Ce mardi 26 juin, se déroulait la commémoration, à Paris,
du 30ème anniversaire du premier vol spatial d’un français dans l’espace,
Jean-Loup Chrétien.
Cette journée de célébration du premier vol franco-russe
était divisée en 2 parties : La première au Musée de l’Air et de l’Espace,
au Bourget, où se trouve la capsule Soyouz T-6 et la combinaison de Jean-Loup Chrétien
pour ce premier vol, et la seconde à l’Ambassade de la Fédération de Russie,
enfin plus exactement, dans la résidence personnelle de l’Ambassadeur de Russie,
à Paris.
Parmi les invités,
il y avait Jean-Loup Chrétien bien sûr. Celui-ci s’est prêté au jeu de quelques
interviews pour des médias télévisées à proximité de la capsule Soyouz T-6
(pour BFMTV) ou de la maquette de Saliout 6 (pour France 3).
Il y avait également les astronautes français (dans l’ordre
de vol) Patrick Baudry, Michel Tognini, Jean-Pierre Haigneré, Jean-François
Clervoy et Claudie Haigneré. Mais aussi, les cosmonautes Alexandre Ivanchenkov,
qui vola avec Jean-Loup Chrétien, lors de premier vol, et Vladimir Titov, qui
lui, revint sur Terre avec Jean-Loup Chrétien lors de Soyouz TM-7 Aragatz et
aussi lors de la mission avec la navette Atlantis pour STS-86.
(Michel Tognini devant la capsule Soyouz T-6) |
(Jean-François Clervoy devant la capsule Soyouz T-6) |
(Le cosmonaute Alexandre Ivanchenkov émue devant sa capsule Soyouz T-6) |
La présentation de la cérémonie était assurée par l’animateur
Vincent Perrot. Le message d’introduction et de bienvenue a été fait par
Catherine Maunoury, directrice du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.
L’Ambassadeur de Russie Alexandre Orlov a prononcé
également un message de bienvenue.
Il y eu les discours de tous les astronautes et
cosmonautes présents. Chacun racontant un souvenir personnel ayant un lien avec
la mission PVH ou avec Jean-Loup chrétien.
Bien sûr, Jean-Loup Chrétien a raconté un peu de son
aventure. Quelques anecdotes personnelles concernant sa sélection (en fait la
deuxième car il avait échoué à la première), son entrainement (le caviar au
petit déjeuner), sur sa somnolence au moment du décollage car il n’avait rien à
faire (‘’c’était toujours Volodia et Sacha qui faisaient tout ! et qu’il n’avait
rien à faire, et que Sacha l’avait réveiller, etc…’’), etc, etc… Il était très
en forme et très en verve. Il nous a raconté certains de ses rêves spatiaux
lors de ses missions. En voici deux exemples…
- Lors de ma deuxième mission, j’ai rêvé que je
voyais Sacha Volkov qui volait dans la station, non pas grâce à l’apesanteur,
mais grâce à ses deux énormes, géantes, oreilles, comme Dumbo !
- J’ai rêvé que j’étais à l’arrière de la station
(Saliout) et que je voyais distinctement les montagnes, puis au passage d’après,
je les voyais encore plus lentement. Je m’aperçois que la station descend de
plus en plus près de la Terre, et à peine le temps de dire Ouf, que celle-ci se
pose en catastrophe, en Bretagne, sur une autoroute. Et que nous descendons de
celle-ci, pour la pousser sur le côté pour ne pas gêner les automobilistes et
causer d’accidents…
Autant vous dire que ces rêves ont eu un franc succès
auprès de l’assistance.
Ensuite, Patrick Baudry, qui a été la doublure de
Jean-Loup Chrétien, vient aussi parler de son expérience en Russie. Il a d’ailleurs
présenté un très beau film, qui était diffusé en continue sur des écrans à
proximité de la scène (sans le son, hélas), à base d’images d’archives et donc
forcément inédites.
Puis tous les astronautes présents viennent parler à tour
de rôle.
Claudie Haigneré, qui a été sélectionnée en 1985, n’a
donc pas vécu en lien direct la mission PVH, mais a eu par la suite des
contacts très étroits avec Jean-Loup Chrétien, notamment comme ‘’sujet d’étude’’
pour sa thèse en médecine spatiale.
Jean-Pierre Haigneré nous a parlé de son émotion ressentie
lors du décollage de Jean-Loup Chrétien pour sa deuxième mission Soyouz TM-7
Aragatz en 1988. Il était parti en URSS (à l’époque) avec la délégation
française en Concorde et que celui-ci avait atterrit à Baïkonour. Qu’il avait
eu le privilège de voir Bourane de très près, alors qu’elle venait de rentrer
sur Terre quelques jours auparavant.
Michel Tognini, lui est venu nous raconter que s’il a sauvé
ses dents, c’est grâce à Jean-Loup Chrétien. Doublure de Chrétien pour la
mission Aragatz, il avait eu un souci avec le médecin-dentiste de la Cité des
Etoiles, qui voulait lui retirer des dents. Sans entrer dans les détails, car
la description orale de la scène est bien plus cocasse qu’écrite, on ne lui a
pas retiré ses dents. Ce qui a beaucoup fait rire le public.
Patrick Baudry devant partir plus tôt, a adresser un
dernier petit message à Jean-Loup et au public, qui a laissé un ‘’petit froid’’
auprès de certains.
