
Gâteau au chocolat
Caponata
Carottes Fanes
Gâteau de semoule aux abricots secs
Gâteau d’Omelettes, Tomates et Herbes
Saumon, citron confit de Menton
Magret de canard confit, condiment aux câpres
Cailles rôties
Dos d’Espadon façon riviera
Volaille épicée, sauté de légumes à la thaï
Effiloché de volaille en Parmentier
Millefeuilles de fruits frais
Epaule d’agneau confit à la sauge, orge perlé, tomates confites
Volaille jaune des landes cuisinée comme une poule au pot, sauce suprême
Homard Breton, quinori bio aux algues, condiment citron de menton
Saumon d’écosse, tomates confites et aubergines grillées
Joues de Boeuf façon Bourguignon, carottes et champignons
Légumes, réduction d’un sirop de tomates de Marmande épicé
Oeuf bio en cocotte, condiment basquaise
Filet de maigre, pommes de terre à la fourchette, piquillos et piment d’Espelette
Crémeux au citron cuit au four

jeudi 19 décembre 2013

19 décembre 2013 - Le satellite Gaia en route pour cartographier notre galaxie

Ce matin, il y a trois heures, à 10h12 (heure de Paris), le satellite Gaia s’est envolé depuis le Centre Spatial Guyanais à Kourou.
Il a été lancé par un lanceur Soyouz-Frégat VS06.


(Crédit : ESA)

Le Satellite Gaia est dédié à une mission astrométrique développée par l’ESA.

C’est une mission qui sera consacrée à la cartographie en 3D, à la mesure, à la distance ainsi que du mouvement de plus de 1 milliards d’objets célestes de notre galaxie (soit environ 1% de la Voie Lactée).

 
Sélectionné en 2000 par l’ESA dans le programme Horizon 2000+, Gaia succède au satellite Hipparcos lancé en 1989. La durée de la mission est de 5 ans.

Gaia doit son nom à l’acronyme d’origine : Global Astrometric Interferometer for Astrophysics, même si l’interférométrie initialement prévue a été abandonnée.

Le maître d’œuvre de la construction de Gaia est EADS / Astrium avec la participation d’une trentaine de sociétés d’une quinzaine de pays européens et des Etats-Unis.

Le chef du programme est Giuseppe Sarri.

Il y a deux logos pour cette mission. Le premier, l’original, est celui conçu par l’ESA. Le second, a été conçu pour l’équipe du programme par Joël Schopfer, étudiant en arts graphiques en Suisse et neveu d’Ared Schnorhk, le responsable intégration de Gaia sur le lanceur.

 
Gaia pèse deux tonnes réparties avec une plateforme de 920 kg, 710 kg de charge utile, 335 kg d’ergols et 60 kg de gaz.

Gaia a la forme d’un prisme hexagonal de 3,50 mètres de haut pour 3,00 mètres de diamètre. Avec le pare-soleil, le diamètre est de 10,5 mètres.

Architecture de Gaia


 La plateforme est une sorte de cylindre d’un mètre de haut pour 3 de diamètre. Elle possède tous les équipements chargés de faire fonctionner le satellite :

- Système de propulsion à ergols liquides constitué de 8 petits moteurs-fusées
- Système de propulsion à gaz froid (azote) chargé des corrections d’orbite
- Des panneaux solaires d’une puissance de 1,91 kW d’énergie toujours dans la direction du soleil
- Un ordinateur de bord avec un microprocesseur ERC32. Celui-ci possède un PDHU (Payload Data Handling Unit) qui stockera les données et les images des télescopes
- Contrôle d’attitude et d’orientation d’une précision incroyable et ne générant aucunes vibrations. Pour cela, trois gyromètres à fibre optique remplacent les gyroscopes mécaniques traditionnels. Le contrôle d’attitude est complété avec des viseurs d’étoiles et avec trois capteurs solaires de grande précision
- Une antenne à moyen gain pour transmettre les données, et de forme spéciale pour éviter les vibrations.

