lundi 30 décembre 2019

Rencontre avec Charlie Duke - Apollo 16 - 10ème homme à marcher sur la Lune


Charlie Duke était au Salon du Bourget 2019 avec Al Worden (Apollo 15) et Walt Cunningham (Apollo 7) pour célébrer les 50 ans de la mission Apollo 11 et j'ai pu m'entretenir quelques minutes avec lui.
Retour sur ce Salon en images avec mon blog dédié en cliquant ICI.


Sélectionné en 1966 comme astronaute par la NASA, Charlie Duke est pilote de chasse et pilote d'essais de l'US Air Force. Il est le plus jeune des douze astronautes ayant marché sur la Lune (il avait  36 ans). C'était lors de la mission Apollo 16 en avril 1972.

Il est un des quatre Moonwalker encore en vie aujourd'hui (Aldrin, Scott, Duke et Schmitt).


Avez-vous toujours voulu devenir astronaute ? C'est un objectif que vous vous étiez fixé ?
Non, non, pas vraiment... J'adorais voler. Et rentrer à l'US Naval Academy a été une grande satisfaction. Mais je savais qui si je voulait évoluer dans ma carrière de pilote, il me fallait reprendre des études. J'ai dpnc été volontaure pour suivre une formation d'ingénieur au MIT puis à l'Ecole des Pilotes d'Essais de l'US Air Force à Edwards. Puis, nous avons vu, à Edwards, l'annonce de recrutement de la NASA, alors avec les copains, on s'est dit <<Pourquoi pas ? >>...

... US Navy et US Air Force ?
Oui, à l'époque, il n'y avait pas de US Air Force Academy. Et pour faire simple, j'avais un peu le mal de mer (rires...). J'ai donc intégré l'US Air Force plutôt que la Navy.

Et votre intêret pour les avions est venu comment ?
En voyant une trainée dans le ciel laisée par un avion à réaction. Je me suis dit que ça devait être super de faire des trainées dans le ciel. Je ne pensais plus qu'à ça (rires...). J'ai donc postuler à la Naval Academy. Jai fais mon premier vol sur un hydravion. C'était fantastque !

Vous avez été CapCom sur Apollo 10, puis Apollo 11 (chose inhabituelle dans le jeu des rotation=ndlr). Comment vous êtes-vous retrouvé CapCom sur Apollo 11, et quel souvenir avez-vous de l'alunissage ? On se souvient tous de vos propos quand Neil Armstrong a prononcé << L'Aigle s'est posé >>
Oui, c'était inhabituel. C'est Neil qui m'a demandé d'être là car j'avais beaucoup travaillé sur les systèmes du LEM que je connaissais très bien.
Le Mission Control était très très tendu durant cette dernière mission. C'était incroyable cette tension qu'il y avait. Je la sentais tout autour de moi. Je me souviens surtout d'être très heureux d'être là, avec des gens extraordinaires, dans un endroit extraordinaire, pour un événement extraordinaire.
Tout le monde retenait son souffle, et quand j'ai dit : << (...) Nous avons un tas de gens qui étaient prêts à virer au blu. Nous respirons de nouveau ici (...) >>, et bien c'était vrai, tout le monde avait retenu son souffle !

Lors du Salon du Bourget 2019, j'ai eu l'occasion de poser la première question de la conférence de presse organisée par la NASA. Et Charlie Duke, Walter Cunningham, Al Worden y ont répondu tous les trois. Comme c'était la même question posée à Charlie Duke pour ce petit entretien, je vous mets la vidéo avec les trois réponses des trois astronautes.

Quel était votre état d'esprit avant le décollage ?

Vous étiez stressé au moment de l'alunissage ?
Pas par l'alunissage en lui-même, non, mais parce qu'il y a eu un souci juste après notre séparation d'avec Ken (le 3ème astronaute resté dans le module de service autour de la Lune=ndlr). Après la séparation, Ken devait remonter et pivoter un peu le CMS (module de commande) pour attteindre un angle de 60° au cas où nous abandonnerions notre alunissage et devions remonter d'urgence. Il y a eu un problème de moteur pour stabiliser en orbite circulaire. On a pensé qu'on allait devoir annuler l'alunissage. Mais finalement, le Mission Control a trouvé la solution et on a eu le feu vert.

