Le cosmonaute Vyacheslav Zudov est décédé le 12 juin 2024 à l'âge de 82 ans.
Né le 8 janvier 1942, à bord près de Gorki en URSS, était pilote de chasse de l'Armée de l'Air Soviétique, issu de l'Ecole de Pilotage Balashov où il obtient ses ailes en 1963.
Le 28 octobre 1965, il est sélectionné comme cosmonaute, avec 22 autres candidats dans le TsPK-3 (seuls 7 d'entre eux voleront au moins une fois).
Déclaré comme cosmonaute-titulaire après l'examen final de décembre 1969, Vyacheslav Zudov est d'abord affecté comme commandant de l'équipage triplure, avec Valery Rojdenstvenky, pour Soyouz 15 (équipage doublure de l'équipage doublure) qui volera en août 1974.
Puis il est affecté, toujours comme Commandant et toujours avec Rojdenstvensky, pour la mission Soyouz 21 qui vole de juillet à août 1976.
Vient donc la mission Soyouz 23 où Vyacheslav Zudov est Commandant et Valeri Rojdenstvenki ingénieur de bord. Les deux hommes sont fin prêts. Zudov est donc pilote de chasse et Rojdenstvenski est plongeur sous-marinier militaire en eaux profondes. Les deux hommes se connaissent bien, ils ont été sélectionnés ensembles dans le même groupe, se sont entraînés ensemble en tant que triplure et doublure sur Soyouz 15 et 21.
Ce 14 octobre 1976, en soirée (heure locale), la fusée Soyouz et sa capsule Soyouz 23 s'élèvent depuis Baïkonour afin de s'arrimer à la station spatiale Saliout 5 - les deux hommes doivent y rester entre u n et trois mois.
Mais l'arrimage automatique est impossible à s'effectuer, les capteurs indiquant une mauvaise vitesse latérale et coupant, à chaque fois et à environ 100 mètres de distance, la procédure d'arrimage.
L'équipage était certes entraînés à s'arrimer manuellement mais absolument pas une approche manuelle en plus depuis cette distance. Les réserves de carburants se sont vites épuisées, et la seule option possible était un retour ''en urgence'' sur Terre.
La rentrée dans l'atmosphère a été calculée, mais elle n'était pas aussi précise que maintenant, il fallait tenir compte des frontières, météo, etc... La rentrée dans l'atmosphère proprement dite dura 180 secondes et les modules se séparèrent normalement : le module orbital et le module de propulsion brûlèrent dans l'atmosphère, tandis que le module de descente contenant l'équipage continuait son retour sur Terre. Et à environ 120 km d'altitude, la capsule se frotte aux couches hautes de l'atmosphère, chauffant son bouclier thermique mais la ralentissant aussi.
A 15 minutes de l'atterrissage, la vitesse est encore de 230 m/s et c'est là que sont sortis 4 parachutes dont un de freinage de 24 m2 qui vont continuer de ralentir la capsule jusqu'à environ 80 m/s. Puis va sortir le parachute principale, de 1 000 mètres carrés. Ses attaches lors de déploiement donne d'abord un angle de 30° à la capsule se qui permet de dissiper la chaleur engendrée lors de la descente avant de revenir ''à plat''. Le descente est maintenant de 7,3 m/s, ce qui est encore un peu trop rapide. Donc, à une seconde de l'atterrissage prévu, un groupe de trois retro-fusées placées sous la capsule s'allument pour pousser dans l'autre sens permettant ainsi un freinage et un atterrissage en douceur (ou plus ou moins).
C'est ce qui se passe généralement !
Sauf que le vol de 2 jours 00 heure et 6 minutes faillit tourner à la catastrophe !
Au lieu d'atterrir sur de la terre ferme, Soyouz 23 et son équipage, amerrissent et se posèrent de nuit à la surface d'un lac gelé, le lac Tengiz au Kazakhstan, et en pleine tempête de neige ! Ils se trouvaient à 140 km au sud-est d'Arkalykh qui aurait dû être leur point de chute.
La glace s'est en partie brisée entraînant le parachute dans l'eau et avec le poids de celui-ci mouillé la capsule pivota et la trappe de secours se trouva elle aussi dans l'eau - mais l'étanchéité joua parfaitement son rôle (normal pour une capsule spatiale).
Malgré le froid, les cosmonautes coupèrent les chauffages pour économiser les batteries. La radio ne marchait plus. Ils leur fallu beaucoup de temps pour retirer leurs combinaisons de vol afin de mettre des vêtements plus chauds (c'est exiguë une capsule). Ils limitèrent leur conversation et contrôlèrent leurs respiration pour le pas user prématurément leurs réserves d'oxygène.
Les secours n'avaient qu'un point approximatif pour l'atterrissage et les balises n'étaient pas visibles avec l'épais brouillard. Une fois localisée, la capsule a été impossible à atteindre par bateaux pneumatiques à cause de la glace et de la boue. C'est une véritable opération de sauvetage d'envergure qui a été déployée avec le transport sur place par avion de véhicules amphibies, mais là aussi, l'accès était impossible. Les tourbières empêchèrent le travail.
Il a fallu attendre le petit matin et des conditions climatiques plus clémentes pour continuer le sauvetage. L'équipage avait tout éteint à bord de la capsule, à l'exception d'une petite lampe.
Au matin donc, une équipe de plongeurs fixa un collier de flottaison autour de la capsule et installa un dispositif pour qu'elle soit soulevée par hélicoptère ! Mais la capsule était pleine d'eau et trop lourde pour cette opération. On trainait donc précautionneusement la capsule jusqu'au rivage, et après plus de onze heures après leur amérissage, Vyacheslav Zudov et Valeri Rojdenstvenki retrouvèrent l'air libre, à la grande joie, et aussi à l'étonnement des sauveteurs qui avait craint le pire.
Ce n'est que lors de la Glasnost que l'on apprend les détails de ce retour de mission - à l'époque les autorités soviétiques n'avaient parlé que d'un amerrissage ''sans conséquence''.
Pour la petite histoire, c'est la première fois qu'une capsule Soyouz revenait de l'espace en mer, et c'était aussi la première fois qu'un plongeur sous-marinier effectuait une mission spatiale...
Bien que félicités publiquement et décorés, les deux hommes furent blâmer pour l'échec de cette mission et ne revolèrent jamais, même si par la suite, Vyacheslav Zudov sera Commandant doublure des équipages Soyouz 35 (qui vola en ) et Soyouz T-4 (qui vola en 1981).
Soyouz 23 fut son unique vol dans l'espace : 2 jours 00 heur 06 minutes.
Vyacheslav Zudov a pris sa retraite en 1987.
Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
Space Quotes - Souvenirs d'espace
Crédit : Roscosmos
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