100 YEAR
STARSHIP (100YSS)
Nous existons pour permettre à l’homme
d’avoir la capacité de se déplacer au-delà de notre système solaire, vers une
autre étoile, d’ici 100 ans.
(100YSS.ORG)
Le but de la fondation 100 YEAR STARSHIP
(100YSS) est clair. Menée par l’ancienne astronaute américaine Mae Jemison,
100YSS se consacre sans réserve à identifier tout ce qui pourrait permettre le
vol interstellaire d’ici 100 ans. On parle de vaisseau interstellaire
(starship) et non de vaisseau spatial (spacecraft).
Ce projet doit être une aspiration
mondiale.
Grâce à l’espace et à l’exploration
spatiale, de multiples avantages ont été tirés, ici sur Terre. Les technologies
créées et rendues possibles pour le spatial, font partie intégrante de notre
monde.
Le défi d’un voyage interstellaire
permettra d’avoir des connaissances et des technologies qui doivent profiter à
chaque nation. Cette initiative a pour but de stimuler le développement de
nouvelles technologies de propulsion, de développer des supports de vie, de développer
un vaisseau interstellaire, et tout ce qui peut rendre un voyage interstellaire
possible.
Mais le plus grand défi d’un tel voyage
n’est peut-être pas que technologique, il pourrait surtout être humain. Les
plus grandes difficultés pourraient être causées par l’homme lui-même.
Nous parlons bien, ici, d’un voyage en
dehors du système solaire. Vers une destination que ni l’homme ni la machine
(sonde) n’ont pour l’instant franchie.
L’homme n’a, à ce jour, pas été plus
loin que la face cachée de la Lune, et les machines pas encore dépassées les
confins du système solaire (même si la sonde Voyager 1 sortira du système
solaire en 2014 normalement).
La destination choisie devrait être une
nouvelle planète découverte autour de l’étoile Alpha Centauri B et qui se
trouverai à un peu plus de 4 années-lumière de la Terre.
Alpha Centauri est un système solaire
avec 3 étoiles et c’est le plus proche de la Terre (4,22 années-lumière
exactement). C’est là que James Cameron y a situé Pandora dans Avatar.
Cette nouvelle planète n’aura pas de
jungle, de ciel bleu, d’océans ou de terres, mais sera plutôt un monde
inhabitable, avec de la lave en fusion.
Mais faut bien commencer par aller
quelque part, et le plus proche de chez nous, c’est là ;-)
Nous pensons que poursuivre un
extraordinaire demain va créer un monde meilleur aujourd’hui.
(100YSS.ORG)
Ce mercredi 6 mars 2013, se tenait à
Bruxelles au Parlement Européen, dans le cadre du Global Challenge & Global
Collaboration (4 au 8 mars), un colloque consacré à ce projet et présenté par
la fondation 100YSS.
Cette conférence de près de 3 heures
était absolument passionnante et les intervenants de très très grande qualité.
Issus de milieux très différents, ce sont toutes et tous des experts dans leur
domaine et leur point de vue sur la préparation d’un tel vaisseau et d’un tel
vol était non seulement intéressant, mais permettait aussi de se questionner, et
surtout d’en apprendre beaucoup sur ce qui se faisait de mieux et de plus
pointu dans divers secteurs comme le spatial, la motorisation, la médecine,
l’anthropologie, l’éthique, etc…
La conférence était dirigée par Mae Jemison, inspiratrice de 100 Year
Starship, ancienne astronaute de la NASA qui a volé à bord de la navette
spatiale Endeavour lors de la mission STS-47 en 1992. Véritable ‘’star’’ aux
Etats-Unis, elle a inspiré et inspire encore beaucoup de personnes de par son
engagement pour l’accès au savoir et aux responsabilités des femmes. Elle est
la première femme de couleur dans l’espace.
Les conférenciers étaient :
(avec Mae Jemison à l'issue de la conférence) |
- Jill Tarter, astronome et
ancienne directrice du SETI. C’est de ses travaux qu’est largement inspiré le
personnage d’Ellie Halloway, de Contact (livre de Carl Sagan et personnage joué
par Jodie Foster dans le film). Créatrice aussi du terme ‘’Naine Brune’’.
- Pamela Contag,
microbiologiste et entrepreneuse.
- Kathryn Denning, professeur à
l’Université York au Canada, au département d’Anthropologie et d’études des
Sciences et Technologies.
- Ronke Olabisi, médecin
aéronautique et aérospatial (et de plein d’autres spécialités), membre de la
direction de la fondation 100YSS.
- Jennie
Yeung, spécialiste de l’éducation, des sciences, de la culture, de la santé
auprès des médias, de la presse, de l’ONU ou de l’UNESCO.