Nous étions très confiants sur nos capacités à se poser. Nous nous étions entraînés pour... Et puis, nous étions le 5ème équipage à le faire, donc on avait aussi toute l'expérience des autres.
Nous avions des photos très détaillées de notre site d'atterrissage qui avaient été prises par Stu (Stu Roosa lors d'Apollo 14=ndlr), on connaissait donc par coeur notre site d'atterrissage.

Après votre alunissage, pas trop pressé d'aller sur la Lune ? de tester la Jepp ? Comment c'est de conduire une jeep sur la Lune ?
Ah si, nous avions hâte, mais on a respecté notre planning qui prévoyait d'abord du repos avant de sortir plusieurs heures plus tard.
La Jeep est une machine merveilleuse. Elle a révolutionné l'exploration lunaire. Je servais de navigateur, c'est moi qui avait les cartes pour nous guider. Je guidais et décrivais aussi tout haut pour Mission Control car il n'y avait pas possibilité de filmer en direct. En fait, le plus compliqué, ça a été de se reperer d'après les photos, pourtant très détaillées des sites à visiter. Vu du sol, la perspective n'est absolument pas la même. Je me servais principalement du gyroscope directionnel, avec le Soleil, pour guider John. Lui a trouvé très amusant de conduire sur la Lune.


Qu'est-ce qui vous a le plus impressioné émerveillé, une fois sur la Lune ?
Au début, ça été de penser que dormir sur la Lune, c'était plutôt cool comme camping après une bonne randonnée (rires...).
Puis, lors de mes sorties, c'était de voir la Terre, là, suspendue au-dessus de nous. Lors du trajet vers la Lune, je l'avais déjà trouvé belle, mais là, avec moi et mes pieds sur la Lune, elle m'apparaissait vraiment comme une pierre précieuse bleue devant nous.

Pas de soucis avec la Jeep ?
Non, elle a très bien fonctionné. Par contre, on a perdu un garde-boue, et là, on avait l'impression qu'il pleuvait de la poussière lunaire. Nos combinaisons étaient très sales.

Vous avez chuté sur la Lune...
... Oui... Avec John, on voulait faire les Jeux Olympiques, mais on n'a pas eu le temps. J'ai donc commencer quand même à sauter, puis lors du dernier bond, je suis parti à la renverse. Je n'étais pas bien ''fier'' - non seulement parce que je me suis fait un peu peur quand même, mais aussi parce que j'ai vu après que la caméra était braquée sur moi (rires...).

Vous avez laissé des petits souvenirs sur la Lune ?
Ah oui (sourire...). J'ai laissé une photo de famile, avec nos enfants qui avaient 5 et 7 ans. C'était une façon de les impliquer dans ce vol. Au dos, nous avons écrit ''Voici la famille de l'astronaute Duke de la planète Terre. Atterri sur la Lune, avril 1972''. Tout le monde a signé derriere la photo. Je l'avais emballée dans un film plastique, puis je l'ai posé sur le sol de la Lune et j'ai fait une photo de la photo.

J'ai également laissé une médaille spéciale des 25 ans de l'US Air Force.

J'ai lu quelque part que vous regrettiez un peu d'avoir quitté la NASA et que vous auriez aimé voler en navette ?
Oui, avec le recul, j'aurai aimé voler en navette et prendre part à ce programme.

Que vous inspire le fait que 47 ans après le dernier vol Apollo, on ne soit toujours pas retourné sur la Lune ? Comment voyez-vous l'avenir ?
C'est une déception, je ne vous le cache pas. Mais nous sommes actuellement sur le bon chemin pour y retourner. La volonté scientifique, politique sont là. Et ça, c'est bien !

Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quites - Souvenirs d'espace
Remerciements : Kallman Worldwide, GIFAS, SIAE

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