mercredi 19 septembre 2018

Interview d'Aurélie Moussi, chef du projet Mascot au CNES


Rencontre avec Aurélie Moussi qui est la chef de projet pour le CNES de l'atterrisseur MASCOT.
(interview réalisée en septembre 2018)

- La mission Hayabusa 2 / MASCOT (cliquez sur ce lien en bleu)

(Aurélie Moussi et un modèle de Mascot à l'échelle 1)

Qui êtes-vous Aurélie Moussi et quel a été votre parcours scolaire et professionnel ?
Mon parcours scolaire est assez classique bien que tortueux : classes préparatoires scientifiques puis université puis Supaéro et enfin une thèse en astrophysique en partie financée par le CNES et l’ONERA.

J’ai débuté ma carrière professionnelle dans l’aéronautique (A380) puis je suis entrée au CNES il y a plus de 10 ans.
J’ai débuté aux opérations de maintien à poste et fin de vie des satellites d’observation de la Terre avant de retourner à mes premières amours : la science.

J’étais en charges des opérations scientifiques sur Philae à bord de la mission Rosetta et c’est tout naturellement que j’ai pris en charge le projet Hayabusa2-MASCOT à la suite. En effet MASCOT est un peu le petit frère de Philae.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans le spatial ?
Je ne me souviens pas d’un instant précis…si vous écoutez mes parents j’ai toujours été intéressée par les étoiles et par l’archéologie et j’ai désormais la chance d’allier les 2 ! Néanmoins j’ai toujours su que je voudrais rester proche de la technique et de la science.

Vous m'avez dit vendredi que la mission MASCOT a été une mission ''assez rapide'' dans sa conception. Pouvez vous nous rappelez pourquoi ?
C’est ce qu’on appelle une mission d’opportunité. 
L’agence japonais disposait d’une place à bord de sa mission et s’est adressée à l’Allemagne et à la France pour la combler. Mais effectivement ça a induit de grosses contraintes pour nous en termes de volume, de masse et de timing.

Il n’y a eu que 2 ans entre le moment où nous avons signé pour cet atterrisseur et la livraison de MASCOT pour le lancement ! Nous avons donc dû faire preuve d’ingéniosité et de flexibilité.

Quelle est votre rôle en tant que chef de projet sur MASCOT ?
Je dois avoir une vue d’ensemble de tous les métiers impliqués pour pouvoir prendre des décisions et défendre notre expertise auprès de nos partenaires allemands et japonais mais aussi pour échanger avec les scientifiques du projet.

Ma plus grande mission est que chacun trouve sa place au sein de l’équipe et que les relations avec tous les interlocuteurs soient au beau fixe, que toutes les informations utiles circulent, bref construire une équipe et faire qu’elle fonctionne et donne le meilleur d’elle-même. 
C’est souvent l’humain plus que la technique qui est le gage de la réussite d’un projet.

A quelques jours de l'atterrissage de MASCOT sur Ryugu, comment vous sentez-vous ?
Curieusement sereine (bien que fatiguée)…car nous avons tous fait notre maximum et que maintenant nous devons nous reposer sur les dieux de la mythologie japonaise ;-)…
Dans ce type de mission d’exploration il y a toujours une part d’inconnu, des aspects que nous ne pouvons pas contrôler et qui rendent la mission intéressante d’ailleurs.

Quel(s) est(sont) votre(vos) rôle(s) dans la phase finale et où vous trouverez vous le 3 octobre ?
Les équipes du CNES seront en partie au centre de contrôle MASCOT à Cologne et en partie au CNES à Toulouse pour suivre l’avancement des opérations et apporter un support.

Nous allons confronter les prédictions aux éléments issus de la télémesure réelle et échanger avec le DLR et la JAXA pour que tout se passe pour le mieux.

(Lander Control Center à Cologne / Crédit : DLR)
Aimeriez-vous vous même aller dans l'espace ? et pourquoi ?
Oui et non…oui pour enfin voir les astres depuis le ciel, mettre en perspective tout ce qu’on a vécu jusque-là. D’un autre côté, les missions robotisées sont beaucoup moins couteuses et nous permettent un tel degré de liberté que les découvertes possibles me semblent bien plus importantes en restant sur Terre.

Après MASCOT, quels sont vos projets ?
Continuer à suivre la mission Hayabusa2 jusqu’au retour des échantillons sur terre.
Essayer de participer à d’autres missions vers des « petits corps » du système solaire et participer à la préparation d’une autre mission scientifique mais avec la Chine (SVOM) cette fois.

Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace

Remerciements : Aurélie Moussi / CNES

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