- Karl Aspelund, professeur à
l’Université de Rhode Island au département Textiles, Vêtements, Mode et
Design.
- Louis Friedman, ancien du JPL
et de la NASA, spécialiste de la navigation des sondes et vaisseaux spatiaux (a
travaillé sur les sondes Mariner, Venus Mercury, Voyager, Galileo, Viking …) et
est actuellement un des responsables de The Planetary Society qu'il a co-fondée.
- Gilbert Kirkham, attaché actuel
de la NASA en Europe à l’Ambassade américaine à Paris.
- Adam Heathfield, docteur en
chimie et travaillant chez le laboratoire pharmaceutique Pfizer en Grande-Bretagne.
- Dan Irwin, par audioconférence,
directeur du programme SERVIR de la NASA
- John Carter
McKnight,
professeur à l’Université de l’Arizona, spécialiste de l’éthique.
- Marc Millis, un des plus
reconnus et des plus grands spécialistes actuels de la propulsion en matière
spatial. Ancien de la NASA, il est le créateur de la fondation Tau Zero, dédiée
aux voyages interstellaires.
Voici un petit résumé de cette
passionnante conférence. Plusieurs interviews seront publiées dans les jours
qui viennent.
Crédit Photos : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace
Crédit Photos : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace
Le premier intervenant était Marc Millis qui nous a parlé des
conditions de vol et du pourquoi d’un voyage interstellaire.
Il y a certains paramètres à comprendre
et à dépasser afin de réaliser un voyage interstellaire :
(Ronke Olabisi, Mae Jemison et Marc Millis) |
· La
vitesse de la lumière est … lente, et il faudrait pouvoir aller plus vite
· Les
fusées ne sont pas des vaisseaux interstellaires
· Cela
demandera une prouesse énergétique
· Il
faudra penser à plein de choses avant concernant l’homme (la place de l’homme
dans l’univers, le transhumanisme, l’homme se laissera t-il ‘’dépasser’’ intellectuellement
par la machine pour certaines tâches, etc…)
Le voyage interstellaire a pour but
ultime de faire que l’humanité survivra au-delà du destin de la Terre.
Le voyage interstellaire est beaucoup
plus difficile qu’un voyage spatial classique que nous connaissons
actuellement.
Les distances, le temps, les besoins
énergétiques dépassent notre compréhension familière actuelle et il faut donc
penser au-delà.
Pour atteindre une planète en dehors de
notre système solaire, et surtout habitable, il va falloir des avances
révolutionnaires, qui changeront pour toujours notre façon de penser, de voir
les choses. Ce sera un vrai ‘’choc’’ sociétal. Le système de pensée changera
car il y aura une autre limite que notre Terre, d’autres règles pour les
passagers, bref un changement radical et complet.
Il faudra aussi penser autrement la
propulsion. Il faudra aller plus vite que la vitesse de la lumière (et repenser
Einstein). Pourrat-on créer des ‘’trous de ver’’, des courbures de l’espace (et
du temps) pour des voyages lointains ? Il faudra aussi penser aux pannes
avant même d’inventer la propulsion adéquate. Il faudra former ce qui deviendra
nos futurs pionniers et ingénieurs, donc faudra que le système éducatif inspire
les futures générations.
Pour résumer, il faudra trouver un
équilibre, un juste milieu entre :
· Aspect
visionnaire / Crédibilité de cet aspect
· Peu
familier / compréhensible
· Buts
à long terme / Progrès à court terme
· Options
divergentes / Options qui font l’unanimité
· Investissement
suffisant / Abordable
Jill
Tarter
nous a parlé des dernières découvertes en matière de planètes extra-solaires.
Nous en sommes déjà à 105 exoplanètes découvertes et il y a plus de 2 740
autres planètes candidates. Alpha Centauri est le système solaire le plus
proche de nous.
Nous sommes toujours à la recherche
d’une Earth 2.0.
Grâce au SETI et à la découverte de
nouvelles exoplanètes, nous pourrons peut-être répondre à la question que tout
le monde se pose : Y a-t-il des espèces intelligentes, avec de la technologie
dans l’univers.
(Ronke Olabisi, Mae Jemison et Jill Tarter) |
Louis
Friedman
vient nous parler des nouvelles technologies appliquées aux micros et nano
engins spatiaux (comme les satellites) ainsi que des voiles solaires. En
développant les technologies actuelles des voiles solaires par exemple, il
pourrait être possible de faire accélérer un vaisseau interstellaire qui
pourrait atteindre la Ceinture de Kuipers en 5 ans et d’atteindre les limites
de notre système solaire en 8-10 ans. On pourrait approcher la vitesse de la
lumière (voire la dépasser) si un vaisseau restait dans la région du soleil
pendant 25-30 ans. Il y a déjà dans les
‘’cartons’’ plusieurs projets d’essais dont un avec une flotte de 12 petits
vaisseaux qui seraient envoyés autour du soleil, et ce pour un prix très
raisonnable.
