lundi 20 février 2012

20 février 1962 - 50ème anniversaire du vol orbital de John Glenn avec Friendship 7

Nous fêtons, aujourd'hui 20 février, le cinquantième anniversaire du 1er vol orbital d'un astronaute américain. John Glenn, après les vols suborbitaux d'Alan Shepard et de Gus Grissom, devint ce premier astronaute américain en orbite avec la capsule Friendship 7.

John Glenn était un des premiers invités de Space Quotes - Souvenirs d'espace. N'hésitez pas à relire ses souvenirs concernant cette mission.


J'ai commencé aussi, une petite ''monographie'' de la mission Friendship 7 et de John Glenn au travers d'objets de collection sur mon autre site Space Relics.



Il y a, et il y aura plusieurs commémorations, notamment aux USA. Pour la France, je vous conseille vivement l'Exposition réalisée par l'ami Pif (www.cosmopif.com) et qui se tient actuellement à la Maison de l'Environnement et du Développement Durable à Orly.
L'homme dans l'espace fait la une

mardi 7 février 2012

Disparition de l'astronaute américaine Janice Voss (1956 - 2012)

Janice Voss, 55 ans, nous a quittée cette nuit des suites d'un cancer.

Ingénieure aérospatiale et possédant un doctorat d'aéronautique et d'astronautique, Janice Voss commence à travailler à la NASA dès 1973 (elle est encore étudiante).

En 1977, elle entre définitement à la NASA comme instructeur et forme les astronautes pour les futures missions de la navette spatiale. Elle passe son doctorat au MIT en 1987.

En 1990, elle est sélectionnée comme astronaute.

Elle deviendra une des astronautes les plus chevronnées avec 5 missions spatiales à son actif : STS-57, 63, 83,94 et STS-99.

Il y a quelques semaines, elle a répondu gentiment aux questions de Space Quotes - Souvenirs d'espace. Son interview sera publiée très bientôt.

mercredi 11 janvier 2012

Disparition du pilote d'essais Robert ''Bob'' SMYTH (1927 - 2012)

Disparition ce mardi 10 janvier de Robert ''Bob'' Smyth, un des mythiques pilotes d'essais américains.



Bob est connu pour être le pilote d'essais de chez Grumman et, à ce titre, effectua le premier vol de l'A2F (qui deviendra le A-6 Intruder), les premiers vols des Gulfstream I et II mais surtout il effectua le premier vol du mythique F-14 Tomcat.

(Le Gulfstram 1 effectua son premier vol le 14 août 1958)
(Ici, le premier prototype de l'A2F-1 qui effectua son premier vol le 19 avril 1960 / il sera baptisé A-6 Intruder en 1962)

(Le Gulfstram II effectua son 1er vol le 2 octobre 1966)
(le premier vol du F-14 Tomcat eut lieu le 21 décembre 1970)


Au niveau spatial, il était le pilote-astronaute de liasion pour le développement du Module Lunaire Apollo, avant de quitter ce programme.
Il a testé plusieurs combinaisons pressurisées développées par Grumman pour la NASA ainsi que le Rover lunaire géant Mo-Lab, qui restera à l'état de prototype.



Connu et reconnu aux Etats-Unis, son image de pilote d'essais à été associée à une publicité célèbre pour un Cola américain.

lundi 9 janvier 2012

Conférence de Presse du Directeur Général de l'ESA Jean-Jacques Dordain le 9 janvier 2012

Ce lundi après-midi a eu lieu l’habituelle conférence de Presse du Directeur de l’ESA, Jean-Jacques Dordain, au siège parisien de l’Agence Spatiale Européenne.

(Crédit Photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)
Après avoir présenté ses vœux aux personnes présentes, Jean-Jacques Dordain commence par un récapitulatif des évènements qui se sont passés en 2011.


Pour 2011, il lui apparait que l’ESA a continué son évolution. L’ESA était fin 2011, plus tout à fait pareille qu’elle l’était en début d’année.

Le 19ème état membre, la Roumanie, est membre effectif de la l’ESA depuis le 23 décembre 2011. La Pologne, deviendra bientôt le 20ème état.

