mercredi 7 février 2018

10ème anniversaire du module européen Columbus - 7 février 2008 / Mission STS-122


Cet article est repris en partie sur celui que j'avais publié sur les 5 ans de Columbus en février 2013 - avec des ajouts et quelques modifications.

Il y a eu une cérémonie commémorative pour ce 10ème anniversaire à l'ESTEC aux Pays-Bas à laquelle je devais participer et où j'ai essayer de m'y rendre tant bien que mal - mais les éléments météo et la mauvaise organisation de la SNCF m'ont fait rebrousser chemin : vous pouvez lire me récit de ce parcours du combattant ICI.
Il n'y aura donc pas de compte-rendu de cet événement contrairement à ce que j'avais prévu et annoncé, mais le replay du Livestream de l'ESA est disponible ICI.


Ce 7 février 2008, la navette spatiale Atlantis décolle de Cape Canaveral pour la mission STS-122.
A son bord, l'équipage de la mission STS-122 : 

Stephen Frick, Commandant (2ème vol)
Alan Poindexter, pilote (1er vol)
- Stanley Love, Soécialiste de Mission
- Leland Melvin, Spécialiste de Mission
- Rex Walheim, Spécialiste de Mission
- Hans Schlegel, (ESA / Allemagne) Spécialiste de Mission
- Leopold Eyharts, (ESA / France) Ingénieur de vol - relève pour Expedition 16
  (Il remplace Dan Tani et reste dans l'ISS jusqu'au 27 mars - il rentre avec STS-123)


Dans la soute d'Atlantis se trouve Laboratoire Scientifique de l'ESA Columbus, qui doit devenir un élément important de la Station Spatiale Internationale en s'arrimant à celle-ci. Il s'agit d'un des trois modules exclusivement dédiés à la science (et aux expériences dédiées) en apesanteur à bord de l'ISS (il y aussi le module américain Destiny et le module japonais Kibo. Un module russe, Nauka, se fait attendre depuis longtemps, peut-être en fin de cette année).



Le décollage initial devait se dérouler le 6 décembre 2007 mais un capteur de sécurité (sur un des réacteurs) signalait un message d'erreur de pression empêchant la mise à feu. Le décollage est repoussé au 9 décembre mais le problème subsiste. Il est décidé de remplacer le capteur et la troisième tentative de décollage est la bonne.

Le 9 février, Atlantis s'arrime à l'ISS et deux jours plus tard, le module Columbus est à son tour mis en place sur le module Harmony. 3 EVA seront nécessaires pour rendre Columbus opérationnel - ce qui sera fait le 14 février.
Ses utilisations scientifiques sont multiples et portent sur la science des matériaux, la physique des fluides, les sciences de la vie, la physique fondamentale et de nombreuses autres technologies. Plusieurs centaines d'expériences par an sont réalisées au sein de Columbus.
La mise en fonctionnement du laboratoire permet à l'ESA de disposer de la possibilité d'utiliser 6 à 7 % de tous les équipements et des ressources de l'ISS.
Mais le plus important est le fait que les chercheurs européens peuvent désormais y mener des expériences scientifiques en continu et non plus, au coup par coup, selon les disponibilités des autres copropriétaires

Ce module était attendu depuis longtemps sur l'ISS. Prévu pour 2004, sa mise en place a été reporté après l'accident de la navette Columbia. La mission STS-122 devait partir à l'origine en décembre 2007, mais un nouveau report conduisit celle-ci à décoller le 7 février.

Il aura fallu 3 EVA pour le rendre totalement opérationnel.


(Photos de l'EVA de Hans Schlegel lors de la préparation opérationnelle de Columbus)
(Columbus vu par Atlantis lors de la séparation pour le retour sur Terre de STS-122)
La participation de l'ESA à l'ISS est entérinée en 1995 avec la fourniture d'un module pressurisé, Columbus à celle-ci. Réalisé d'abord par la DASA, c'est EADS Astrium (aujourd'hui Airbus Defense and Space), à Brême, qui en est le maître d'oeuvre (en intégrant la DASA) avec l'ESA. Et c'est Thales Alenia Space (à l'époque Alenia Aerospazio) qui s'est occupée de la structure mécanique.

Mais l'ESA avait déjà pensé et imaginé ce module dès 1985. Et l'Europe avait décidé sa construction en 1988. A l'époque, on voyait bien la navette spatiale Hermes et le laboratoire Columbus ensemble.


