samedi 31 décembre 2016

Bilan de l'année spatiale 2016

(en cours de publication)

L'année spatiale 2016 a été chargée, si, si, même s'il ''n'y a eu'' que 85 lancements (2 de moins qu'en 2015) qui ont mis en orbite quelques 197 sondes et satellites. 
Il y a eu trois échecs dont deux ont eu des répercussions directement sur la Station Spatiale Internationale avec l'explosion sur son pad de tir d'un lanceur Falcon 9 en septembre qui a cloué au sol tous les lancements de Space X, dont celui du Dragon de ravitaillement. Et un Progress de ravitaillement a aussi été un échec au lancement.

Pour rester avec l'ISS, celle-ci a été visitée par 4 équipages dont l'astronaute Thomas Pesquet qui est devenu le 10ème français dans l'espace le 17 novembre dernier. Elle a reçu la visite de 7 vaisseaux ravitailleurs également.

Arianespace a réalisé une bonne année 2016 dont 7 lancements réussis d'Ariane 5 qui en fait le 76ème lancement consécutif sans échec de ce lanceur, un record.

L'année 2016 a été particulièrement funèbre dans le monde artistique, et hélas, le monde aéronautique et spatial n'y ont pas échappé avec les disparitions d'André Brahic, Jack Garman, des pilotes d'essais André Turcat, Joe Cotton, Don Sorlie, Bob Hoover et des astronautes Edgar Mitchell, Don Williams, Doc Graveline, John Glenn et Piers Sellers.

Pour Space Quotes - Souvenirs d'espace, cette année a aussi été très intense avec une soixante d'articles et reportages et une dizaine d'interviews. Plusieurs déplacements en France et à l'étranger.

Je ne vais pas vous faire un article détaillé de toute l'année écoulée, vous pouvez vous replonger dans tous les articles publiées sur Space Quotes, Space Relics, et sur le forum Souvenirs d'espace ;-)
Voici quelques uns de mes coups de coeur, pas forcément chronologiques...

Le ''héros'' spatial de cette fin d'année a été certainement Thomas Pesquet qui est devenu le 10ème français dans l'espace le 17 novembre dernier lors de son lancement avec Soyouz MS-03. Suivi par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, Tomas poste régulièrement des photos, des musiques, des témoignages et des vidéos depuis l'ISS, ce qui permet à tous ceux qui le suivent de vivre en quasi-direct une mission spatiale, ce qui est une grande nouveauté.

En mars, l'équipage de ISS One Year est revenu sur Terre. Scott Kelly et Mikhail Kornienko ont quasiment passé un an à bord de l'ISS. Si un temps aussi long dans l'espace n'est pas une première pour un russe, par contre, cela l'était pour un américain. Scott Kelly qui devient ainsi le ''recordman'' du temps passé dans l'espace pour un non-russe.

Le satellite Microscope qui ''doit mettre à mal'' la théorie de la Relativité d'Einstein a été placé sur orbite.
Article ici

La sonde Juno est arrivé en orbite de la planète Jupiter en juillet pour une mission incroyable.
Article ici 

En septembre, la sonde OSIRIX-Rex s'est envolée vers l'astéroïde Bennu qu'elle doit attendre en 2022 avant qu'une partie de la sonde ne revienne sur Terre en 2013 avec des échantillons de poussière de Bennu.

Le 30 septembre a pris fin la mission Rosetta qui s'est posé sur la comète 67P.

En octobre, Exomars Trace Gas Orbiter est arrivé en orbite martienne, préparant ainsi l'arrivée de rover Exomars en 2020, même si l'atterrisseur démonstrateur Schiaparelli a échoué dans sa mission en s'écrasant à la surface martienne.

En novembre le programme Ariane 6 est confirmé et l'année se termine avec la Ministérielle et la mise en route des premiers services du système Galileo.

On peut ajouter aussi du côté du secteur privé les avancées de Blue Origin et la reprise des vols du deuxième prototype du SpaceShipTwo (Uss Unity) après l'accident mortel en octobre 2014. Space X doit reprendre courant janvier 2017 ses vols après l'explosion de sa Falcon 9 sur son pad de tir.

