Après avoir réussi sa mise en orbite autour de la comète 67/Churyumov-Gerasimenko le 6 août dernier :
et avoir étudié pendant un mois les différents sites potentiels d'atterrissage pour Philae, les responsables de la mission Rosetta étaient réunis ce matin, à Paris, au siège de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) pour annoncer le site qui sera choisi pour le premier atterrissage d'un engin spatial sur la surface d'une comète.
C’est donc ce lundi 15 septembre qu’a été
annoncé au siège de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à Paris, le choix de l’équipe
scientifique du programme Rosetta pour le site d’atterrissage du petit Lander Philae.
Pour cette annonce, étaient présents :
Fred Jansen, Rosetta Program Manager
Stephan Ulamec, Philae Lander Manager à la DLR (agence
spatiale allemande)
Holger Sierks, de l’Institut Max-Planck et
responsable de l’instrument OSIRIS
Jean-Pierre Bibring, responsable entre autre de l’instrument
CIVA pour l’IAS à Orsay
Andrea Accomazzo, Rosetta Flight
Director
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(Fred Jansen -chemise blanche , Stephan Ulamec, Markus Bauer, Holger Sierks, Jean-Pierre Bibring, Andrea Accomazzo) |
De nombreux autres scientifiques étaient
aussi présents comme Francis Rocard, responsable Rosetta auprès du CNES,
Jean-Pierre Lebreton, responsable pour la partie française du RPC (Rosetta
Plasma Consortium), etc… J’ai même croisé l’astronaute Thomas Reiter, chef des
astronautes à l’ESA.
Le 25 août dernier, l’ESA avait annoncé
le choix de 5 sites-candidats pour Philae :
A,
B, C, I, J.
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(Crédit : ESA) |
Les études de chacun de ces sites et
leurs analyses ont duré jusqu’à ce week-end avant l’annonce de ce matin.
Fred
Jansen
a rappelé que l’atterrissage était la prochaine grande étape de Rosetta après
son réveil et sa mise en orbite autour de 67P.
<<La phase d’hibernation a été un succès –Tous les instruments ont bien
répondu au réveil de Rosetta et après plusieurs tests et mise en configuration,
les premières manœuvres d’approche ont commencé, nous permettant en même temps
d’apprendre à voler dans un environnement cométaire>>
<<Beaucoup de travail nous ont amené à ce résultat de choix final d’un
site pour Philae>>.
<<La comète est absolument magnifique mais c’est vraiment un monde ‘’dramatique’’.
C’est très excitant d’un point de vue scientifique, mais un véritable challenge
d’un point de vue technique>> a déclaré Stephan Ulamec.
<<Aucun des sites candidats ne répondaient à 100% à nos critères
opérationnels, mais il a été clairement établi que le site J était la meilleure
solution>> a-t-il poursuivit, indiquant donc que c’est le site J qui serait la future cible de l’atterrisseur
Philae.
Le site J sera le site primaire, et il a été décidé que le site C
sera le site de remplacement.
Le site J se trouve sur un lobe de la
comète. Il mesure environ 4 km à son point le plus large.
(Crédits : ESA / OSIRIS-NAC TEAM)
Il y avait plusieurs critères auxquels
devait répondre le site qui serait sélectionné et c’est la raison pour laquelle
près de 70 scientifiques du monde entier se sont réunis ce week-end à Toulouse
pour étudier, discuter, analyser, l’ensemble des données dont ils disposaient
pour choisir le meilleur site possible d’atterrissage.
Il faut dire aussi que c’est une
première mondiale.
Jamais, depuis les débuts de l’exploration
spatiale, un engin ne s’est posé sur une comète. L’exercice est vraiment ardu,
et contrairement aux autres corps célestes qui ont reçu la visite au sol de
sondes ou autres (Lune, Mars, Venus, Titan) grâce au fait que ‘’la manœuvre sur
un tel corps est prévisible’’, et bien sur une comète, on ne peut pas prévoir
autant.
Le largage et l’atterrissage de Philae
se passant ‘’en mode passif’’, c'est-à-dire se laissant descendre, une ellipse
de descente se formera avec une zone d’atterrissage d’une centaine de mètres. C’est
la raison pour laquelle les études de la surface se sont faites sur le km2.
Les surfaces des sites choisies a été
passée au crible, notamment grâce aux images d’OSIRIS-NAC, afin de voir ce qui pourraient gêner Philae lors de son
poser, comme des blocs. Le relief a bien sûr été analysé.
Pourra t’on larguer Philae sur chacun
des sites depuis Rosetta en toute sécurité ? La durée de descente ne sera-t-elle
pas trop grande ? Pas trop de contraintes mécaniques lors de l’atterrissage ?
etc …
Il a fallu déterminer le rapport
jour/nuit de chaque site afin d’optimiser au maximum Philae, ses panneaux
solaires, le dégazage éventuel du noyau de la comète, gestion de la batterie
pour une meilleure utilisation des instruments le plus longtemps possible.
Les communications seront-elles
meilleures avec tel ou tel site ?
Les instruments sur Philae devront
fonctionner de façon optimale, notamment CONCERT qui doit sonder le noyau de
67P par signaux radios entre Philae et Rosetta.
Bref, après deux jours d’intenses
échanges (même si apparemment l’unanimité était acquise dès samedi soir), le
site J est déclaré vainqueur.