(le 28 juillet 1988, le ministre de la recherche allemand Heinz Riesenhuber dévoile le module Columbus)

Le module Columbus est gros cylindre de 6,84 mètres de long pour 4,49 de diamètre. Il pèse 10,220 tonnes à vide et 21 tonnes à pleine charge. Il est fixé à l'ISS via le node Harmony (comme Destiny et Kibo). Il possède un volume interne de 75m3 et trois personnes peuvent y travailler.

Le laboratoire Columbus est contrôlé depuis le sol par le Centre de Contrôle (GSOC) d'Oberpfaffenhofen en Allemagne.

Il y a 5 installations internes :
  • le Biolab. Cette installation comprend des expériences sur des objets vivants: micro-organismes, cultures de cellules, plantes et petits insectes.
  • l'équipement européen de modules de physiologie. Il va permettre d'étudier les effets de l'impesanteur sur le corps humain et sur son système immunitaire.
  • le laboratoire en science des fluides. Il permet d'étudier le comportement des métaux et des liquides légers ainsi que la fusion d'alliages et de semi-conducteurs.
  • le laboratoire modulaire pluridisciplinaire EDR (European Drawer Rack ou étagère à tiroir européen). Des tiroirs vont pouvoir accueillir différentes expériences de disciplines diverses, dans des rangements standardisés.
  • le transporteur européen. Il servira de rangement et de plan de travail.
Il y a également deux charges utiles externes installées :
  • SOLAR, qui étudie l'activité solaire et son impact sur le climat grâce à trois instruments :
    • SOLSPEC pour les rayonnements allant des ultraviolets à l'infrarouge
    • SOVIM, qui étudie l'irradiance du Soleil
    • SOL-ACES, qui mesure l'ultraviolet lointain.
  • European Technology Exposure Facility (EuTEF), qui comprend 9 dispositifs expérimentaux pour l'étude du comportement de divers matériaux dans l'environnement spatial.
(L'ISS avec le module Columbus au centre, la navette Endeavour (STS-134), deux Soyouz et un ATV)
(Photo prise par Paolo Nespoli lors de son retour sur Terre en mai 2011 et signée par lui-même)
Au cours de ces dix années, quasiment 1 800 expériences ont été menées à son bord.

Le module Columbus aura coûté environ 1,3 milliards d'euros (800 millions pour le développement et 500 millions pour le lancement et les expériences).


(Infographie spécial 10ème anniversaire / Crédit : Airbus)
Au cours de ces 10 années, Columbus a été ''visité'' 14 fois par 13 astronautes européens à ce jour (Paolo Nespoli l'a visité deux fois en 2010 et 2017). Le prochain européen qui y (re)fera un séjour sera l'allemand Alexander Gerst à partir de juin prochain.
Voici la liste des visites européennes à Columbus :

- Hans Schlegel, Allemagne (2008 avec STS-122)
- Leopold Eyharts, France (2008 avec STS-122 / Expedition 16)
- Frank de Winne, Belgique (2009 avec Expedition 20-21 / OasISS)
- Christer Fuglesang, Suède (2009 avec STS-128 / Alissé)
- Paolo Nespoli, Italie (2010-2011 avec Expedition 26-27 MagISStra)
- Roberto Vittori, (2011 avec STS-134 / Dama)
- André Kuipers, Pays-Bas (2011 avec Expedition 30-31 / PromISS)
- Luca Parmitano, Italie (2013 avec Expedition 36-37 / Volare)
- Alexander Gerst, Allemagne (2014 avec Expedition 40-41 / Blue Dot)
- Samantha Cristoforetti, (2014-2015 avec Expedition 42/43 / Futura
- Andreas Mogensen, Danemark (2015 avec Soyouz TMA-18M / IrISS)
- Timothy Peake, Grande-Bretagne (2015-2016 avec Expedition 46-47 / Principia)
- Thomas Pesquet, France (2016-2017 avec Expedition 50-51 / Proxima)
- Paolo Nespolo, Italie (2017 avec Expedition 52-53 / Vita)
- Alexander Gerst, Allemagne (2018 avec Expedition 55-56 / Horizons) prévue en juin 2018


(Paolo Nespoli et Roberto Vittori ensemble dans Columbus)



(Devant le simulateur Columbus du Johnson Space Center à Houston)
(Optimisme avec ce bloc-feuillet de 1988 émis par le Paraguay)

Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
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(en cours de publication)