Rencontre avec Aurélie Moussi qui est la chef de projet pour le CNES de l'atterrisseur MASCOT.
(interview réalisée en septembre 2018)
- La mission Hayabusa 2 / MASCOT (cliquez sur ce lien en bleu)
(Aurélie Moussi et un modèle de Mascot à l'échelle 1) |
Qui êtes-vous Aurélie Moussi et quel a
été votre parcours scolaire et professionnel ?
Mon parcours scolaire est assez
classique bien que tortueux : classes préparatoires scientifiques puis
université puis Supaéro et enfin une thèse en astrophysique en partie financée
par le CNES et l’ONERA.
J’ai débuté ma carrière professionnelle
dans l’aéronautique (A380) puis je suis entrée au CNES il y a plus de 10 ans.
J’ai débuté aux opérations de maintien à
poste et fin de vie des satellites d’observation de la Terre avant de retourner
à mes premières amours : la science.
J’étais en charges des opérations
scientifiques sur Philae à bord de la mission Rosetta et c’est tout
naturellement que j’ai pris en charge le projet Hayabusa2-MASCOT à la suite. En
effet MASCOT est un peu le petit frère de Philae.
Pourquoi avez-vous choisi de
travailler dans le spatial ?
Je ne me souviens pas d’un instant
précis…si vous écoutez mes parents j’ai toujours été intéressée par les étoiles
et par l’archéologie et j’ai désormais la chance d’allier les 2 !
Néanmoins j’ai toujours su que je voudrais rester proche de la technique et de
la science.
Vous m'avez dit vendredi que la
mission MASCOT a été une mission ''assez rapide'' dans sa conception. Pouvez
vous nous rappelez pourquoi ?
C’est ce qu’on appelle une mission
d’opportunité.
L’agence japonais disposait d’une place à bord de sa mission et s’est adressée à l’Allemagne et à la France pour la combler. Mais effectivement ça a induit de grosses contraintes pour nous en termes de volume, de masse et de timing.
L’agence japonais disposait d’une place à bord de sa mission et s’est adressée à l’Allemagne et à la France pour la combler. Mais effectivement ça a induit de grosses contraintes pour nous en termes de volume, de masse et de timing.
Il n’y a eu que 2 ans entre le moment où
nous avons signé pour cet atterrisseur et la livraison de MASCOT pour le
lancement ! Nous avons donc dû faire preuve d’ingéniosité et de
flexibilité.
Quelle est votre rôle en tant que chef
de projet sur MASCOT ?
Je dois avoir une vue d’ensemble de tous
les métiers impliqués pour pouvoir prendre des décisions et défendre notre
expertise auprès de nos partenaires allemands et japonais mais aussi pour
échanger avec les scientifiques du projet.
Ma plus grande mission est que chacun
trouve sa place au sein de l’équipe et que les relations avec tous les
interlocuteurs soient au beau fixe, que toutes les informations utiles
circulent, bref construire une équipe et faire qu’elle fonctionne et donne le
meilleur d’elle-même.
C’est souvent l’humain plus que la technique qui est le
gage de la réussite d’un projet.
A quelques jours de l'atterrissage de
MASCOT sur Ryugu, comment vous sentez-vous ?
Curieusement sereine (bien que
fatiguée)…car nous avons tous fait notre maximum et que maintenant nous devons
nous reposer sur les dieux de la mythologie japonaise ;-)…
Dans ce type de mission d’exploration il
y a toujours une part d’inconnu, des aspects que nous ne pouvons pas contrôler
et qui rendent la mission intéressante d’ailleurs.
Quel(s) est(sont) votre(vos) rôle(s)
dans la phase finale et où vous trouverez vous le 3 octobre ?
Les équipes du CNES seront en partie au
centre de contrôle MASCOT à Cologne et en partie au CNES à Toulouse pour suivre
l’avancement des opérations et apporter un support.
Nous allons confronter les prédictions
aux éléments issus de la télémesure réelle et échanger avec le DLR et la JAXA
pour que tout se passe pour le mieux.
(Lander Control Center à Cologne / Crédit : DLR) |
Aimeriez-vous vous même aller dans
l'espace ? et pourquoi ?
Oui et non…oui pour enfin voir les
astres depuis le ciel, mettre en perspective tout ce qu’on a vécu jusque-là.
D’un autre côté, les missions robotisées sont beaucoup moins couteuses et nous
permettent un tel degré de liberté que les découvertes possibles me semblent
bien plus importantes en restant sur Terre.
Après MASCOT, quels sont vos projets ?
Continuer à suivre la mission Hayabusa2
jusqu’au retour des échantillons sur terre.
Essayer de participer à d’autres
missions vers des « petits corps » du système solaire et
participer à la préparation d’une autre mission scientifique mais avec la Chine
(SVOM) cette fois.
Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
Space Quotes - Souvenirs d'espace
Remerciements : Aurélie Moussi / CNES
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