L'année 2017 s'annonce déjà très chargée et passionnante.




vendredi 23 décembre 2016

Disparition de l'astronaute Piers Sellers (1955-2016)



Piers Sellers est né le 11 avril 1955 en Grande-Bretagne.
Il se spécialise dans la météorologie, écologie et le climat (diplômé de l'Université d'Edimbourgh) et obtient un doctorat en biométéorologie (interaction entre la biosphère et la météorologie) en 1981 à l'Université de Leeds. Durant son service militaire, il passe ses brevets de pilote de planeur et de pilote d'avion privé.

En 1982, il quitte la Grande-Bretagne pour les Etats-Unis où il travaille comme chercheur au Goddard Space Flight Center à Greenbelt dans le Maryland.

Il postule comme astronaute à la NASA en 1984 mais n'est pas retenu car il n'est pas citoyen américain. En 1991, il est enfin naturalisé et il sera sélectionné par la NASA en 1996 dans le groupe 16 comme Mission Specialist.

Durant sa carrière à la NASA, Piers Sellers effectue 3 missions spatiales :

- STS-112 (2002)
- STS-121 (2006)
- STS-132 (2010)

Piers Sellers a passé 35 jours 9 heures et 2 minutes dans l'espace et il a effectué 6 sorties extra-véhiculaires au total (41 heures 10 minutes dans le vide spatial).


Le 16 janvier 2016, il publie une tribune dans le New York Time où il révèle qu'il était atteint d'un cancer du pancréas en phase terminale. Son témoignage est poignant.
Cancer and Climate Change (cliquez sur ce lien en jaune)

Piers Sellers a participé au documentaire produit par Leonardo Di Caprio ''Before the Flood'' sorti en octobre dernier. Lors de sa venue à Paris pour la présentation du documentaire avec le réalisateur Fisher Stevens, Leonardo Di Caprio avait rendu hommage au travail de Piers Sellers (voir le suivi de cette avant-première sur mon compte twitter).

(crédit : Goddard Space Flight Center)


Piers Sellers nous a quitté ce 23 décembre 2016 des suites d'un cancer du pancréas à l'âge de 61 ans.

En mars 2012, Piers Sellers était un des invités de Space Quotes - Souvenirs d'espace et nous avions eu une longue discussion quelques jours après lorsque nous nous sommes vus à Washington DC lors de l'arrivée de la navette Discovery au Udvar-Hazy Space Center.
Interview de Piers Sellers (cliquez sur ce lien en jaune)


STS-112 (7 au 18 octobre 2002) avec Atlantis


STS-121 (4 au 17 juillet 2006) avec Discovery


STS-132 (14 au 26 mai 2010) avec Atlantis

Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
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jeudi 15 décembre 2016

15 décembre 2016 - Mise en service du système Galileo

(en cours de publication)



Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
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mardi 13 décembre 2016

Rencontre avec le Professeur Jacques Blamont


Le Professeur Jacques Blamont est astrophysicien et il est l'un des pionniers du programme spatial en France, domaine dans lequel il est impliqué depuis la fin des années 1950.

Jacques Blamont a été le premier directeur scientifique du CNES lors de sa création en 1962. Il a joué un rôle majeur dans le développement des premiers satellites français et dans celui de certaines sondes spatiales. Il a également été un acteur majeur dans la création du Centre Spatial Guyanais à Kourou.

Jacques Blamont a écrit plusieurs ouvrages et a été de nombreuses fois récompensé pour son travail.

Jacques Blamont travaille toujours au CNES. 


Interview réalisé en octobre 2016

Pourquoi avoir choisi de travailler dans le domaine spatial et pourquoi avoir rejoint le CNES ?
Je n'ai pas choisi de travailler dans le domaine spatial, c'est lui qui est venu à moi.
En octobre 1957, lorsque j'ai été élu professeur à l'Université de Paris, on m'a demandé de m'occuper de la partie ''fusées'' du programme français de l'Année Géophysique Internationale, qui se composait de quinze tirs de Véronique, encore jamais essayée et pour laquelle n'existait aucune charge utile; la télémesure était rudimentaire.
J'ai proposé un programme qui a été exécuté avec succès sous ma direction et quand le CNES a été créé en mars 1962, le directeur général m'a imposé comme directeur scientifique et technique de l'organisme embryonnaire.

