vendredi 15 janvier 2016

15 janvier 2016 - Conférence de presse du Directeur Général de l'ESA Jan Wöerner


Au siège de l'ESA à Paris ce matin, le nouveau Directeur Général de l'ESA (depuis juillet dernier) Johann-Dietrich ''Jan'' Wöerner donnait la traditionnelle conférence de presse du début d'année.

Vous pouvez retrouvez l'intégralité de cette conférence, en anglais, sur le site de l'ESA en cliquant ICI.


Je vous propose un petit compte-rendu non exhaustif de cette conférence.


Tout d'abord, Jan Wöerner se différencie de son prédécesseur Jean-Jacques Dordain, par une utilisation plus didactique des moyens multimédias - sa présentation a été autant orale que visuelle.

Jan Wöerner a d'abord expliqué sa vision et le rôle de l'ESA auprès de ses états-membres et de la vision qu'avaient aussi ses membres de l'ESA - c'est le Driving#Space4.0


L'ESA est actuellement composé de 22 états-membres (20 de l'Union Européenne auxquels il faut ajouter la Norvège et la Suisse), ainsi que d'un état-coopérant (le Canada) et 7 autres états européens ayant passé un accord de coopération avec l'ESA.

Le Driving#Space4.0 représente donc l'évolution dans laquelle va se trouver et se positionner l'ESA dans le futur :

- Space1.0 : Astronomie (et l'astrologie)
- Space2.0 : Course à l'espace / Période Apollo
- Space3.0 : l'Espace comme prochaine dimension / Période de l'ISS
- Space4.0 : Nouvel Espace, relaxant, fascinant, compréhensible
                    - Interaction avec la société
                    - Augmentation des pays voulant se servir du spatial
                    - Commercialisation (partenariat sociétés privées /
                      agences spatiales)
                    - Spin off / Spin In
                    - L'Espace pour le public, le privé, le tourisme...

L'ESA se trouve et doit rester au centre de 4 grands secteurs interconnectés :


Et pour que le Space4.0 puisse fonctionner, Jan Wöerner fait l'analogie avec la musique où ces 4 secteurs doivent marcher de concert.



L'ESA doit aussi servir de médiateur entre ses états-membres et associés afin justement de concilier ensemble ces différents pays, les objectifs spatiaux de ceux-ci, leurs différentes compétences et leurs différentes cultures, notamment industrielles.

Pour ce faire, une étude est réalisée sur les attentes et objectifs de ces mêmes états  :

- Why are you in ESA ?
- What are your interests ?

Et à la question concernant les challenges globaux auxquels le spatial peut répondre, les états interrogés ont répondu :

- changement climatique
- les flux migratoires
- les communications
- l'énergie
- manque de ressources
- développement démographique
- catastrophes et conflits
- santé
- ... curiosité



Ensuite, Jan Wöerner a rappelé les grands événements spatiaux de l'ESA pour l'année 2015. Trois astronautes européens sont allés dans l'espace et ont visité la Station Spatiale Internationale (Samantha Cristoforetti, Andreas Mogensen, et Tim Peake sous survolant depuis le 15 décembre dernier).
L'ESA a été également très touché par les attentats en France.


Un point a été fait aussi sur les lanceurs, et bien sûr le futur lanceur Ariane 6.
Et choisir un lanceur qui doit répondre à la charte n°1 de l'ESA - garantir un accès indépendant à l'espace pour les états membres surtout pour les lancements institutionnels - n'est pas aussi facile que cela.
Ce choix dépend de plusieurs critères tels que la flexibilité, le choix de la propulsion, les types de carburants, les méthodes de production, etc ... Ariane 6 est actuellement le meilleur choix pour l'ESA. Et il faut aussi voir pour le futur les évolutions d'Ariane 6.