En décembre 2011, un accord de coopération en Malte et l’ESA a été signé.
Ce qui fait, qu’aujourd’hui, tous les membres de l’Union Européenne sont aussi membres de l’ESA, ou presque, car seule la Bulgarie manque encore à l’appel, mais des négociations sur un accord de coopération sont en cours.
Depuis octobre 2011, tous les membres de l’Union Européenne sont devenus membres observateurs de l’ESA, même s’ils ne sont pas membres ‘’actifs’’. L’ESA est composé de 30 pays dont 19 pays de l’Union Européenne, 10 observateurs et du Canada.

2011 a été aussi l’année où de nouvelles missions ont été mise en orbite avec des partenaires et des nouveaux partenaires. Une évolution pour l’ESA.

Il y  a eu le lancement de l’ATV 2, le vol de 3 astronautes européens (Vittori, Nespoli et Kuipers). Il y a eu aussi Mars 500, puis un des grands moments de cette année 2011, a été le lancement le 21 octobre de Soyouz depuis Kourou. Ce lancement a été un moment d’une grande émotion pour Jean-Jacques Dordain, et le lancement d’une Soyouz depuis Kourou, n’est absolument pas une opération banale pour lui.
(Photo ESA/CNES)
La grande plateforme de télécommunications pour Alphasat, nommée ''Alphabus’’, a été livrée en juin, et l’ESA espère une mise en fonction pour début 2013.

Pour le financement de l’ISS, une décision de principe a été prise pour un financement de celle-ci, au moins jusqu’en 2020. Le financement et les modes de financement sont en attente.

Concernant la situation économique mondiale qui touche tous les secteurs d’activité, le spatial n’y échappe pas. Mais l’ESA ne voit pas de diminution de son budget, malgré la crise.


Par contre, il faut apporter des priorités et des changements pour que l’ESA traverse cette crise. Un ‘’livre blanc’’, appelé Agenda 2015, a été donné à tous les membres de l’ESA. Il est le fruit d’une réflexion interne sur le rôle et la position de l’ESA, vue par l’exécutif de celle-ci.


Pour 2012, Jean-Jacques Dordain précise que cela sera l’année de tous les défis…
(Crédit Photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)
Il y a une  croissance constante des missions de l’ESA. Cela est très bien, mais cela commence à avoir des interférences avec le programme de lancement.
Il faut tenir compte des autres missions pour choisir une date de mission. Chose qui ne se faisait pas couramment auparavant.



Le lancement de VEGA est décidé pour le 9 février 2012. Cette date est ferme, MAIS Jean-Jacques Dordain précise :
-          Il n’y aura aucun compromis de l’ESA quand à la préparation et à la sécurité. Si VEGA n’est pas prêt, il ne partira pas.
-          Il ne doit pas y avoir d’interférences avec le lancement d’ATV 3 qui doit partir le 9 ou le 10 mars obligatoire. Cette date est NON NEGOCIABLE. Les 2 véhicules utilisent les mêmes installations au sol, et il faut laisser le temps de reconfigurer celles-ci. Le vol de l’ATV sur l’ISS est prioritaire, donc VEGA attendra.
Il y aura le lancement de SWARM de Baïkonour en juillet.

Le 2ème grand défi de 2012 concerne donc le budget de l’ESA. L’ESA souhaite une diminution du poids budgétaire de l’ISS afin d’avoir plus de budget pour le financement de missions à court terme, dont des vols habités supplémentaires, en plus de ceux prévus tous les 18 mois (où un astronaute ESA reste 6 mois dans l’ISS).
(Crédit Photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)
Le budget de 2012, est équivalent à celui de 2011, ce qui est une bonne nouvelle. L’Espace reste une priorité.
-          Les investissements sont aussi pour le futur, pour assurer le futur
-          Le budget assure le renforcement du rôle de l’Europe dans le monde (connaissance du monde)
-          L’espace concerne des activités industrielles non délocalisées.