Quelle a été votre réaction après la mise en orbite d'Astérix, le premier satellite artificiel français,  par une fusée Diamant le 26 novembre 1965 ?
Au tout nouveau centre de calcul du CNES à notre centre spatial de Brétigny construit à partir de 1963, nous avons obtenu et communiqué au gouvernement les paramètres d'orbite d'Astérix muet. Nous avons donc été très occupés et utilement.
Mr Messmer (ndlr = Ministre des Armées à l'époque) prétendait que c'étaient les Américains qui avaient fait le travail. Ils l'ont effectivement assuré, mais après nous.
Nous n'avons pas eu de réaction exubérante au succès mais l'avons considéré comme partie de notre travail.

(Enveloppe 1er Jour signée par 5 responsables du programme Diamant / Astérix dont Jacques Blamont)

Quel(s) souvenir(s) avez-vous du premier alunissage par l'homme sur la Lune ?
J'ai un souvenir très précis du débarquement américain sur la Lune. A mon admiration s'est mêlé un petit sentiment d'amertume, alors que j'essayais sans succès d'entraîner la France dans l'exploration planétaire.

Vous travaillez toujours au CNES et vous êtes encore très impliqué dans le spatial. Qu'est-ce qui vous motive encore et comment concevez-vous l'avenir du spatial, de l'exploration spatiale ?
J'ai consacré ma vie à l'espace et plus particulièrement à développer la participation de la France à cette aventure. Il est normal que je consacre les quelques forces qui me restent à cet effort.

Pour l'avenir, il faut distinguer

- les application de l'espace, qui prennent chaque jour plus d'importance au point de jour un rôle principal dans le fonctionnement de notre civilisation, et qui sont menacées à terme par l'accumulation des débris orbitaux

- et l'exploration qui ne fait que commencer. Je crois à l'occupation de la Lune et de Mars, dans des tubes de lave.


Colloque sur les 50 ans de Diamant / Astérix au CNES le 17 février 2016 (cliquez sur le lien en jaune)

Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
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jeudi 8 décembre 2016

Disparition de l'astronaute John Glenn (1921 - 2016)


John Glenn
Une légende, un héros rejoint les étoiles

(crédit : Spacemen1969 d'après couverture du Time du 17 août 1998)

C'est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons la disparition de John H. Glenn, Jr ce jeudi 8 décembre 2016 à l'âge de 95 ans.

C'est une véritable légende de l'histoire de la conquête spatiale, mais aussi, un des touts derniers héros américains qui nous quitte. Il était le dernier survivant des astronautes du programme Mercury et le plus vieil astronaute dans l'espace. Une page vient de se tourner.

John Hershel Glenn, Jr naît le 18 juillet 1921 à Cambridge, dans l'Ohio et grandit à New Concord, toujours dans l'Ohio.

(carte postale des années 1960)
Après son baccalauréat (enfin, l'équivalent américain), il commence des études d'ingénieur à la Muskingum College de New Concord et passera sa licence de pilote privé en 1941 dans le cadre de ces mêmes études.
Après l'attaque de Pearl Harbour le 7 décembre 1941, Glenn quitte son université sans avoir terminé et validé son diplôme pour s'engager dans l'US Army Air Corps. Il intègre les cadets de l'US Navy Aviation en mars 1942 et part se former comme pilote de combat dans l'Iowa, le Kansas et le Texas.
Il rejoint l'US Marine Corps en 1943 comme pilote de transports d'abord à la VMJ-353), puis pilote de chasse sur Corsair (à la VMF-155). John Glenn effectuera 59 missions de combat avant de rejoindre la base de Patuxent River dans le Maryland peu de temps avant la fin de la guerre et d'être promu Captain.