Il a été aussi, bien sûr, question de la ''réutilisation'' d'un lanceur - actualité américaine oblige avec Blue Origin et SpaceX.
Il n'est pas question de dire que cela est utile ou inutile, c'est comme comparé une bouteille en verre recyclable et une bouteille en plastique non recyclable : tout dépend de l'usage que l'on veut faire du lanceur, de l'intérêt économique, de la faisabilité, etc ...
L'ESA se pose des questions bien sûr sur ce concept de ''réutilisation'' :

- Aspect environnemental ?
- Y a t-il un marché pour cela ?
- Impact économique sur la production industrielle ?
- Impact technologique ?
- Disponibilité ?
- Est-ce approprié pour l'Europe actuellement ?


L'ESA est toujours partenaire de la NASA avec le module Orion pour laquelle elle fournie la partie ESM.



Et Jan Wöerner a parlé de sa vision de son village lunaire. Celui-ci ne pourra prendre forme qu'après la fin de l'utilisation de l'ISS, prévue en 2024.
Pour l'instant, la participation de l'ESA à l'ISS est jusqu'en 2020, mais elle rejoindra certainement les USA, la Russie et le Japon qui ont signé en 2015 un accord de prolongation jusqu'en 2024.
On saura à la fin de l'année, avec la Ministérielle à Lucerne en Suisse, si l'ESA sera partenaire jusqu'en 2024.


Après la fin de l'ISS, Jan Wöerner fait deux propositions :

- Proposition A : Accès plus fréquent à l'orbite terrestre
- Proposition B : Exploration spatiale internationale

La proposition A doit permettre un accès plus fréquent à l'orbite terrestre, notamment pour des expériences en microgravité et aussi pour la récupération de débris spatiaux.
L'utilisation du Dream Chaser de Sierra Nevada Corporation est fortement envisagée.


La proposition B met l'accent sur la coopération internationale avec la création d'un village lunaire.

Pour Jan Wöerner, le village lunaire est certainement actuellement le successeur idéal à l'ISS.

Cela fait plusieurs fois que Jan Wöerner évoque ce village lunaire, et l'intérêt pour cette proposition n'est plus si anecdotique que cela.
La création d'un village lunaire sera une coopération internationale mais qui sera totalement différente de la coopération actuelle pour la Station Spatiale Internationale.
La Lune servirait alors de prochaine station spatiale - un seul endroit mais de multiples usages pour de multiples utilisateurs. Des intérêts multiples mais rien d'individuel - la coopération doit être le maître mot. Chaque partenaire pourrait apporter ses compétences, tout ce qu'il voudra sur la Lune - << ... mais je n'ai qu'une restriction : aucune arme ! >> plaisante Jan Wöerner.

<< Nous devons sortir des sentiers battus - avoir des idées nouvelles ! Et puis, il n'y a pas de meilleures propositions pour l'après-ISS ! >> ajoute-t-il en souriant.


Voici ce que représente le coup du spatial pour les européens :



La conférence se termine avec les grandes dates spatiales de l'ESA pour 2016 :

- 28 janvier : Lancement EDRS-A par un lanceur Proton depuis Baïkonour
- 4 février : Lancement de Sentinel-3A par une Rockot depuis Plesetsk
- 14 mars : Lancement d'Exomars par un lanceur Proton depuis Baïkonour / Atterrissage sur Mars prévu en octobre
- 12 avril : Lancement de Sentinel-1B par une Soyouz depuis Kourou
- 5 juin : Retour sur Terre de Tim Peake
- mi-juin : Lancement de Sentinel-5 par une Rockot
- Septembre : Fin de la mission Rosetta
- Septembre : Lancement de Sentinel-2B par une Rockot depuis Plesetsk
- Octobre : Lancement des Galileo 13, 14, 15, 16 par une Ariane 5 depuis Kourou
- Nov-Déc : Lancement de SmallGeo par une Ariane 5 depuis Kourou
- 15 novembre : Thomas Pesquet s'envolera vers l'ISS
- 1 et 2 décembre : Conseil Ministériel à Lucerne en Suisse


Science et Exploration : 
Fascination, Inspiration, Motivation



Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace


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