dimanche 18 décembre 2011

Interview de Zhai Zhigang, premier chinois à marcher dans l'espace lors de la mission Shenzhou 7

Zhai Zhigang est pilote de chasse de l’Armée Populaire Chinoise.

Il est sélectionné dans le premier groupe de Taïkonautes en 1998.
 
Il est la doublure de Yang Liwei lors du premier vol habité chinois, Shenzhou 5

Il est doublure du commandant de la mission Shenzhou 6

(Zhai Zhigang avec Yang Liwei et Nie Haisheng lors de la mission Shenzhou 5)
En 2008, il commande la mission Shenzhou 7 et devient le premier chinois à marcher dans l’espace.



Interview réalisée en 2011


Pouvez-vous nous dire quand est venu cette envie de devenir pilote et astronaute ?
Je me souviens d’avoir eu cette envie de voler et de devenir pilote assez jeune.

Au lycée déjà, je voulais voir aussi la Terre de l’espace et l’idée de devenir astronaute me plaisait bien à l’époque.

Comment se sont passées ces 10 années entre votre sélection et votre mission ?
10 ans d’entrainement, d’entrainement, d’entrainement… (rires)

Nous avions tous envie de vouloir voler dans l’espace, mais nous savions que cela serait long, qu’il fallait faire des sacrifices, travailler dur et de croire en soi !

Comment reste t-on motivé ? Vous avez été deux fois doublure…
J’étais très motivé, c’est certain ! Nous parlions de déception tout à l’heure (ndlr : avant l’interview proprement dite = traduction). C’est vrai que j’ai eu une petite phase de déception car lorsque l’on est dans la liste finale pour un vol, on veut être retenu !

Mais le travail et la confiance en soi aident à surmonter très vite cela.

Puis, un fait important, nous n’étions pas en compétition les uns envers les autres. Nous travaillions en totale harmonie. Nous n’étions pas le but mais un des moyens d’atteindre le but.

Lorsque vous avez appris votre sélection pour la mission Shenzhou 7, qu’avez-vous ressenti ?
C’était un grand honneur pour moi d’avoir été sélectionné pour cette mission, et d’avoir été choisi pour effectuer la 1ère EVA.

Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment du décollage ?
J’étais très excité et très concentré aussi.


Quel a été le moment fort de votre mission pour vous ?
L’EVA, bien sûr !!! (rires). L’EVA est le moment le plus intense de cette mission pour moi !

Parlez-nous de cette EVA, de vos sensations...
J’étais très excité et plus encore, lorsque j’ai ouvert la porte et que j’ai commencé à sortir !

Je n’oublierai jamais le moment où la Terre m’est apparue ! Un grand choc …

Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si intense, si beau !!! Toutes ces différences de couleurs dans ce fond noir, cette lumière dans cette obscurité ! Un moment très intense, très très intense…

Puis il a fallu rentrer, j’étais triste …

Le premier américain à marcher dans l’espace, Ed White, a dit presque la même chose…
J’étais vraiment triste de devoir retourner dans Shenzhou.

 
Etiez-vous inquiet lors de l’EVA ? Aviez-vous des inquiétudes de ne pas pouvoir revenir dans Shenzhou ?
Non, aucune inquiétude ! On me pose souvent la question. Et je réponds toujours que la pire chose qui aurait pu m’arriver aurait été de devenir un vrai Spaceman si je n’avais pas pu revenir dans Shenzhou (sourire).

Il y a eu des  différences par rapport à votre entrainement au sol qui vous ont obligé à ‘’improviser’’ pour l’EVA ?
J’ai eu une sensation un peu différente de ce que j’avais éprouvé à l’entrainement au sol. Même bien préparé, on ne peut pas tout prévoir.

Nous nous sommes longuement entrainé à ouvrir la porte pour effectuer l’EVA, et en piscine, cela ne causait aucun problème… mais là-haut, cela bloquait un peu.

La première fois que j’ai essayé d’ouvrir la porte, cela ne marchait pas. Nous avons essayé plusieurs niveaux de pression dans le sas avant de trouver la bonne pression qui nous permit d’ouvrir la porte.
 
Que pensez-vous de la phrase du commentateur officiel qui a annoncé la réussite de la première EVA chinoise ‘’A small step by Col Zhai Zhigang, but a historical leap in china’s space dream’’ ?
Je suis très fier d’être ainsi comparé à Neil Armstrong, le premier homme à marcher sur la Lune, et cela, indique clairement notre volonté d’être une puissance spatiale à l’instar des USA ou de la Russie.

Pensez-vous que le futur de l’exploration spatiale passe par la coopération ?
La coopération est une excellente chose pour le futur de l’exploration spatiale, que ce soit par l’envoi de sondes, d’expériences à bord de vaisseaux, de matériel utilisé, et bien sûr, des vols habité.
(Zhai Zhigang au salon du Bourget en juin 2011)

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