samedi 20 septembre 2014

Disparition du cosmonaute Anatoli Berezovoy (1942 - 2014)


Nous avons appris aujourd’hui la disparition du cosmonaute Anatoli Berezovoy à l’âge de 72 ans.

Il intègre l’aviation militaire soviétique (à l’époque) lors de son service militaire en 1961. Formé comme pilote à l’Ecole des Pilotes de l’aviation militaire Miasnikovin en Crimée, il devient pilote-instructeur.

En 1970, il est sélectionné comme cosmonaute. A sa sortie de formation en 1972, il intègre le corps actif des cosmonautes, notamment pour voler sur Saliout 4 puis Saliout 5, mais finalement, il devra attendre 1982 pour effectuer son premier vol spatial.

Commandant de l’équipage d’origine de réserve, il remplace le titulaire de la mission Soyouz T-5 écarté pour des problèmes médicaux.
Avec Valentin Lebedev, il décolle de Baïkonour le 13 mai 1982 pour une mission de longue durée à bord de Saliout 7.

L’équipage devient le premier équipage résident de cette nouvelle station qui avait été lancée le 19 avril précédent.


Les deux cosmonautes effectueront une EVA lors de leur vol.


(Valentin Lebedev et Anatoli Berezovoy à l'entrainement)
En juin et juillet 1982, il accueille Jean-Loup Chrétien lors de la mission Soyouz T-6.

(Enveloppe signée par l'équipage résident Soyouz T-5 et l'équipage visiteur Soyouz T-6)
Après 211 jours et 9 heures dans l’espace, Valentin Lebedev et Anatoli Berezovoy reviennent sur Terre le 10 décembre 1982.
L’équipage réalise à l’époque un nouveau record de durée dans l’espace
Il a tenu un journal de bord lors de son vol qui a été vendu il y a quelques temps.

(Timbres et enveloppe 1er Jour émis pour commémorer le vol Soyouz T-5)
Il ne revolera plus malgré plusieurs affectations dans des équipages doublures.

Il quitte le corps des cosmonautes en 1992.

Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
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lundi 15 septembre 2014

15 septembre 2014 - Le site J est choisi pour l'atterrisseur Philae de Rosetta



Après avoir réussi sa mise en orbite autour de la comète 67/Churyumov-Gerasimenko le 6 août dernier :
Voir : http://www.spacemen1969.blogspot.fr/2014/08/6-aout-2014-la-sonde-europeenne-rosetta.html

et avoir étudié pendant un mois les différents sites potentiels d'atterrissage pour Philae, les responsables de la mission Rosetta étaient réunis ce matin, à Paris, au siège de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) pour annoncer le site qui sera choisi pour le premier atterrissage d'un engin spatial sur la surface d'une comète.

C’est donc ce lundi 15 septembre qu’a été annoncé au siège de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à Paris, le choix de l’équipe scientifique du programme Rosetta pour le site d’atterrissage du petit Lander Philae.



Pour cette annonce, étaient présents :

Fred Jansen, Rosetta Program Manager
Stephan Ulamec, Philae Lander Manager à la DLR (agence spatiale allemande)
Holger Sierks, de l’Institut Max-Planck et responsable de l’instrument OSIRIS
Jean-Pierre Bibring, responsable entre autre de l’instrument CIVA pour l’IAS à Orsay
Andrea Accomazzo, Rosetta Flight Director


(Fred Jansen -chemise blanche , Stephan Ulamec, Markus Bauer,
Holger Sierks, Jean-Pierre Bibring, Andrea Accomazzo
)

De nombreux autres scientifiques étaient aussi présents comme Francis Rocard, responsable Rosetta auprès du CNES, Jean-Pierre Lebreton, responsable pour la partie française du RPC (Rosetta Plasma Consortium), etc… J’ai même croisé l’astronaute Thomas Reiter, chef des astronautes à l’ESA.

Le 25 août dernier, l’ESA avait annoncé le choix de 5 sites-candidats pour Philae :
A, B, C, I, J.


(Crédit : ESA)

Les études de chacun de ces sites et leurs analyses ont duré jusqu’à ce week-end avant l’annonce de ce matin.

