Je vous propose une interview/entretien qui va vous permettre de connaître un peu plus et un peu différemment Jean-Yves Le Gall, le Président du CNES / Centre National d'Etudes Spatiales.
Jean-Yves Le Gall est ingénieur et docteur en optique diplômé de l'Ecole Supérieure d'Optique (aujourd'hui Institut d'Optique Graduate School / IOGS). A ses débuts, il a travaillé notamment sur les satellites Hipparcos lancé en 1989 et le télescope spatial ISO lancé en 1995.
Il rejoint le CNES en 1993 et devient le directeur général de sa filiale Novespace (vous savez, avec le Zero G), puis en 2001, il est directeur général d'Arianespace.
En avril 2013, Jean-Yves Le Gall est nommé comme Président du CNES. Poste qu'il occupe toujours aujourd'hui.
En septembre 2016, Jean-Yves Le Gall devient également le Président de la Fédération Internationale de l'Astronautique (IAF) et en juillet 2017, il est nommé président du conseil de l'ESA.
Interview réalisée en avril 2019
Monsieur Le Gall, pourquoi avoir choisi de travailler dans le spatial ? Qu'est-ce qui vous a motivé pour choisir cette voie ?
J'avais 10 ans lorsque les astronautes d'Apollo 11 ont marché sur la Lune. Je pense que beaucoup d'enfants qui avaient 10 ans à l'époque voulaient devenir astronaute.
J'ai certainement manqué d'imagination... Certains ont choisi d'autres voies et moi, je suis resté fidèle au spatial.
Pourquoi avoir accepter de présider le CNES ?
Grâce au CNES, la France est l'une des plus grandes puissances spatiales, tant au niveau technique que politique.
Le CNES a aujourd'hui un portefeuille d'activités particulièrement impressionnant : lanceurs, satellites, applications, innovations, climat, exploration, militaire...
Je suis arrivé en pleine période de transformation et je ne cesse d'être impressionné par la compétence, l'engagement et la réussite des collaborateurs du CNES.
Il fau le dire, grâce à eux, la France et l'Europe font la course en tête pour les satellites de défense, de recherche ou encore dans la lutte contre le changement climatique...
Et le CNES est aussi sur Mars, ce qui me fait dire qu'aujourd'hui, le CNES, c'est ''The place to be'' !
Quel est le souvenir de votre carrière spatiale le plus marquant ? Et celui dont vous êtes le plus fier ?
Malheureusement, les souvenirs, il commence en y en avoir beaucoup...
Je ne sais pas s'il y en a un de particulier. Dernièrement, il y a eu l'atterrissage d'Insight-SEIS sur Mars. On ne va pas sur Mars tous les jours...
Il y a aussi la qualité extraordinaire des images de CSO (lancé en décembre dernier = ndlr) qui montre que nos ingénieurs repoussent toujours plus loin les limites de la physique...
(Philippe Lognonné, le responsable de l'instrument SEIS et Jean-YvesLe Gall lors de l'atterrissage d'Insight) |
Il y a aussi la qualité extraordinaire des images de CSO (lancé en décembre dernier = ndlr) qui montre que nos ingénieurs repoussent toujours plus loin les limites de la physique...
Le retour en vol d'Ariane 5 ECA en 2005 après 27 mois d'interruption (échec de son premier vol en décembre 2002 = ndlr) a été aussi un grand moment. Nous étions sur le fil du rasoir, et cela a été unne charge émotionnelle très importante (Jean-Yves Le Gall était alors Directeur Général d'Arianespace = ndlr).
Et quand je pense Ariane, je ne peux m'empêcher de penser aussi au premier lancement d'Ariane 1 dont nous allons fêter les 40 ans cette année.
Vous êtes toujours en déplacement aux quatre coins du monde. Comment faites-vous pour ne pas être fatigué ou ne pas avoir l'air fatigué ?
Je dors beaucoup, je ne bois pas d'alcool et je ne mange pas plus que de raison.
Quand je monte dans un avion, en général, je m'endors quasiment sur commande. Mais comme tout le monde, il m'arrive d'être fatigué. Et la, je ne dors pas sur commande (rires...).
A quoi avez-vous pensé lorsque vous avez-vu les premiers pas de l'homme sur la Lune ?
J'avais dix ans. C'tait quelque chose extraordinaire. La Lune, on la voit. On peut la voir.
Je regardais la Lune dans le ciel en me disant : Je la vois et des hommes marchent dessus ! C'était sidérant !
On n'a plus fait depuis, quelque chose d'aussi fort ! Marcher pour la première fois sur la Lune est certainement l'événement le plus fort en termes de force émotionnelle. On ne refera plus jamais cela...
On y retournera, mais cella ne sera pas du tout comme la première fois. Même le lancement du premier satellite, du premier homme dans l'espace, et je ne minimise en rien l'exploit de nos amis russes, n'ont pas apporté la charge émotionnelle véhiculée par les premiers pas de l'homme sur la Lune.
On y retournera, mais cella ne sera pas du tout comme la première fois. Même le lancement du premier satellite, du premier homme dans l'espace, et je ne minimise en rien l'exploit de nos amis russes, n'ont pas apporté la charge émotionnelle véhiculée par les premiers pas de l'homme sur la Lune.
Qu'est-ce qui vous motive encore ? On n'est pas un peu ''blasé'' après des dizaines et dizaines de lancements ?
Non. Pas du tout. Le spatial change !
Ce qui se fait aujourd'hui est différent de ce qui s'est fait hier et de ce qui se fera demain.
Le spatial est devenu global, notre activité est de plus en plus diversifiée et il y a de plus en plus d'acteurs venus de tous les milieurx.
C'est ce qui fait que c'est extrêmement motivant et passionnant !
Avez-vous un hobby ? Que faites-vous lorsque vous ne faites pas de spatial ?
Je n'ai pas de hobby particulier. Mais je prends un réel plaisir à rencontrer des gens nouveaux, à découvrir de nouvelles cultures, des activités différentes et le fait de voyager me permet cela.
J'écoute aussi beaucoup de musiques du monde et je vais au concert quand je le peux.
A titre personnel, aimeriez-vous aller dans l'espace ? Et pourquoi ?
Oui, bien sûr car j'aimerais découvrir l'espace différemment qu'en réalité virtuelle, le découvrir autrement qu'en théorie.
Mais en même temps, je sais que je n'irai jamais. Parce que, outre des qualités physiques et psychiques exceptionnelles, il y a aussi une grande part de hasard et de circonstances pour devenir astronaute.
Et on ne peut pas compter que sur sa volonté pour y arriver. J'ai du mal à imaginer des gens qui ont rêvé d'être astronaute et qui ont gardé ce même rêve toute leur vie.
(Jean-Yves Le Gall et l'astronaute Thomas Pesquet) |
Si vous n'aviez pas été dans le spatial, qu'auriez-vous fait ?
Je voulais aussi être chanteur de rock. Mais Mick Jagger était déjà là...
Space Quotes - Souvenirs d'espace
Un grand merci à Jean-Yves Le Gall et au CNES (particulièrement à Raphaël)
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