Ces nanosats et ces voiles solaires
seraient des précurseurs d’un futur vaisseau interstellaire.
(Ronke Olabisi, Mae Jemison et Louis Friedman) |
Kathryn
Denning :
Un Être Humain n’est pas un problème
technique !
L’être humain est conçu pour vivre sur
la Terre de façon optimale. On ne connait pas encore les effets d’un voyage
dans l’espace de très très longue durée, ou sur un autre monde, sur l’homme.
Notre organisme n’étant pas à l’origine
prévu pour des voyages interstellaires, il faudra trouver des solutions qui ne
seront pas inhumaines et qui ne violeront pas les droits de l’homme. Cette
problématique devra être étudiée, car elle concerne tout le monde, et pas
seulement les futurs voyageurs interstellaires. Ce qui se passe dans l’espace
ne reste pas dans l’espace. Les technologies, ou tout ce qui sera développé
autour de l’homme, son métabolisme et ce qui en sera fait pour des voyages
lointains, aura des répercussions sur Terre, et peut-être avec certaines
conséquences.
(Ronke Olabisi, Mae Jemison et Kathryn Denning) |
On ne peut pas savoir ce que nos
descendants feront ou ne feront pas, mais c’est justement pour cela que 100YSS
nous permet d’avoir cette occasion de parler, de penser, de ces sujets et qui
seront certainement bénéfiques pour un futur voyage.
De tout temps, l’humanité à voyager.
Depuis les premiers pas en Afrique, jusqu’à ceux sur la Lune. Il est tentant de
situer 100YS dans cette période. Mais nous devons aller au-delà. Nous devons
avoir de Nouvelles histoires de l’Espace. Il ne faut pas se focaliser sur la
période passée, mais penser à la période future. Afin de ne pas oublier qu’il
ya plein d’autres voies pour l’exploration spatiale et ne pas se contenter de
ce que l’on a déjà réalisé. Un voyage interstellaire sera une ‘’cassure’’ dans
la façon de voir les voyages spatiaux, qui affectera le monde entier.
‘’Les technologies de l’espace ont transformé
nôtre monde et continueront de le faire.
Nous devons parler des hommes dans l’espace :
aujourd’hui,
Demain et tous les jours dès maintenant.’’
Ronke
Olabisi
nous parle de la médecine dans l’espace, notamment pour les voyages
interstellaires. Nous apprenons qu’il existe des techniques pour réparer les os
et empêcher ainsi la décalsification et déminéralisation osseuse qui touche les voyageurs de l’espace.
Hydrogel, culture de cellules osseuses en microcapsules, etc… ainsi que d’autres
techniques seront nécessaires pour traiter les voyageurs interstellaires comme
les fractures, le cancer, le diabète, etc… Ainsi que plein de programmes
médicaux pour lutter contre les effets des radiations, télémédecine, etc…
(Mae Jemison, Ronke Olabisi et Jill Tarter) |
Pamela
Contag
nous parle du rapport inséparable entre les voyages interstellaires et la vie
sur Terre. Les voyages interstellaires ne sont pas dissociables de la vie sur
Terre. Il faudra comprendre les relations entre l’homme et les différents
écosystèmes. Il faudra comprendre comment l’organisme humain s’adaptera à une
vie dans un différent écosystème et l’adaptation à un nouvel écosystème. Nous
devons comprendre comment l’homme perturbe l’environnement, comment l’environnement
s’adapte à ces perturbations, et les interactions avec l’homme, la santé, et la
sauvegarde d’un écosystème.
Il faut penser à créer un ou plusieurs écosystèmes
adaptables sur un vaisseau interstellaire. Les voyageurs auront besoin d’un
écosystème. Les petits écosystèmes sont plus faciles à gérer que de très gros écosystèmes,
mais on peut penser que des petits écosystèmes s’intégreront dans de plus grands
écosystèmes. Le développement de ces écosystèmes serat aussi d’une grande
utilité sur Terre.
(Ronke Olabisi, Mae Jemison et Pamela Contag) |
Aucun système artificiel ne pourra remplacer un véritable
écosystème.
Il faudra aussi étudier l’interaction
des microbes dans un microenvironnement que représente un vaisseau
interstellaire. On ne peut pas éradiquer tous les microbes ou agents
pathogènes. Il faudra créer de nouveaux médicaments, vaccins, chimie, etc…
Il faudra aussi étudier les effets des
microbes en milieu fermé entre l’homme et les animaux qui seront emmenés dans
ce voyage.