En avril 1943, il épouse son amour de jeunesse, Annie, avec qui il reste marié tout au long de sa vie.

Durant la guerre de Corée, il effectue deux campagnes de combat.
La première, avec 63 missions avec un F9F Panther, où il gagne le surnom de ''Magnet Ass'' (par sa propension à attirer sur lui le feu des défenses anti-aériennes ennemies).
La seconde avec F-86F Sabre, avec 27 missions de combat et trois Mig-15 abattus. Son avion sera célèbre, notamment par le surnom donné :  ''Mig Mad Marine''.

(John Glenn avec son Panther touché par la DCA ennemie)

En 1954, il est formé comme pilote d'essais à l'US Naval Test Pilot School de Patuxent River.

Le 16 juillet 1957, il est le premier à traverser sans escale les Etats-Unis d'Ouest en Est - de Los Alamitos en Californie à New York. C'est le ''projet Bullet''. John Glenn effectue la traversée en 3 heures 23 minutes et 8 secondes à bord d'un Vough F8 Crusader ravitaillé en vol.
(programme TV américain)

En avril 1959, il est sélectionné par la NASA comme astronaute pour le programme Mercury. Il sera un des ''7 de Mercury'', les fameux We Seven.


Je ne vais pas revenir sur le parcours spatial de John Glenn qui devient le premier américain en orbite lors de la mission Friendship 7 le 20 février 1962. Replongez-vous dans l'article spécial consacré à cette mission et à l'interview accordée (cliquez sur les liens en bleu).

La mission Friendship 7
Interview de John Glenn


Le 16 janvier 1964, John Glenn annonce sa démission de la NASA et le lendemain, il annonce sa candidature (démocrate) au poste de sénateur de l'Ohio. Mais il abandonne la course au Sénat quelques semaines après suite à une chute dans sa baignoire, qui le blesse assez sérieusement, du moins trop pour être rétabli complètement avant l'investiture finale.
(carte géante de prompt rétablissement / Photo presse)

John Glenn va travailler dans le privé (chez RC Cola qui fabrique des sodas) avant d'être finalement investit sénateur de l'Ohio (chez les démocrates) en 1974 - poste qu'il occupera jusqu'en 1999. En tant que sénateur, il attache son nom au Traité de non-prolifération nucléaire de 1978.


John Glenn fera aussi un pas vers la présidence des Etats-Unis. D'abord en 1976 comme candidat vice-président, mais sera battu lors des primaires démocrates par Walter Mondale, puis en 1984 comme candidat président cette fois, mais sera battu aussi aux primaires.

En 1998, il est choisi comme Payload Specialist pour la mission STS-95. Il a 77 ans !
Sans entrer dans la polémique, le choix de Glenn comme astronaute par la NASA en a surpris plus d'un, et le prétexte d'études en vol sur sa personne parce que âgé en a laissé plus d'un de sceptique. Quoiqu'il en soit, sa sélection a été un fort vecteur d'intérêt pour le vol spatial habité de la part du public, et le vol s'est déroulé parfaitement, et en quasi simultanéité avec la mise en service des premiers modules de la Station Spatiale Internationale.

La mission STS-95

J'ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois John Glenn, notamment lors de sa visite à Paris après le vol de STS-95 (souvenez-vous, il était passé sur Canal+) et à chaque fois, c'était vraiment ''quelque chose'' de pouvoir lui serrer la main et d'échanger un peu avec lui.

Sa dernière grande apparition publique était le 19 avril 2012 à Washington DC à l'Udvar-Hazy Space Center, où il était venu, avec sa femme Annie, remettre les ''clés'' de la navette spatiale Discovery au musée, navette avec laquelle il a volé lors de sa mission STS-95. Et quelques mois plus tard, il m'a fait l'honneur de signer les quelques photos que j'avais faites de lui ce jour-là.

Cérémonie Discovery




Au revoir Mr John Glenn !



Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
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(Veste portée lors de la mission STS-95 à la Thompson Library University dans l'Ohio)