Tout le monde connait les critiques de Patrick Baudry
envers les responsables politiques et la frilosité de certaines agences
spatiales (notamment le CNES) envers le vol habité. Certains politiques et
responsables spatiaux ont donc été ‘’habillés pour l’hiver’’.
Il regrette
profondément que l’Europe soit incapable d’envoyer par elle-même ses propres
astronautes dans l’espace.
Il n’aime pas le mot spationaute, car cela
sous-entend que la France soit capable d’envoyer par elle-même ses
ressortissant. On est donc obligé de se contenter d’appellation d’autres pays
comme astronautes (pour ceux envoyés par les américains), de cosmonautes (pour
ceux envoyés par les russes) et certainement bientôt taïkonautes (pour ceux
envoyés par les chinois).
Au final, il préfère le terme ‘’franchenaute’’, et se
retire en lançant un Salut et en faisant la bise à Jean-Loup Chrétien !
Jean-François Clervoy nous raconte ensuite que c’est
Jean-Loup Chrétien qui lui a posé les dernières questions lors de sa sélection,
et qu’il suppose avoir bien répondu à celles-ci, puisqu’il a été sélectionné.
De plus, c’est Jean-Loup Chrétien qui lui a annoncé sa nomination sur son
premier vol STS-66 lors d’un repas dans un restaurant indien à Houston.
Puis vient le tour du journaliste Bernard Chabbert, qui
nous parle un peu de la mission, et surtout de son bonheur et de l’honneur d’avoir
fait partager auprès du public, les exploits de ces héros…
Daniel Meztlé, responsable du service de presse du CNES à l’époque,
nous parle surtout de la confection du logo de la mission qui a occasionné
quelques soucis et des retouches de la part de l’artiste français Michel
Granger (voir son interview sur Space Quotes – Souvenirs d’espace).
Puis c’est à Alexandre ‘’Sacha’’ Ivanchenkov de parler un
peu de la mission et de Jean-Loup. Il a été son collègue d’équipage lors de ce
premier vol. Cela a été surtout beaucoup de compliments, d’échanges d’amitiés
entre les deux hommes. Jean-Loup Chrétien était très ému.
Vladimir Titov, qui est rentré sur Terre avec Jean-Loup
Chrétien, après avoir passé 366 jours dans MIR lors de la mission Aragatz et
qui revola avec lui près de 10 ans plus tard avec la navette (STS-86), nous
parle de l’effet Chrétien auprès des dames de la Cité des Etoiles qui étaient
comme des tournesols tournant dans la direction du soleil (ah, le lyrisme russe !) .
Alexeï Krasnov, directeur des vols habités russes, nous a
parlé de la coopération franco-russe.
Il y eu ensuite le discours du responsable communication
du CNES, qui a excusé l’absence de Yannick d’Escatha, directeur du CNES, ainsi
que celui de Lionel Suchet, ancien chef de projet sur Altaïr, Cassiopée, Perséus et Andromède) et actuel Directeur-Adjoint du
Centre de Toulouse du CNES.
A la fin de la cérémonie, il y avait un tirage au sort
afin d’offrir un vol en Zero G… Je n’ai hélas pas été tiré au sort… Le grand
gagnant à été… Didier Marouani, le célèbre musicien, grand ami de Jean-Loup
Chrétien, avec qui il a fait un concert l’année dernière en Russie.
Avant de gagner la résidence de l’Ambassadeur de Russie
pour la suite des festivités, plusieurs rencontres avec certaines personnalités
du spatial, ont enrichies cette commémoration (dont Michel Viso et Michel
Viellefosse).
(avec le cosmonaute Alexandre Ivanchenkov) |
Un cocktail spécial a été organisé par l’Ambassade de
Russie. La suite de la commémoration de se passe dans la résidence de l’Ambassadeur
de Russie.
Accueilli en personne par son Excellence Alexandre Orlov,
je suis invité à me rendre au premier étage où se tient le cocktail et la
cérémonie. Tous les invités de l’après-midi sont présents (sauf Patric Baudry),
il y a également d’autres personnalités. Discussions et rencontres autour d’un
verre, avec tous les astronautes et cosmonautes présents.
Ensuite un discours de son Excellence Alexandre Orlov a
lieu, ainsi que la retransmission des vœux d’anniversaire de ce vol
franco-russe par l’équipage actuel de l’ISS (enfin les russes et l’européen =
pas de message des américains !) Gennady Padalka, Serguei Revin, Oleg
Kononenko et André Kuipers.
Discours de Jean-Loup Chrétien, encore très ému, de Sacha
Ivanchenkov et de Vladimir Titov, puis remise de cadeaux par son Excellence à
Jean-Loup Chrétien et à Claudie Haigneré. Photos de la remise d’une médaille l’année
dernière par le président Medvedev.
Jean-Loup Chrétien a eu droit à un deuxième cadeau concernant
sa visite au musée de Kalouga en 1986.
Tout le monde a souhaité longue vie et bonne santé à
Jean-Loup Chrétien. Son Excellence a terminé son allocution par un trait d’humour :
La cérémonie du soir ayant commencé avec beaucoup de retard pour cause de
bouchons à Paris, il suppose que la cérémonie de 50 ou 100 ans se fera sans
aucun retard et surtout qu’elle se passera dans l’espace, puisque tout le monde
sera déjà sur place…
L’Ambassade de Russie a aussi offert à tous les invités
un souvenir de ces 30 ans. Un joli poster, un autocollant et un patch, réalisé
à partir du logo, par le responsable russe de la société Starsem.
Une excellente journée pour ce trentième anniversaire du
Premier Vol Habité d’un français.