Il répond favorablement à plusieurs
critères essentiels. Le site n’est pas trop pentu, ce qui est indispensable
pour Philae si on veut éviter un basculement. Le site est celui qui présente à
première vie le moins de blocs au sol. La phase ensoleillement/nuit semble bien
pour les batteries de Philae.
<<Nous pourrons faire une analyse sur place d’une comète, ce qui nous donnera
des informations sans précédent sur la composition, la structure et l’évolution
d’une comète. Nous pourrons, grâce à ce site, analyser du matériau immaculé,
étudier les propriétés du noyau et comment il fonctionne. Le choix de ce site
permettra à chaque instrument de fonctionner normalement voire de façon
optimale>> a déclaré Jean-Pierre
Bibring.
<<Nous pourrons répondre à plusieurs questions comme Qu’est-ce qui a
permis à telle ou telle planète d’évoluer de telle façon ? La Terre
est-elle unique ? La vie est-elle un processus normale d’évolution
cosmique ?>>
<<Les comètes ont gardé des traces du processus de formation des
planètes, des matériaux utilisés pour cette formation (minéraux, gaz, eau) et
permettent peut-être de comprendre ou trouver le chaînon qui a permis l’émergence
de la vie>> a-t-il continué.
Holger
Sierks
a rappelé l’apport d’OSIRIS-NAC dans l’analyse du noyau cométaire et des choix
des sites d’atterrissage.
Donc, si tout se passe bien, et que la
comète ne dégaze pas trop ou ne se scinde pas en deux (il faudrait tout revoir)
d’ici le 11 novembre (date prévue à ce jour), et bien Philae se posera sur le
site J. Le site J est celui qui présente le moins de glace en surface
apparemment (surface plus sombre que les autres sites).
Mais il a été prévu quand même un site
de remplacement, de secours, au cas où les conditions sur le site J
évolueraient négativement. C’est le site C qui a été choisi. Le site C se
présente sur le corps de la comète.
Cela n’a pas été facile de choisir un site
de remplacement. Si le site C présente aussi une surface moins parsemée de
blocs et un rapport ensoleillement / nuit adéquat pour Philae et ses
instruments, une incertitude demeure quand au largage et ses conditions. Les
règles de mécaniques célestes ne s’appliquent pas vraiment pour un objet
voulant atterrir sur une comète, et la position de la sonde Rosetta par rapport
au point C ne permettra pas d’optimiser le largage sans contraintes mécaniques
importantes pour Philae.
C’est Andrea Accomazzo, le Flight Director de la mission qui a rappelé
les challenges d’un atterrissage sur 67P. Cela requiert plusieurs points :
- Synchronisation des opérations entre
Rosetta et Philae
- Navigation parfaite de Rosetta
- Communication permanente entre Rosetta
et Philae
- Et bien sûr, que Philae survive à l’atterrissage
Philae connaitra ‘’7 heures de suspense’’ (ou terreur suivant l’émotivité de chacun)
entre son largage et son poser. Pesant 100 kg, et la gravité à la surface étant
estimée à 1/1000, et bien Philae sera très léger, et donc au moment de son
poser, il se plaquera au sol grâce à des grappins et harpons qui se déploieront
automatiquement.
Jusqu’à H-11 : choix de la dernière orbite et décision
finale Go/NoGo
Jusqu’à H-7.30 : envoi des ordres de séparation
Jusqu’à H-7 : décision
finale Go/NoGo pour Philae
Jusqu’à H-2 : manœuvre pré-largage
H 00 : largage
H+30min : manœuvre pour rester en ligne avec
Rosetta
H+1 : Rosetta ciblée sur Philae
H+7 : atterrissage
<<Toutes nos activités actuellement se concentrent sur l’objectif qui est
le site J. Nous faisons des analyses détaillées des trajectoires que devra
faire Philae pour le site J et aussi pour le site C. Nous continuons de
cartographier la surface de la comète et son analyse et nous allons nous placer
jusqu’à 30-20-10 km de la surface des sites choisis. Nous pourrons avoir deux
possibilités par jour de largage>>.
<<Nous serons en mesure de confirmer la date d’atterrissage le 26
septembre prochain et le 12 octobre, nous ferons une revue de détails pour un
Go-NoGo du site J et la décision sera donnée le 14 octobre>> a ensuite
ajouté Fred Jansen.
Fred
Jansen a conclu par le fait que cette phase de la mission comportait des
risques <<mais que les chances de
réussite étaient de l’ordre de 70-75%>>.
En cas de changement de site, les
équipes ont jusqu’à 28 jours pour reconfigurer Rosetta et Philae.
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(Crédit : ESA) |
Après une session de questions-réponses
avec la presse, où l’on apprend qu’il n’y a pas de ‘’rétention’’ des images d’OSIRIS-NAC
(mais que la faible quantité d’images transmises est dues à l’énorme quantité d’analyses
que chacune d’elle donne et qu’on ne veut publier des photos dont on est
certain justement de l’analyse), la conférence prend fin avec l’annonce d’un
prochain concours pour trouver un nom au site d’atterrissage de Philae (je proposerai bien Templum ou Agilkia).
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(Fred Jansen, Rosetta Program Manager) |
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(Holger Sierks, Responable OSIRIS-NAC) |
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(Avec Andrea Accomazzo, Flight Director) |
(Crédit : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace)
(Crédit : Spacemen1969)