Le pare-soleil est déployable et entoure la base du satellite. Constitué de 12 panneaux isolants portant le diamètre à 10,5 mètres qui se développeront en orbite grâce à des ressorts et moteurs électriques, ce pare-soleil dot maintenir le satellite constamment à l’ombre.

Avec celui-ci, une sorte de ‘’tente thermique’’ en fibre de carbone protège aussi la charge utile des micrométéorites et des rayons cosmiques.

La charge utile se trouve dans un cylindre de deux mètres de haut pour 3 mètres de diamètre. C’est là que se trouve tous les instruments dont Gaia aura beson pour remplir sa mission :

Deux télescopes observant dans deux directions différentes formant un angle de 106,5°. Le plan focal commun fait que les images arrivent avec une taille de 1,0 x 0,5 mètre, soit 1 milliard de pixels (4500x1966 pixels pour 106 CDD).

Trois autres instruments, utilisant le plan focal commun (voir ci-dessus) sont placés sur le chemin de la lumière récoltée par les télescopes :

- Instrument astrométrique AF dédié à la mesure angulaire des étoiles de magnitude 5,7 à 20
- Instrument spectrophotométrique qui utilise deux prismes pour l’acquisition des spectres d’étoiles
- Spectromètre haute résolution permettant de mesurer la vitesse radiale des étoiles

(Crédit Photos : Space Quotes - Souvenirs d'espace / Stéphane Sebile)
 
La mission

 Gaia est lancé par un Soyouz-Fregat qui doit lui permettre de rejoindre les environs du point de Lagrange L2 en 30 jours. Gaia sera ainsi placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre. Cette position permet ainsi à Gaia d’être en équilibre ‘’quasi parfait’’ entre l’orbite terrestre et l’orbite solaire, et ainsi de pouvoir accompagner la Terre dans son périple autour du Soleil (sur une orbite appelée Lissajous).

 
Sa mission scientifique est prévue pour au moins 5 ans sans discontinuer.

Les observations de Gaia de notre Voie Lactée permettront : 
 
- D’étudier la formation de notre galaxie et l’évolution de celle-ci
- D’étudier la structure spatiale et cinématique de toutes les parties de notre galaxie
- Détermination de l’âge des étoiles et l’âge des plus vieux objets
 
Gaia va également détecter de nombreuses planètes extrasolaires par une observation dite de ‘’transit’’ et pourra peut-être mesurer les caractéristiques de certaines d’entre elles (on parle jusqu’à 65 000 planètes extrasolaires détectées par Gaia).
 
Gaia observera également plusieurs milliers d’astéroïdes situés dans la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Par contre, Gaia ne pourra pas observer beaucoup d’objets de la ceinture de Kuiper. Mais Gaia pourra la plupart des astéroïdes troyens situés entre Jupiter et Saturne.
 
Les données scientifiques sont transmises 11 heures par jour à la station de réception terrestre de Cerrebros en Espagne sur une antenne de 30 mètres de diamètre. Et ensuite transmises à l’ESAC (European Space Astronomy Centre) à Villafranca près de Madrid, qui les transmettra aux scientifiques du programme Gaia.
 
Gaia est contrôlé depuis l’ESOC (Centre Européen des Opérations Spatiales) situé à Darmstadt en Allemagne.

(Les missions ESA dans l'observation du spectre)
 

 

lundi 16 décembre 2013

2014 - La Société Hénaff s'envole vers l'ISS



(Crédit : Ducasse / Hénaff / CNES)

Il y a quelques jours, le 4 décembre 2013, à l’Hôtel Meurice à Paris, la célèbre société bretonne PME Jean Hénaff, située à Pouldreuzic dans le Finistère, a reçu un très convoité certificat du CNES, l’autorisant à élaborer des plats spéciaux destinés aux astronautes de la Station Spatiale Internationale, et qui seront concoctés par le chef Alain Ducasse.