Au final, un écosystème stable sur Terre
et qui sera identique sur le vaisseau
interstellaire.
John
Carter McKnight
explique qu’il faudra complètement repenser, non seulement pour un vaisseau,
mais aussi sur Terre, le système d’habitation des hommes. Un voyage
interstellaire est un voyage extrême, et l’habitat extrême n’est pas une
solution pour le voyageur. De plus, repenser l’habitat à un niveau mondial,
permettra à l’homme de mieux s’intégrer à son environnement terrestre et non à
un ‘’combat’’ Homme / Nature.
Pour des voyages interstellaires, il
faudra aussi penser à une ‘’gouvernance’’, une autorité pour fédérer les
voyageurs. Il faudra une forme de gouvernance basée sur des accords en évitant
les extrêmes.
(Ronke Olabisi, Mae Jemison et John Carter McKnight) |
Karl
Aspelund
vient expliquer comment doit être pensé la façon de s’habiller lors d’un tel
voyage.
Il y a 3 types d’habillement : s’habiller
sur Terre, s’habiller dans les bases spatiales et s’habiller dans un vaisseau
interstellaire.
Il y aura des contraintes particulières
pour les voyages lointains et qui pourront s’adapter aussi aux populations
terrestres.
Il faut développer des vêtements en
pensant à des situations d’urgence ou de guerres afin de développer des
vêtements solides, chaud lorsqu’il fait froid, tempéré en pleine chaleur, et
nécessitant peu d’entretien mais réparable. Ils doivent être aussi légers, confortables,
recyclables et biodégradables. Ils doivent être aussi très bon marché et
bénéficier au plus grand nombre. Il faudra développer de nouvelles fibres,
matières.
Ce sera une révolution dans les pensées
au niveau vestimentaire.
(Gilbert Kirkham, Adam Heathfield, Jenny Yeung, Mae Jemison, Karl Aspelund, Pamela Contag et John carter McKnight) |
Daniel
Irwin,
responsable du programme SERVIR de la NASA, nous a expliqué ce que c’était ce
programme. Développé et créé par des chercheurs du Marshall Space Flight
Center, avec différentes agences gouvernementales américaines, SERVIR permet
avec l’imagerie satellitaire, des modélisations, et des recueils d’informations
sur place, de se préparer et d’apporter une réponse adaptée au changement
climatique. En service depuis 2005 en Amérique Centrale, puis sur la côte-est
de l’Afrique en 2008, ou dans une région de l’Himalaya en 2010. SERVIR peut
aider à fournir des décisions-clés grâce à l’étude des terres, forêts, océans
et de l’atmosphère.
Adam
Heatfield
nous a expliqué que pour l’industrie pharmaceutique, un voyage interstellaire
serait un véritable défi. Il faut repenser la conception de médicaments et
imaginer des pathologies du futur avec les traitements adéquats.
(Jennie Yeung, Mae Jemison, Adam heathfield et Karl Aspelund) |
Gilbert
Kirkham
nous a parlé du programme d’éducation de la NASA et des STEM (Science,
Technology, Engineering and Mathematics). Très important dans l’éducation
américaine, la NASA est fortement impliquée dans la formation des élèves, des
étudiants et du personnel enseignant.
Cet accompagnement dans l’éducation doit
permettre d’inspirer les prochaines générations d’explorateurs grâce à ses ressources,
son implication dans les formations, l’innovation et la collaboration avec les
autres agences gouvernementales ou spatiales.
(Jennie Yeung, Mae Jemison, Gilbert Kirkham et Karl Aspelund) |
Jennie
Yeung
nous a expliqué pourquoi une mondialisation, globalisation de la science, de l’éducation,
et donc une coopération internationale aiderait à faire place à un monde
meilleur.
Le rêve de chacun est normalement de
vouloir un monde meilleur pour demain. Ce que nous vivons aujourd’hui, ce que
nous respirons, est la somme de tous ce qui a été fait par le passé, bonnes
choses ou mauvaises choses.
Il faut une coopération internationale
pour l’éducation. Une globalisation de la culture, de l’éducation (education
online), et une défense de l’enseignement, un plaidoyer pour les sciences, afin
d’avoir une monde meilleur. Utiliser le meilleur de nous-mêmes pour de bonnes
raisons.
Il y eu après une session de questions
et de réponses avec le public, parmi lequel figuraient certains députés
européens très intéressés par ce concept, comme le député italien Vittorio
Prodi (mon voisin lors de la conférence).
(le député européen italien Vittorio Prodi) |
(Adam Heathfield, Jennie yeung, Mae Jemison, Kathryn Denning et Karl Aspelund) |
bravo SQtéphane pour ton rapport
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