L’ESA mène aussi une action de rigueur financière afin d’avoir plus d’efficacité. Cela commence par une diminution des coûts interne de l’ESA.
Le 3ème grand défi  sera le Conseil Ministériel de l’ESA qui aura lieu en novembre 2012.
Ce sera un rendez-vous très intéressant a assuré avec humour Jean-Jacques Dordain !
Le Conseil Ministériel concernera en priorité :
-          Les Sciences (Progrès de la connaissance), dont les missions sur l’ISS
-          Les Services, comme la 2ème génération de satellite en orbite polaire
-          La Compétitivité du secteur européen (surtout en télécommunications)

Et les vols habités, qui concerne l’Exploration. L’Exploration est faite de découverte. Etude et développement de scénarios et surtout de missions d’exploration avant 2020.
A la question (du journal Les Echos) concernant l’impact en 2011 des difficultés économiques dues à la crise et de l’impact sur Ariane 5-ME et Ariane 6, Jean-Jacques Dordain répond qu’en 2011, cela n’a eu aucun effets sur les engagements pris et que tout ce qui devait être accompli en 2011 l’a été.
Il réexplique les ‘’mesures d’austérité’’ qui concernent la réduction des coûts d’ici 2015 (175 millions en coûts internes).
Il y a aussi quelques mesures spécifiques envers certains états membres qui pourraient avoir du mal à respecter leur engagement. Cela reste minime (quelques dizaines de millions). L’ESA assure au plus juste les coûts en diminuant les marges comme par le passé (ne demande plus la totalité des sommes pour n’en utiliser qu’une partie, mais juste ce qu’il faut pour ne pas participer à la situation de crise actuelle).

Ariane 5-ME est toujours en cours. Le programme ne sera pas arrêté. L’ESA veut le maintien des activités d’Ariane 5-ME en attendant la Ministérielle de fin d’année et la décision prise. Cela évitera une situation irréversible si Ariane 5-ME était maintenue.
Il y a actuellement une réflexion sur quel sera le meilleur lanceur. Et même si certains avancent le nom d’Ariane 6, rien n’est moins sûr. Si Ariane 5-ME est maintenu, alors il y aura une Ariane, mais le prochain nom du lanceur aura le nom que voudra bien lui donné l’état qui sera le plus gros contributeur. D’ailleurs, l’ESA vend le nom au plus offrant annonce t-il en forme de boutade.

Cette étude sur le Lanceur Nouvelle Génération (NGL) est très importante. Le secteur des lanceurs au sein de l’ESA est obligatoire et doit être durable.
Dans un premier temps, ce sont les clients qui vont définir le rôle du futur lanceur. L’ESA a pour vocation de satisfaire le secteur européen.

A la question d’Exomars et des futurs ATV, il est répondu que l’ESA doit satisfaire les objectifs avec le milliard que coûte la mission. Actuellement, il y a 850 millions.
En juin 2011, la NASA informe l’ESA qu’elle pourrait remettre en cause les engagements financiers qu’elle a prise. Une réponse définitive sera donnée en février 2012 avec l’adoption du budget 2013 de la NASA.
L’ESA a donc décidé d’entamer des discussions avec la Russie pour trouver un partenaire de plus. Il est très improbable de reculer encore la mission, prévue pour 2016 et 2018, car cela entrainerait obligatoirement une explosion des coûts.

Concernant l’ATV, la production est arrêtée comme prévue. Il y aura 5 ATV.


Jean-Jacques Dordain ajoute que l’ESA étudie une participation avec le MPCV américain. Cela fait partie des scénarios que l’ESA étudie et cherche pour des missions habitées avant 2020.
Puis revenant avec humour sur le lancement impératif de VEGA le 9 février, les proverbes italiens ne voulant pas lancer le mardi ou le vendredi, et les ‘’superstitions Dordain’’ ne lançant pas un 13 (d’où le jeudi 9), Jean-Jacques Dordain clôt la conférence avant de répondre à des interviews radiophoniques et télévisées.
(Crédit photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)
(Crédit photo : Stéphane Sebile / Spacemen1969)

dimanche 18 décembre 2011

Interview de Zhai Zhigang, premier chinois à marcher dans l'espace lors de la mission Shenzhou 7

Zhai Zhigang est pilote de chasse de l’Armée Populaire Chinoise.

Il est sélectionné dans le premier groupe de Taïkonautes en 1998.
 
Il est la doublure de Yang Liwei lors du premier vol habité chinois, Shenzhou 5

Il est doublure du commandant de la mission Shenzhou 6

(Zhai Zhigang avec Yang Liwei et Nie Haisheng lors de la mission Shenzhou 5)
En 2008, il commande la mission Shenzhou 7 et devient le premier chinois à marcher dans l’espace.



Interview réalisée en 2011


Pouvez-vous nous dire quand est venu cette envie de devenir pilote et astronaute ?
Je me souviens d’avoir eu cette envie de voler et de devenir pilote assez jeune.