Fred Jansen a rappelé que l’atterrissage était la prochaine grande étape de Rosetta après son réveil et sa mise en orbite autour de 67P.
<<La phase d’hibernation a été un succès –Tous les instruments ont bien répondu au réveil de Rosetta et après plusieurs tests et mise en configuration, les premières manœuvres d’approche ont commencé, nous permettant en même temps d’apprendre à voler dans un environnement cométaire>>
<<Beaucoup de travail nous ont amené à ce résultat de choix final d’un site pour Philae>>.

<<La comète est absolument magnifique mais c’est vraiment un monde ‘’dramatique’’. C’est très excitant d’un point de vue scientifique, mais un véritable challenge d’un point de vue technique>> a déclaré Stephan Ulamec.
<<Aucun des sites candidats ne répondaient à 100% à nos critères opérationnels, mais il a été clairement établi que le site J était la meilleure solution>> a-t-il poursuivit, indiquant donc que c’est le site J qui serait la future cible de l’atterrisseur Philae.

Le site J sera le site primaire, et il a été décidé que le site C sera le site de remplacement.

Le site J se trouve sur un lobe de la comète. Il mesure environ 4 km à son point le plus large.


(Crédits : ESA / OSIRIS-NAC TEAM)

Il y avait plusieurs critères auxquels devait répondre le site qui serait sélectionné et c’est la raison pour laquelle près de 70 scientifiques du monde entier se sont réunis ce week-end à Toulouse pour étudier, discuter, analyser, l’ensemble des données dont ils disposaient pour choisir le meilleur site possible d’atterrissage.
Il faut dire aussi que c’est une première mondiale.
Jamais, depuis les débuts de l’exploration spatiale, un engin ne s’est posé sur une comète. L’exercice est vraiment ardu, et contrairement aux autres corps célestes qui ont reçu la visite au sol de sondes ou autres (Lune, Mars, Venus, Titan) grâce au fait que ‘’la manœuvre sur un tel corps est prévisible’’, et bien sur une comète, on ne peut pas prévoir autant.
Le largage et l’atterrissage de Philae se passant ‘’en mode passif’’, c'est-à-dire se laissant descendre, une ellipse de descente se formera avec une zone d’atterrissage d’une centaine de mètres. C’est la raison pour laquelle les études de la surface se sont faites sur le km2.

Les surfaces des sites choisies a été passée au crible, notamment grâce aux images d’OSIRIS-NAC, afin de voir ce qui pourraient gêner Philae lors de son poser, comme des blocs. Le relief a bien sûr été analysé.

Pourra t’on larguer Philae sur chacun des sites depuis Rosetta en toute sécurité ? La durée de descente ne sera-t-elle pas trop grande ? Pas trop de contraintes mécaniques lors de l’atterrissage ? etc …

Il a fallu déterminer le rapport jour/nuit de chaque site afin d’optimiser au maximum Philae, ses panneaux solaires, le dégazage éventuel du noyau de la comète, gestion de la batterie pour une meilleure utilisation des instruments le plus longtemps possible.

Les communications seront-elles meilleures avec tel ou tel site ?

Les instruments sur Philae devront fonctionner de façon optimale, notamment CONCERT qui doit sonder le noyau de 67P par signaux radios entre Philae et Rosetta.

Bref, après deux jours d’intenses échanges (même si apparemment l’unanimité était acquise dès samedi soir), le site J est déclaré vainqueur.

Il répond favorablement à plusieurs critères essentiels. Le site n’est pas trop pentu, ce qui est indispensable pour Philae si on veut éviter un basculement. Le site est celui qui présente à première vie le moins de blocs au sol. La phase ensoleillement/nuit semble bien pour les batteries de Philae.

<<Nous pourrons faire une analyse sur place d’une comète, ce qui nous donnera des informations sans précédent sur la composition, la structure et l’évolution d’une comète. Nous pourrons, grâce à ce site, analyser du matériau immaculé, étudier les propriétés du noyau et comment il fonctionne. Le choix de ce site permettra à chaque instrument de fonctionner normalement voire de façon optimale>> a déclaré Jean-Pierre Bibring.
<<Nous pourrons répondre à plusieurs questions comme Qu’est-ce qui a permis à telle ou telle planète d’évoluer de telle façon ? La Terre est-elle unique ? La vie est-elle un processus normale d’évolution cosmique ?>>
<<Les comètes ont gardé des traces du processus de formation des planètes, des matériaux utilisés pour cette formation (minéraux, gaz, eau) et permettent peut-être de comprendre ou trouver le chaînon qui a permis l’émergence de la vie>> a-t-il continué.


