Salizham Charipov est un cosmonaute, originaire
du Kirghizistan.
Pilote de chasse dans l’Armée de l’Air
soviétique, il est sélectionné comme cosmonaute en 1990 (Groupe TsPK-11) et est
déclaré cosmonaute à l’issue de son entraînement de base en 1992.
Salizham Charipov a effectué deux
missions spatiales et a passé en tout 201 jours14 heures 49 minutes dans l’espace :
STS-89 : 23 au 31 janvier 1998
Expedition 10 : 14 octobre 2004 au 24
avril 2005
Il a été doublure sur Soyouz TM-29 / Soyouz TM-30 / STS-113 / Expedition 9 / Expedition 16
Il a été doublure sur Soyouz TM-29 / Soyouz TM-30 / STS-113 / Expedition 9 / Expedition 16
Entretien réalisé le 16 octobre 2017
lors du 30ème Congrès des astronautes de l’ASE (Association of Space
Explorers) à la Cité de l’Espace à Toulouse.
Pourquoi avoir choisi d’être cosmonaute ?
A quand remonte cette envie de devenir cosmonaute ?
Parce que c’est cool (Rires…) !
J’étais encore petit, 4 ou 5 ans, lorsqu'en
me promenant avec ma mère, j’ai vu un avion voler très bas. Je me suis dis que
moi aussi j’aimerai bien me balader dans les airs pour voir les gens se
promener. J’ai donc travaillé dur, et je suis devenu pilote militaire. Et en
étant pilote, je voulais aller de plus en plus haut, de plus en plus vite...
Et quand l’opportunité de postuler pour
être cosmonaute s’est présentée, j’ai aussitôt fait une demande. Enfin pas moi,
mais mon unité. C’est comme cela que l’on choisissait les candidats. L’armée
choisit des candidats, et …
Sur quel(s) critère(s) ?
Le premier critère est d’avoir une
grosse expérience de vol en tant que pilote de chasse.
Je pilotais des Mig-21
et j’avais la chance d’avoir cette expérience de vol.
Puis, une fois les noms
transmis, il y a la commission médicale, une commission éducation, etc… plein
de commissions et pleins de tests et entretiens. Je crois que cela m’a pris
plusieurs mois pour arriver à la dernière manche de cette sélection.
J’ai
travaillé dur pour être sélectionné et je devais travailler aussi dur pour
finir ma formation (ndlr : sélectionné en 1990 et fin d’entraînement en
1992).
Pour être cosmonaute, il faut travailler
dur, et avoir aussi de la chance, être là au bon moment, avoir la forme au bon
moment, avoir des étoiles chanceuses au bon moment !
Vous avez effectué votre premier vol
spatial, il y a presque 20 ans, c’était STS-89, en direction de la station MIR.
Dans quel état d’esprit étiez-vous avant le décollage ? Comment s’est
passé celui-ci ?
J’étais très concentré mais j’attendais
le décollage avec impatience !
J’étais très content de décoller même si
on a eu un peu peur que le décollage soit reporté à cause du temps. Je m’étais
préparé pour ce décollage, mais le vivre en vrai était vraiment une expérience
extraordinaire !
(Arrivée de Salizham Charipov au KSC pour le décollage de STS-89) |
Quelles ont été vos premières pensées
une fois dans l’espace ? L’apesanteur, c’est comment ?
J’attendais cela avec impatience !
Dès le décollage, je guettais ce moment dans un coin de ma tête, j’étais
concentré.
J’étais dans le mid-deck et il n’y a pas de fenêtres… je me concentrais
donc sur les bruits qui me rapprochaient de la mise en orbite : bruits de
séparation de boosters, bruit de séparation du réservoir externe… et plus rien…
nous étions en gravité zéro !
J’ai trouvé cela formidable mais je n’ai
pas eu réellement le temps d’y penser sur le moment. J’avais réalisé mon rêve,
et j’étais très heureux !
Puis, il y avait beaucoup de travail qui
nous attendait, ce qui laisse peu de place aux sentiments personnels.
(STS-89 est l'avant-dernière mission d'arrimage d'une navette avec la station MIR) |
Pouvez-vous justement nous parler un peu
de votre travail dans la navette lors de votre premier vol spatial ?
Ce premier vol était une courte mission
(ndlr = presque 9 jours) et a donc été très intense.
Nous devions nous arrimer
à MIR pour transférer du matériel et surtout faire une rotation d’équipage,
entre Dave Wolf et Andy Thomas.
Mon rôle a été de filmer et de
photographier la phase d’approche d’Endeavour et l’arrimage avec MIR. J’étais
juste derrière le commandant de bord Terry Wilcutt. C’était très impressionnant
de s’approcher comme cela de MIR.
J’ai fait beaucoup photos – j’ai reçu aussi une formation de
cartographie et cela m’a été bien utile lors du vol.
Comment s’est passé le retour sur Terre ?
Etiez-vous triste de rentrer ?
Tout en douceur ! Avec la navette,
c’est vraiment très agréable ! le retour en Soyouz est bien plus ‘’sportif’’
(Rires…).
J’étais triste de rentrer car je voulais
que mon rêve se prolonge un peu plus, mais aussi content à la fois, car je
savais que j’allais revoir ma femme, ma famille, mes amis, dont certains que je
n’avais pas vu depuis longtemps à cause de la préparation de cette mission.
Une petite dernière question :
Quelle(s) différence(s) avez-vous ressenti entre ce vol courte durée en navette
et votre vol longue durée vers l’ISS par un Soyouz ? Vous avez effectué
deux EVA - quel(s) souvenir(s) en gardez-vous ?
C’est d’abord une sacrée aventure.
Presque deux mondes différents !
MIR était notre station, à nous les
russes, et la Station Spatiale Internationale est la station, non plus d’une
nation, mais de plusieurs. En peu de temps, cela à complètement changé notre
perspective.
La navette nous envoyait en orbite de
façon bien plus ‘’douce’’ que le Soyouz, et nous ramenait sur Terre aussi de
façon plus douce, mais c’était un véritable bonheur de décoller et d’atterrir avec
un Soyouz !
Pour un vol court, les journées de
travail sont très intenses. Sur un vol long, on a plus de travail évidemment,
mais celui-ci est réparti dans le temps, donc c’est beaucoup plus facile à
gérer, même si nos journées étaient longues.
Puis nous n’étions que deux (ndlr
= accident de Columbia et reprise des vols vers l’ISS par la navette qu’à
partir de juillet 2005), donc un peu plus de travail pour nous.
Mes deux EVA sont des moments
extraordinaires, intenses, dont je me rappellerai toujours. Malgré le travail à
effectuer, j’ai adoré regarder la Terre vue de haut !
Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969Space Quotes - Souvenirs d'espace
Remerciements à l'Association of Space Explorers (ASE) et à la Cité de l'Espace à Toulouse
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