Au lycée déjà, je voulais voir aussi la Terre de l’espace et l’idée de devenir astronaute me plaisait bien à l’époque.

Comment se sont passées ces 10 années entre votre sélection et votre mission ?
10 ans d’entrainement, d’entrainement, d’entrainement… (rires)

Nous avions tous envie de vouloir voler dans l’espace, mais nous savions que cela serait long, qu’il fallait faire des sacrifices, travailler dur et de croire en soi !

Comment reste t-on motivé ? Vous avez été deux fois doublure…
J’étais très motivé, c’est certain ! Nous parlions de déception tout à l’heure (ndlr : avant l’interview proprement dite = traduction). C’est vrai que j’ai eu une petite phase de déception car lorsque l’on est dans la liste finale pour un vol, on veut être retenu !

Mais le travail et la confiance en soi aident à surmonter très vite cela.

Puis, un fait important, nous n’étions pas en compétition les uns envers les autres. Nous travaillions en totale harmonie. Nous n’étions pas le but mais un des moyens d’atteindre le but.

Lorsque vous avez appris votre sélection pour la mission Shenzhou 7, qu’avez-vous ressenti ?
C’était un grand honneur pour moi d’avoir été sélectionné pour cette mission, et d’avoir été choisi pour effectuer la 1ère EVA.

Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment du décollage ?
J’étais très excité et très concentré aussi.


Quel a été le moment fort de votre mission pour vous ?
L’EVA, bien sûr !!! (rires). L’EVA est le moment le plus intense de cette mission pour moi !

Parlez-nous de cette EVA, de vos sensations...
J’étais très excité et plus encore, lorsque j’ai ouvert la porte et que j’ai commencé à sortir !

Je n’oublierai jamais le moment où la Terre m’est apparue ! Un grand choc …

Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si intense, si beau !!! Toutes ces différences de couleurs dans ce fond noir, cette lumière dans cette obscurité ! Un moment très intense, très très intense…

Puis il a fallu rentrer, j’étais triste …

Le premier américain à marcher dans l’espace, Ed White, a dit presque la même chose…
J’étais vraiment triste de devoir retourner dans Shenzhou.

 
Etiez-vous inquiet lors de l’EVA ? Aviez-vous des inquiétudes de ne pas pouvoir revenir dans Shenzhou ?
Non, aucune inquiétude ! On me pose souvent la question. Et je réponds toujours que la pire chose qui aurait pu m’arriver aurait été de devenir un vrai Spaceman si je n’avais pas pu revenir dans Shenzhou (sourire).

Il y a eu des  différences par rapport à votre entrainement au sol qui vous ont obligé à ‘’improviser’’ pour l’EVA ?
J’ai eu une sensation un peu différente de ce que j’avais éprouvé à l’entrainement au sol. Même bien préparé, on ne peut pas tout prévoir.

Nous nous sommes longuement entrainé à ouvrir la porte pour effectuer l’EVA, et en piscine, cela ne causait aucun problème… mais là-haut, cela bloquait un peu.

La première fois que j’ai essayé d’ouvrir la porte, cela ne marchait pas. Nous avons essayé plusieurs niveaux de pression dans le sas avant de trouver la bonne pression qui nous permit d’ouvrir la porte.
 
Que pensez-vous de la phrase du commentateur officiel qui a annoncé la réussite de la première EVA chinoise ‘’A small step by Col Zhai Zhigang, but a historical leap in china’s space dream’’ ?
Je suis très fier d’être ainsi comparé à Neil Armstrong, le premier homme à marcher sur la Lune, et cela, indique clairement notre volonté d’être une puissance spatiale à l’instar des USA ou de la Russie.

Pensez-vous que le futur de l’exploration spatiale passe par la coopération ?
La coopération est une excellente chose pour le futur de l’exploration spatiale, que ce soit par l’envoi de sondes, d’expériences à bord de vaisseaux, de matériel utilisé, et bien sûr, des vols habité.
(Zhai Zhigang au salon du Bourget en juin 2011)

samedi 3 décembre 2011

Interview de Bill Pogue, astronaute de la NASA qui a volé lors de la mission Skylab 4

William ‘’Bill’’ R. Pogue est pilote d’essais de l’US Air Force.