Holger Sierks a rappelé l’apport d’OSIRIS-NAC dans l’analyse du noyau cométaire et des choix des sites d’atterrissage.

Donc, si tout se passe bien, et que la comète ne dégaze pas trop ou ne se scinde pas en deux (il faudrait tout revoir) d’ici le 11 novembre (date prévue à ce jour), et bien Philae se posera sur le site J. Le site J est celui qui présente le moins de glace en surface apparemment (surface plus sombre que les autres sites).

Mais il a été prévu quand même un site de remplacement, de secours, au cas où les conditions sur le site J évolueraient négativement. C’est le site C qui a été choisi. Le site C se présente sur le corps de la comète.
Cela n’a pas été facile de choisir un site de remplacement. Si le site C présente aussi une surface moins parsemée de blocs et un rapport ensoleillement / nuit adéquat pour Philae et ses instruments, une incertitude demeure quand au largage et ses conditions. Les règles de mécaniques célestes ne s’appliquent pas vraiment pour un objet voulant atterrir sur une comète, et la position de la sonde Rosetta par rapport au point C ne permettra pas d’optimiser le largage sans contraintes mécaniques importantes pour Philae.

C’est Andrea Accomazzo, le Flight Director de la mission qui a rappelé les challenges d’un atterrissage sur 67P. Cela requiert plusieurs points :

- Synchronisation des opérations entre Rosetta et Philae
- Navigation parfaite de Rosetta
- Communication permanente entre Rosetta et Philae
- Et bien sûr, que Philae survive à l’atterrissage

Philae connaitra ‘’7 heures de suspense’’ (ou terreur suivant l’émotivité de chacun) entre son largage et son poser. Pesant 100 kg, et la gravité à la surface étant estimée à 1/1000, et bien Philae sera très léger, et donc au moment de son poser, il se plaquera au sol grâce à des grappins et harpons qui se déploieront automatiquement.

Jusqu’à H-11 :      choix de la dernière orbite et décision finale Go/NoGo
Jusqu’à H-7.30 :   envoi des ordres de séparation
Jusqu’à H-7 :        décision finale Go/NoGo pour Philae
Jusqu’à H-2 :        manœuvre pré-largage
H 00 :                   largage
H+30min :            manœuvre pour rester en ligne avec Rosetta
H+1 :                    Rosetta ciblée sur Philae
H+7 :                    atterrissage

<<Toutes nos activités actuellement se concentrent sur l’objectif qui est le site J. Nous faisons des analyses détaillées des trajectoires que devra faire Philae pour le site J et aussi pour le site C. Nous continuons de cartographier la surface de la comète et son analyse et nous allons nous placer jusqu’à 30-20-10 km de la surface des sites choisis. Nous pourrons avoir deux possibilités par jour de largage>>.

<<Nous serons en mesure de confirmer la date d’atterrissage le 26 septembre prochain et le 12 octobre, nous ferons une revue de détails pour un Go-NoGo du site J et la décision sera donnée le 14 octobre>> a ensuite ajouté Fred Jansen.

 Fred Jansen a conclu par le fait que cette phase de la mission comportait des risques <<mais que les chances de réussite étaient de l’ordre de 70-75%>>.

En cas de changement de site, les équipes ont jusqu’à 28 jours pour reconfigurer Rosetta et Philae.


(Crédit : ESA)
Après une session de questions-réponses avec la presse, où l’on apprend qu’il n’y a pas de ‘’rétention’’ des images d’OSIRIS-NAC (mais que la faible quantité d’images transmises est dues à l’énorme quantité d’analyses que chacune d’elle donne et qu’on ne veut publier des photos dont on est certain justement de l’analyse), la conférence prend fin avec l’annonce d’un prochain concours pour trouver un nom au site d’atterrissage de Philae (je proposerai bien Templum ou Agilkia).




(Fred Jansen, Rosetta Program Manager)
(Holger Sierks, Responable OSIRIS-NAC)
(Avec Andrea Accomazzo, Flight Director)


(Crédit : Stéphane Sebile / Space Quotes - Souvenirs d'espace)
(Crédit : Spacemen1969)