Pour cette occasion, le directeur de la société PME Jean Hénaff, Loïc Hénaff, était entouré de Lionel Suchet, le directeur-adjoint du Centre Spatial du CNES à Toulouse, et des astronautes français Michel Tognini et Jean-Pierre Haigneré.

Le ‘’précieux’’ certificat remis par Lionel Suchet est une reconnaissance des compétences de la société Hénaff qui ont été mis en œuvre dans le cadre du programme ‘’Special Event Meal – SEM’’.

(Loïc Hénaff et Lionel Suchet lors de la remise du certificat
Crédit Photo : APL / Le Télégramme)

Ce programme SEM est mis en œuvre par le CADMOS (Centre d’Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales situé à Toulouse) et par Ducasse Education Formation et Conseils, qui ont initié ce programme en 2004.

Ce programme est chargé de fournir aux astronautes des repas de qualité pour célébrer des évènements particuliers, et surtout devant répondre aux exigences de l’alimentation en milieu spatial.

C’est en 2011 que la PME Jean Hénaff, grâce à l’agrément USDA (référence fiabilité des modes de fabrication) rejoint le programme.

Cet agrément est requis par l’administration américaine et il y a très peu d’entreprises françaises qui le possèdent.

C’est dans son département Recherche et Développement, situé à Pouldreuzic, qu’ont été préparés ces plats ‘’spatiaux’’.

En 2014, il y aura 2 000 plats individuels conçus par les chef de Ducasse Education Formation qui seront livrés au CNES. Ils ont été concoctés à partir de 25 recettes (voir plus bas).


Il fallait régler absolument les étapes clés, pour la société bretonne.

En premier, le sertissage parfait des boites en aluminium ultra léger, afin de garantir une étanchéité absolue.

En second, l’appertisation qui préserve, selon le format de la boite et de ses ingrédients, le réglage avec précision du chauffage, au niveau du temps et de la température.

L’objectif de ces deux étapes clés, qui ont conduit à la certification, est de préserver bien sûr, les propriétés gustatives et nutritives de ces plats. Les astronautes retrouveront toutes les saveurs de la terre et le plaisir du goût. Et bien sûr, sans contaminations quelles qu’elles soient.

En plus de ces deux étapes clés, il fallait aussi respecter les ‘’charges’’ du programme (d’après le programme) :

- De respecter la sécurité et l’hygiène avec des résultats microbiologiques parfaits, soit le zéro bactérie,
- D’obtenir un faible taux d’humidité résiduel pour ne pas générer des bulles de liquide flottant dans la station,
- De ne pas générer des miettes trop sèches qui pourraient être inhalées… tout en conservant toutes les qualités organoleptiques d’un plat de qualité.

Depuis 2004 la branche Formation et Conseils de Ducasse Education collabore avec le CNES et l’ESA pour la création d’une gamme complète de repas goûteux, équilibrés, diététiques et nutritifs destinés aux astronautes. 25 recettes ont été certifiées et qualifiées pour la Station Spatiale.

Ces "repas français", selon l’expression russe, complètent la nourriture quotidienne fournie par les Russes et les Américains, les seuls accrédités dans les protocoles internationaux. Toutefois, la proposition française ne concerne pas uniquement les repas exceptionnels, dits «Special Event Meals», dégustés lors d’événements particuliers, comme les relèves d’équipage ou à l’occasion d’une sortie extravéhiculaire, ces repas sont également utilisés lors de protocoles scientifiques de nutrition comme par exemple pour l'expérience française Energy suivie par le CADMOS au CNES.

L’association des 3 partenaires, bien rôdée aujourd’hui, a fait ses preuves et permet d’inscrire ce programme hors du commun dans la durée.

«Le projet pédagogique initié à Souillac est devenu une activité professionnelle de haute qualité répondant à un double objectif scientifique et opérationnel. Grâce à l’excellence de nos partenaires reconnus internationalement, nous avons maintenant tous les agréments nécessaires pour faire voler ces plats sur la Station Spatiale Internationale, tout en permettant à la culture française d’être présente et appréciée au-delà de l’atmosphère terrestre», selon Lionel Suchet.