Pilote de chasse, il devient Solo de la Patrouille Acrobatique de l’US Air Force The Thunderbirds avant de devenir pilote d’essais.


Il est sélectionné par la NASA en 1966 dans le Groupe 5.

Il fait partie de l’équipage originel de la mission Apollo 19, avant que celle-ci ne soit abandonnée lors des coupes budgétaires en 1970 (avec Apollo 18 et 20).

Il est assigné au programme Skylab ensuite comme pilote du Module de Commande.

Il effectue une mission spatiale avec Skylab 4 et passe 84 jours dans l’espace.



Il quitte la NASA en 1975.

Bill Pogue est également l’auteur de plusieurs livres (voir au bas de l'interview)

Interview réalisée en novembre 2011

Qu’est ce qui vous a donné envie de devenir pilote ? Et comment êtes-vous devenu pilote ?
J’ai su que je voulais apprendre à voler quand j’avais 4 ans environ. J’étais dans le champ du voisin et un gros appareil m’a survolé. C’était un DC-2 et, pour moi, c’était vraiment très gros.

Je suis entré à l’US Air Force au tout début de la guerre de Corée. 
Je venais d’entamer ma dernière année à l’Université. Je me suis inscris au Programme des Cadets de l’US Air Force. Je voulais piloter, et je n’ai pas été déçu.

J’ai reçu mes ailes de pilote le 25 octobre 1952, la veille de mon mariage.

Lors de votre carrière de pilote de chasse, vous avez été également pilote de la Patrouille Acrobatique de l’US Air Force, les Thunderbirds. Comment avez-vous été choisi ?
Un jour, un des responsables des Thunderbirds, est venu nous voir à la base où j’étais assigné. Il nous a demandé si nous étions intéressés.
J’ai dis oui. C’était une offre que je ne pouvais vraiment pas refuser.



Au niveau pilotage, ce n’était pas trop différent ?
C’était très difficile, au début, vous savez. Je pilotais un F-84G, et les Thunderbirds pilotaient un F-84F, qui malgré l’appellation F-84, était totalement différent de celui que je pilotais. Et je venais à peine de me familiariser avec cet appareil, qu’on en changeait… pour un F-100C Super Sabrejet.


Je n’ai eu le droit qu’à 5 vols pour me familiariser avec ce nouvel appareil avant de commencer l’entraînement proprement dit.

Pouvez-vous nous donner un de vos bons souvenirs lors de votre passage chez les Thunderbirds ?
Cela a été une période très intense, de travail et d’entraînement, pendant les 2 ans, que j’ai passé au sein des Thunderbirds.

Un des grands moments a été, lors de démonstration, d’ouvrir notre show par un passage supersonique. ..ça décoiffait !


L’un des moins bons, a été, que je me suis éjecté lors d’une démonstration. 
J’ai perdu de la puissance lors d’une figure, et mon appareil a plonger. Je me suis éjecté et j’ai atterrit sans dommage. 
J’ai eu d’autres soucis, mais apparemment pas aussi sérieux que cela, même si spectaculaires, puisque je suis encore là à vous raconter mes aventures…(rires).

Qu’avez-vous fait entre votre départ des Thunderbirds (1957) et votre sélection à la NASA en 1966 ? Comment s’est passée l’annonce de votre sélection ?
Après les Thunderbirds, je suis devenu Instructeur à Nellis, et j’ai repris mes études en même temps. Et après 2 ans, j’ai obtenu ma maîtrise de Sciences en Mathématiques.

J’ai ensuite enseigné les Maths à l’US Air Force Academy, puis je suis devenu Pilote d’Essai à l’Empire Test Pilots School de Farnborough en Grande-Bretagne avant d’être affecté à Edwards.

La NASA a effectué une nouvelle sélection en 1966. 
Après avoir passé plusieurs tests et épreuves, j’ai reçu un coup de téléphone de Deke Slayton en personne, m’annonçant que j’avais été sélectionné.

Comment s’est passé votre entrainement et quelle a été la durée de celui-ci entre votre sélection et votre mission ?
Lors de notre entraînement, chacun était également assigné à un travail spécial, afin de préparer les missions Apollo et le matériel qui serait utilisé. J’étais assigné aux Apollo Applications, qui deviendrait plus tard Skylab.

