jeudi 22 septembre 2011

Interview de Yang Liwei, premier chinois dans l'espace


Yang Liwei est pilote de chasse de l'Armée de l'Air chinoise.
En 1998, il est sélectionné dans le premier groupe de ''taikonautes'' pour le futur programme spatial habité chinois.

En 2003, il devient le premier chinois dans l'espace lors de la mission Shenzhou 5 (15-16 octobre).
Il est aujourd'hui major-général de l'Armée de l'Air, est toujours en activité dans le corps des taîkonautes et est responsable-adjoint du China Astronaut Research and Training Center.

Interview réalisée en septembre 2011 (merci à Yelena pour la traduction simultanée)

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que c’est vous qui feriez le premier vol habité du programme spatial chinois ?
Sur le coup, j’étais content mais je ne l’ai pas réalisé vraiment tout de suite.
Nous étions plusieurs à nous préparer intensivement pour ce vol. Je n’ai appris que c’était moi que la veille du décollage, donc j’ai vraiment été très occupé et je n’ai pas pensé trop à cela.
Mais j’étais fier d’avoir été choisi. Comme mes collègues, j’avais travaillé dur pour en arriver là.
Comment vous sentiez vous avant le décollage ?
J’étais très bien, très calme, très concentré. J’étais prêt à voler.
Comment s’est passé le décollage ? Quelles sensations avez-vous ressenties ?
Un grand moment ! Je pouvais presque ressentir la sensation de vitesse qui s’accélérait.
Vous savez, on sent son poids augmenter. J’ai pris jusqu’à 5g donc le décollage, je l’ai bien senti ! Mais tout allait bien, tout marchait bien ! J’étais confiant.

Lors de la séparation de Shenzhou d’avec la fusée, je me suis retrouvé propulsé en avant, et là j’ai su que j’étais en apesanteur même si j’étais encore attaché à mon siège.
Comment s’est passé le vol ? Qu’avez-vous ressenti ou à quoi avez vus pensez pendant votre mission ?
Le programme de vol était assez dense, et donc je n’ai pas eu beaucoup le temps de penser à autre chose qu’au vol.
Je me sentais bien, et la Terre me paraissait extrêmement belle.
J’étais fier de l’accomplissement et de ma patrie.
J’ai accompli tout le travail qui m’avait été assigné pendant le vol. Travail très important qui devait et a été très utile pour les autres missions.
Non, vraiment, cela s’est bien passé!
Qu’avez-vous mangé et est-ce cela était réellement bon ?
J’ai pris mon premier repas après la première orbite. Ce n’était pas mauvais.
J’avais des petits Moon Cake, de la soupe de poisson, etc…
J’ai beaucoup mangé pendant ce vol (rires…).
Comment s’est passé le retour ? Qu’avez-vous ressenti ?
Bien ! J’ai bien senti le retour lorsque les rétrofusées se sont allumées pour la désorbitation.
J’ai commencé à me sentir lourd. Je voyais bien que l’extérieur de Shenzhou était rouge mais à l’intérieur, tout allait bien.
L’arrivée au sol a été plus dur, je me suis retrouvé la tête en bas. Mais sinon, j’allais très bien.
Etiez-vous triste de rentrer sur Terre ?
Je serai bien resté plus longtemps dans l’espace.
Parmi les nombreuses choses que j’ai eu à faire là-haut, j’ai beaucoup photographié la Terre, et j’aimerai bien voir la beauté de la Terre encore une fois

Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace

lundi 19 septembre 2011

Interview d'Alexander Gerst, Astronaute de l'ESA

Alexander Gerst est géophysicien et vulcanologue de formation.

L'ESA le sélectionne comme astronaute en mai 2009.

Il commence son entrainement d'astronaute la même année. Il est reçu astronaute en 2010 avec une remise de diplôme le 22 novembre 2010 à l'EAC.

Le 18 septembre 2011, il est sélectionné comme astronaute titulaire d'une mission spatiale de 6 mois à bord de l'ISS pour 2014 avec Expedition 40-41.

C'est le 2ème astronaute de la sélection 2009 de l'ESA a avoir une affectation sur une mission spatiale à bord de l'ISS (Luca Parmitano a été le premier du groupe).

Rencontré lors du Tag des Luft - und Ramfahrt au Centre Européen des Astronautes (EAC) à Cologne, il répond à Space Quotes - Souvenirs d'espace.

(Alexander Gerst à l'ESA le 18 septembre 2011 / Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969)

Interview réalisée le 18 septembre 2011


Q : What was your most favorite memory of your astronaut training ? What was the most difficult challenge for you during this time ?

The best memories of my astronaut training are of the comradery and friendship that developed within our group of astronauts, and also with our fellow astronauts from the U.S.:, Canada, Japan and Russia.

It is also a great privilege to train with so many dedicated people that work in our training departments and in other departments of ESA and the national space agencies.

Personally, my favorite training activity is working in the space suit under water, preparing for space walks.

On the other side, one of the biggest challenges of my training was certainly to learn to speak Russian within only three months. But the beauty of knowing this fascinating language made all the efforts worth wile.


Q : What was your reaction, your feeling when you have learned you have been selected for a space mission in ISS in 2014 ?

Of course I was thrilled to learn that I have the mission to travel into space in 2014.

It is a great honour for me to get the chance to contribute to the long standing tradition of European and German space flight.

This mission will be a positive challenge not only for me but for all the dedicated people working at ESA and the national space agencies, who make spaceflight possible through their passion and fascination.

I am looking forward to fly to space on the shoulders of this gigantic team, to the boundaries of our capabilities and knowledge, in order to stick my head out a little more and to put some more light into the darkness.

