samedi 10 septembre 2011

Interview d'Eileen Collins, première femme à piloter et commander une navette spatiale

Eileen M. Collins est pilote militaire et astronaute.

Eileen Collins entre dans l'US Air Force en 1978 avant d'obtenir son diplôme universitaire. Elle reçoit ses ailes de pilote en 1979 et devient pilote-instructeur sur T-38 à Vance AFB dans l'Oklahoma jusqu'en 1982.

A partir de cette date, elle devient Commandant et pilote-instructeur sur Lockheed C-141 à Travis AFB en Californie. Puis devient pilote-instructeur sur T-41 avant de d'être diplômé comme pilote d'essai à Edwards AFB.

Elle est sélectionnée par la NASA en 1990 en tant que pilote dans le Groupe 13.

Elle devient la première femme de navette spatiale lors de la mission STS-63 (Discovery 3-11 février 1995), qui voit le premier rendez-vous d'une navette avec MIR (sans docking).

Elle est également pilote de la mission STS-84 (Atlantis 15-24 mai 1997) où là, elle s'amarre à la station MIR

En 1999, elle devient la première Commandant de navette spatiale lors de la mission STS-93 (Columbia 23-27 juillet) où le télescope Chandra est mis en orbite depuis Columbia.

Elle est désignée par la suite comme Commandant de la mission STS-114. Après l'accident de Columbia en février 2003, cette même mission est maintenue comme la mission Return to Flight. Elle en sera le Commandant pour retour en vol des navettes, avec Discovery du 26 juillet au 9 août 2005.

Interview réalisée en 2011

Quand avez-vous voulu devenir pilote ? Pourquoi avoir voulu devenir astronaute alors que ce n’est pas le souhait de beaucoup d’autres pilotes, notamment militaire ?

J’étais adolescente lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’aviation et c’est là que j’ai eu envie de voler. Mais ce n’est que lors de ma dernière année d’Université que j’ai appris à piloter.
Je travaillais même le soir pour gagner de l’argent et me payer mes leçons de vols.

Un jour, j’ai entendu que l’US Air Force recrutait des femmes pour devenir pilote. Le recrutement des premières femmes pilotes commençait.

J’ai saisi l’opportunité. Je savais que c’était quelque chose que je pouvais faire. J’étais sûr de moi ! Sûre que je pouvais réussir, le faire.

J’ai donc signé à l’US Air Force avant même d’être diplômé de l’Université où je me trouvais.

L’espace m’intéresse depuis que je suis jeune aussi. J’avais envie d’en apprendre davantage sur l’espace, et quoi de plus naturel que de devenir astronaute pour mieux le découvrir (sourire).

Vous êtes la première femme a être désignée comme pilote pour la navette, quelle a été votre réaction ?

J’étais surprise et heureuse !

Même si j’avais travaillé très dur pour me préparer à réussir la sélection d’astronaute, je ne pensais pas être désigné pilote.

Beaucoup de pilotes ont été Mission Specialist et cela m’aurait convenu.

Mon expérience de pilote m’a sûrement aidé (rires).

J’étais là au bon moment. Les mentalités étaient prêtes à avoir une femme pilote de navette, et j’étais là.

La place des femmes dans l’aviation militaire ou dans le programme spatiale à beaucoup évolué, et c’est tant mieux !

Votre première mission était STS-63 à bord de Discovery, la dernière STS-114, toujours à bord de Discovery, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Mon premier vol était simplement fantastique. Et pas parce que j’étais la première femme à piloter une navette (sourire) !

C'était mon premier vol ! C’était le premier vol qui avait rendez-vous avec la station MIR. La navette faisait enfin ce pourquoi elle avait été conçue : desservir une station spatiale.

J’étais très heureuse de faire partie de cette mission. Même si nous ne nous sommes pas arrimer à MIR, c’était un grand moment.  

Pour Return to Flight (STS-114), c’était aussi un grand moment car c’était quand même un vol décisif après l’accident de Columbia.

Certains disent que la navette est un engin dangereux. Qu’en pensez-vous ?

La navette spatiale est engin sûr, sinon je ne volerai pas dessus. Mais il ne faut oublier que c’est une machine complexe. Mais ce n’était pas plus dangereux ou moins dangereux avant l’accident.

Le vol spatial comporte des risques, mais c’est notre travail de les réduire au minimum. Nous sommes conscients des risques, nous les connaissons, nous les acceptons.

Le seul moyen d’avoir un risque Zero est de ne pas monter.

Quel(s) problème(s) avez-vous rencontré lors de cette mission STS-63 ?

Nous avons eu un problème avec le RCS droit. Il y avait une fuite d’hydrazine. Ce qui était très ennuyeux car nous devions nous approcher à une dizaine de mètres de MIR et que la fuite allait en direction de celle-ci et de ses panneaux solaires.

Pendant 2-3 jours, nous ne savions pas si nous pourrions continuez la mission et atteindre l’objectif de ce rendez-vous. Mais au sol, ils ont fait un travail formidable et nous avons pu faire le Rendez-vous.

Dans quel état d’esprit étiez-vous avant le décollage de STS-114 ? A quoi avez-vous pensé pendant la mission ?

Vous savez,  quand vous avez un engin de 2 milliards entre les mains, et que c'est le vol qui permettra le retour dans l'espace des navettes, on ne peut pas se permettre d’avoir des émotions, de la pression.

On se concentre sur ce que l’on a à faire. Et on y pense après.

On ne vit pas l’émotion au moment précis où elle apparait, mais après… mais l’essentiel est de la vivre quand même.

Nous nous étions préparés depuis longtemps à l’avance pour cette mission, nous étions très concentrés dessus.

1 commentaire:

  1. Sidjay: Formidable interview! C'est formidable d'avoir de tels compte rendus en Français! Merci au webmaster du site!

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