J’ai été support crew sur plusieurs missions Apollo (11 et 14 notamment). La préparation a été longue ! 3 ans d’entrainement. Avec l’annulation des dernières missions Apollo, on a réaffecté le matériel restant pour l’adapter en vue d’une station spatiale.

Beaucoup de travail, et de formation médicale. Une fois là-haut, il était impossible d’aller voir le docteur… (rires). Nous sommes donc devenus médecins, dentistes, oto-rhino, etc… (rires) !


Dans quel état d’esprit étiez-vous avant le décollage ?
J’étais prêt, fin prêt… 3 ans d’entrainement, on ne peut être plus prêt… Mais j’étais un peu tendu quand même, car notre décollage avait été repoussé de quelques jours suites à la découvertes de petites fissures au niveau des moteurs.

Qu’avez-vous ressenti lors du décollage ? Quelles sortes de sensations ?

Au moment du décollage et de la mise à feu des moteurs, j’ai été surpris par le bruit. C’était très bruyant , malgré mon casque. Cela remuait beaucoup… Mais le bruit et les secousses se sont calmés au fur et à mesure qu’on accélérait. Je me souviens du bruit que faisait le carburant qui courait vers les moteurs.

Jusqu’à la séparation du 1er étage, cela a été assez sportif quand même, jusqu’à 4g. Puis, le 2ème étage s’est mis en route, et là, j’ai vu la Terre, et je me suis dis…ça y est, j’y suis !


Qu’avez-vous mangé lors de votre mission ? Etait-ce bon ?
C’était bon, c’était diversifié même si c’était un peu répétitif. Nous avions des menus établis pour 6 jours. Nous avons même eu des glaces, du steak, du homard…

Pouvez vous nous parler de la ‘’couleur’’ des repas ?
En fait, c’était le conditionnement des aliments pour chacun. J’avais les aliments emballés en bleu, Jerry avait les siens en rouge, et blanc pour Ed.

Vous avez été sujet au mal de l’espace …
J’ai été malade, très malade pendant les 3 premiers jours. Je suis le seul de nous trois à avoir eu le mal de l’espace. Et pourtant, au sol, lors de notre préparation, on m’avait dit que je serai certainement le seul qui ne l’aurait pas… (rires). Mais après, j’étais pleinement opérationnel.



Pourriez-vous nous faire partager un de vos meilleurs moments de votre mission ?
J’ai adoré faire des EVA. Surtout celle de Noël 1973. Je suis monté, nagé plutôt, vers le haut de la station, et j’ai eu une vue magnifique de la Terre, sans rien devant pour gêner cette vue.

Et cette grève ?
C’est très exagéré comme terme. Nous avions beaucoup de travail et nous n’avions pas eu toujours le temps de répondre au sol, qui ‘’nous harcelait’’ de questions, de communications !!! Et un jour, nous n’avons pas répondu au sol, pensant chacun, que l’autre le ferait ou l’avait fait… Mais de là à dire que c’est une grève !

Comment s’est déroulé votre retour ?
C’était un moment très intense. Nous étions le dernier équipage sur Skylab, il fallait tout ranger, inventorier, noter, préparer le module de commande. Il ne fallait rien oublier. Et il fallait aussi préparer la station pour un éventuel retour d’un équipage plus tard.

Le retour a été normal. 
Lors de la rentrée dans l’atmosphère, nous avons ressenti l’attraction certainement plus fortement que ce que l’on aurait dû ressentir, mais c’était normal après 84 jours dans l’espace… Mais cela ne nous a pas trop causé de problème.

Des chaises roulantes nous attendaient sur le pont de l’USS New Orleans, mais nous avons mis un point d’honneur à sortir nous même de la capsule et à marcher sur le pont.



Pourriez-vous éclaircir un point au sujet de l’odeur qui se dégageait dans le module lors de votre retour sur Terre ?
(Rires)… Je ne vois pas de quoi vous parlez…(rires).

Ce qui s’est passé, c’’est que nous gardions un échantillon journalier de nos urines et de nos autres besoins. Nous les mettions dans un sac spécial qui était placé dans le congélateur. Pour le retour nous avons placé ceux-ci sous le sol dans le module dans un compartiment spécial. Lors de la descente, une valve de pressurisation s’est mise en route normalement. Elle était située dans ce compartiment. De l’air a donc réchauffé notre marchandise…(rires). Et lors du splashdown, le compartiment a été un peu inondé. Si les sacs étaient étanches à l’eau, ils ne l’étaient pas entièrement à l’odeur… (rires).