And just as much I am looking forward to return to Earth six months later with a wide variety of important scientific knowledge and a new perspective on our planet, which I will then gladly share with you.

samedi 10 septembre 2011

Interview d'Eileen Collins, première femme à piloter et commander une navette spatiale

Eileen M. Collins est pilote militaire et astronaute.

Eileen Collins entre dans l'US Air Force en 1978 avant d'obtenir son diplôme universitaire. Elle reçoit ses ailes de pilote en 1979 et devient pilote-instructeur sur T-38 à Vance AFB dans l'Oklahoma jusqu'en 1982.

A partir de cette date, elle devient Commandant et pilote-instructeur sur Lockheed C-141 à Travis AFB en Californie. Puis devient pilote-instructeur sur T-41 avant de d'être diplômé comme pilote d'essai à Edwards AFB.

Elle est sélectionnée par la NASA en 1990 en tant que pilote dans le Groupe 13.

Elle devient la première femme de navette spatiale lors de la mission STS-63 (Discovery 3-11 février 1995), qui voit le premier rendez-vous d'une navette avec MIR (sans docking).

Elle est également pilote de la mission STS-84 (Atlantis 15-24 mai 1997) où là, elle s'amarre à la station MIR

En 1999, elle devient la première Commandant de navette spatiale lors de la mission STS-93 (Columbia 23-27 juillet) où le télescope Chandra est mis en orbite depuis Columbia.

Elle est désignée par la suite comme Commandant de la mission STS-114. Après l'accident de Columbia en février 2003, cette même mission est maintenue comme la mission Return to Flight. Elle en sera le Commandant pour retour en vol des navettes, avec Discovery du 26 juillet au 9 août 2005.

Interview réalisée en 2011

Quand avez-vous voulu devenir pilote ? Pourquoi avoir voulu devenir astronaute alors que ce n’est pas le souhait de beaucoup d’autres pilotes, notamment militaire ?

J’étais adolescente lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’aviation et c’est là que j’ai eu envie de voler. Mais ce n’est que lors de ma dernière année d’Université que j’ai appris à piloter.
Je travaillais même le soir pour gagner de l’argent et me payer mes leçons de vols.

Un jour, j’ai entendu que l’US Air Force recrutait des femmes pour devenir pilote. Le recrutement des premières femmes pilotes commençait.

J’ai saisi l’opportunité. Je savais que c’était quelque chose que je pouvais faire. J’étais sûr de moi ! Sûre que je pouvais réussir, le faire.

J’ai donc signé à l’US Air Force avant même d’être diplômé de l’Université où je me trouvais.

L’espace m’intéresse depuis que je suis jeune aussi. J’avais envie d’en apprendre davantage sur l’espace, et quoi de plus naturel que de devenir astronaute pour mieux le découvrir (sourire).

Vous êtes la première femme a être désignée comme pilote pour la navette, quelle a été votre réaction ?

J’étais surprise et heureuse !

Même si j’avais travaillé très dur pour me préparer à réussir la sélection d’astronaute, je ne pensais pas être désigné pilote.

Beaucoup de pilotes ont été Mission Specialist et cela m’aurait convenu.

Mon expérience de pilote m’a sûrement aidé (rires).

J’étais là au bon moment. Les mentalités étaient prêtes à avoir une femme pilote de navette, et j’étais là.

La place des femmes dans l’aviation militaire ou dans le programme spatiale à beaucoup évolué, et c’est tant mieux !

Votre première mission était STS-63 à bord de Discovery, la dernière STS-114, toujours à bord de Discovery, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Mon premier vol était simplement fantastique. Et pas parce que j’étais la première femme à piloter une navette (sourire) !

C'était mon premier vol ! C’était le premier vol qui avait rendez-vous avec la station MIR. La navette faisait enfin ce pourquoi elle avait été conçue : desservir une station spatiale.

J’étais très heureuse de faire partie de cette mission. Même si nous ne nous sommes pas arrimer à MIR, c’était un grand moment.  

Pour Return to Flight (STS-114), c’était aussi un grand moment car c’était quand même un vol décisif après l’accident de Columbia.

Certains disent que la navette est un engin dangereux. Qu’en pensez-vous ?

La navette spatiale est engin sûr, sinon je ne volerai pas dessus. Mais il ne faut oublier que c’est une machine complexe. Mais ce n’était pas plus dangereux ou moins dangereux avant l’accident.

Le vol spatial comporte des risques, mais c’est notre travail de les réduire au minimum. Nous sommes conscients des risques, nous les connaissons, nous les acceptons.

Le seul moyen d’avoir un risque Zero est de ne pas monter.

Quel(s) problème(s) avez-vous rencontré lors de cette mission STS-63 ?

Nous avons eu un problème avec le RCS droit. Il y avait une fuite d’hydrazine. Ce qui était très ennuyeux car nous devions nous approcher à une dizaine de mètres de MIR et que la fuite allait en direction de celle-ci et de ses panneaux solaires.

Pendant 2-3 jours, nous ne savions pas si nous pourrions continuez la mission et atteindre l’objectif de ce rendez-vous. Mais au sol, ils ont fait un travail formidable et nous avons pu faire le Rendez-vous.

Dans quel état d’esprit étiez-vous avant le décollage de STS-114 ? A quoi avez-vous pensé pendant la mission ?

Vous savez,  quand vous avez un engin de 2 milliards entre les mains, et que c'est le vol qui permettra le retour dans l'espace des navettes, on ne peut pas se permettre d’avoir des émotions, de la pression.

On se concentre sur ce que l’on a à faire. Et on y pense après.

On ne vit pas l’émotion au moment précis où elle apparait, mais après… mais l’essentiel est de la vivre quand même.

Nous nous étions préparés depuis longtemps à l’avance pour cette mission, nous étions très concentrés dessus.