Voici les 25 plats concoctés et qui seront conçus :

Muesli
Cheese Cake
Morceaux de Pommes Fondantes
Céleri Rave en délicate purée
Gâteau au chocolat
Caponata
Carottes Fanes
Gâteau de semoule aux abricots secs
Gâteau d’Omelettes, Tomates et Herbes
Saumon, citron confit de Menton
Magret de canard confit, condiment aux câpres
Cailles rôties
Dos d’Espadon façon riviera
Volaille épicée, sauté de légumes à la thaï
Effiloché de volaille en Parmentier
Millefeuilles de fruits frais
Epaule d’agneau confit à la sauge, orge perlé, tomates confites
Volaille jaune des landes cuisinée comme une poule au pot, sauce suprême
Homard Breton, quinori bio aux algues, condiment citron de menton
Saumon d’écosse, tomates confites et aubergines grillées
Joues de Boeuf façon Bourguignon, carottes et champignons
Légumes, réduction d’un sirop de tomates de Marmande épicé
Œuf bio en cocotte, condiment basquaise
Filet de maigre, pommes de terre à la fourchette, piquillos et piment d’Espelette
Crémeux au citron cuit au four

 
Interview de Loïc Hénaff, directeur de la société Hénaff, pour Space Quotes – Souvenirs d’espace
 
Mr Hénaff, pourquoi avoir accepté ce défi de concevoir et de composer des plats pour les astronautes de l'ISS ?
L’entreprise JEAN HENAFF est très fière de ce partenariat avec Alain Ducasse et le CNES.
Cela nous permet de démonter notre capacité à répondre aux cahiers des charges les plus exigeants qui soient tout en apportant notre pierre à l’édifice pour porter haut la gastronomie française.
En effet la solution de facilité eût été pour Monsieur Ducasse de réaliser ces plats aux USA mais il a souhaité que ce soit une entreprise Française qui les fabrique.
 
A quelles contraintes avez-vous dû faire face et comment avez-vous procédez pour y remédier ?
L'espace exige du zéro défaut quelles que soient les contraintes.
Les produits doivent être très très bons et parfaitement sûrs. Ce qui exige une parfaite maîtrise de la stérilisation. En effet faire des produits sûrs est assez simple, il "suffit" de les "sur-stériliser". Mais ici il s'agit de faire des plats gastronomiques.
Il faut donc développer une grande maîtrise de la stérilisation plat par plat, recette par recette tout en conservant les hautes qualités organoleptiques, un vrai défi.
 
Quels types de plats avez-vous conçu ?
Les plats ont été conçus par les équipes de Monsieur Ducasse.
On y trouve des entrées, des plats et des desserts dignes d'un très grand restaurant.
Notre mission a été de dresser ces plats dans des boîtes de conserves en forme de coupelles plutôt que sur des assiettes !
 
A titre personnel, aimeriez-vous, vous même aller dans l'espace et pourquoi ?
A titre très personnel je doute avoir le cran nécessaire pour une telle aventure.
Au-delà des autres contraintes je crois qu'il faut avoir une énorme confiance dans la technique déployée et un courage hors du commun.
Je me tourne plutôt vers d'autres lieux inexplorés, sous-marins par exemple.
 
Avez-vous un souvenir de la mission Apollo 11 et du premier homme sur la Lune ?
Non, je n'étais pas né ! Mais je me souviens extrêmement bien du décollage de Columbia en 1981. J'avais d'ailleurs une maquette du lanceur dans ma chambre...
 

 
Sources :
(D’après l’article de Le Télégramme du 5 décembre 2013 par Samuel Ribot de l’ALP)

Forum Pionniers de l’Exploration Spatiale
http://spatiopionniers.forumactif.org/t4-la-bretagne-s-invite-dans-l-espace

Communiqué de Presse PME Jean Hénaff)