Etiez-vous triste de rentrer sur Terre ?
Ce n’était pas facile de partir mais j’étais quand même content de rentrer.

It’s good to be home...


Bill Pogue a écrit de quelques ouvrages




lundi 17 octobre 2011

Interview de Naoko Yamazaki, astronaute de la JAXA qui a volé à bord de la navette spatiale lors de la mission STS-131


Naoko Yamazaki (née Sumino) est ingénieur(e) aérospatial(e).


Sélectionnée en 1999 par l’Agence Spatiale Japonaise (à l’époque NASDA et aujourd’hui JAXA), elle commence son entrainement pour une mission à bord de l’ISS. Elle termine son entrainement en 2001.

Elle devient la 2ème japonaise sélectionnée comme astronaute.

En 2004, elle suit l’entraînement d’ingénieur de bord pour les vols en Soyouz TMA puis rejoint le centre spatial de Houston de la NASA pour sa formation de Mission Specialist dans le groupe 19 de la NASA.


 En 2008, elle est affectée à la mission STS-131.

Du 5 avril au 20 avril 2010, elle vole donc à bord de la navette Discovery pour cette même mission.


Elle quitte l’Agence Spatiale Japonaise à la fin du mois d’août 2011.

Naoko Yamazaki est mariée et maman d’une petite fille.

Interview réalisée en 2011

Q : How many years were you connected to the space program prior to your flight ?

I was selected as an astronaut candidate in February, 1999. 

Therefore, I was training for 11 years prior the STS-131 mission in April, 2010.

Actually, I started working as a space engineer in 1996. So, I was connected to the space program for 14 years.

Q : How did you feel prior to the flight ?

I was very excited and on cloud nine – very happy at that moment to be waiting for the launch and a little apprehensive since this was my first time, but I was very eager to get to that point.

All the training was done and I felt very ready.

Q : What kinds of sensations did you experienced during take-off ?

After the shuttle took off, it took 8 minutes and 30 seconds for the shuttle to get to orbit and zero gravity.

Therefore, during this time, we were very busy and had to concentrate on the ascent activities.

For the first two minutes, I felt a big vibration from the solid rocket booster.

Once they got separated, it became very smooth. However, for the last one-two minutes, we felt 3-G acceleration. So, we felt heavy and had to breath deeply intentionally.


Q : What does weightlessness feel like, and what did you think about during the flight ?

Fortunately I had no space sickness.

I felt so comfortable immediately after it became weightlessness.

Somehow, it felt very familiar to me, as if my body remembers. 

D
uring the flight, of course, our bodies change; ex) moon face, chicken legs, and taller height. But we get used to those changes in a couple of days.




Q : What were some of the problems you encountered and how did you fixed them ?

STS-131 lost the Ku-band antenna function at the beginning of the mission.

Therefore, we had to modify the procedures of rendez vous & docking, inspection of the thermal tiles of the shuttle, etc. 

Thanks to the training and the ground team’s real-time efforts, we could manage the situation as a team.

Q : What did you eat, and did it taste real ?

I enjoyed space foods very much.

Once they get hydrated, they taste real and good.

One night, another Japanese astronaut Soichi Noguchi and I hosted a Japanese dinner (sushi) onboard the ISS. 


The other night, Russian crew members hosted Russian dinner.

Getting together for dinner is one of the biggest fun on orbit.


Q : What was re-entry like ?

Re-entry is a critical phase of the flight as well as the launch.

Therefore, we were busy and had to concentrate on the situation.

As coming closer to the Earth, I felt strong gravity.
 
It was such a strange feeling. Even a piece of paper felt so heavy !


After the landing, I felt very thirsty. And when I moved my head to the right and to the left, I felt my entire body was rotating in a 90-deg different orientation.  But in about 30 min, my body gradually readapted to the gravity environment.

(Naoko Yamazaki avec le Directeur de la JAXA après son retour sur Terre)
Q : Were you glad to be back on Earth, or did you feel you could have spent the rest of your life up there ?

I felt I could have spent the rest of my life in space.

However at the same time, I was so glad when I came back to the Earth and saw my family.

Also the breeze and the smells of trees & amp; flowers made me so happy, because there was no natural breeze in the spacecraft. I really admire the nature of the Earth.