Joseph P. ''Joe'' Allen, physicien, qui a été sélectionné comme astronaute par la NASA en 1967 dans le Groupe 6.
Recruté comme scientifique pour le programme Skylab, il devra attendre 1982 pour effectuer sa première mission spatiale avec STS-5.
Par la suite, il effectuera une autre mission STS-51A devenue célèbre par la capure de satellites en orbite.
Il quitte la NASA en 1985.
Interview réalisée en 1997 puis revue et augmentée en 2012 (modifiée en mai 2012)
Avant votre premier vol STS-5, depuis combien d'années étiez vous en contact avec le programme spatial ?
J’ai été sélectionné en 1967. Sélection en tant que scientifique car la NASA recrutait des scientifique pour le future programme Skylab.
Après l’entrainement, j’ai été affecté en tant que Capcom et membre de soutien au sol pour Apollo 13 et Apollo 15.
Après le programme Skylab, j’ai rejoins la direction de la NASA puis je suis revenu dans le corps des astronautes en 1978 pour les futures missions navettes.
J’ai attendu 15 ans entre ma sélection et mon 1er vol
Comment vous sentiez-vous avant le décollage ?
Très excité et un peu nerveux aussi.
Pour moi, je voyais enfin la ‘’récompense’’ de mon travail, de mon entrainement, de mes années d’efforts…
Puis, je me posais aussi cette question : Vais-je être à la hauteur ?
On passe en revu toutes les procédures dans sa tête.
Quelles sensations avez-vous ressenties lors du décollage ?
Beaucoup de bruit, la puissance des moteurs car l’accélération devient de plus en forte, continue…
Je suis plaqué contre mon siège… Et je continue de sentir, ressentir cette puissance, cette acceleration…
Je suis plaqué contre mon siège… Et je continue de sentir, ressentir cette puissance, cette acceleration…
On sent qu’on la tête quasiment en bas, ce qui accentue cette impression d’accelération.
Il y aussi beaucoup de vibrations…
Cela se calme avec la séparation des boosters, puis un grand calme arrive lorsque nous larguons l’ET et que nous sommes en orbite.
Comment est-ce d'être en apesanteur ?
Flotter est une sensation merveilleuse…
Je dirais presque que c’est le moment que nous attendons tous en premier, du moins, moi, c’est ce que j’attendais… (rires)
Avez-vous rencontré des difficultés, des problèmes durant le vol ?
Le premier challenge a été de mettre en orbite 2 satellites. C’est la première fois qu’une navette larguait des satellites.
Nous devions aussi effectuer la première EVA depuis une navette mais un problème sur une des combinaisons annula cette EVA.
Nous avons fais plusieurs expériences mais une d’entre elles, ne pu être menée à son terme à cause d’un problème de batteries que nous n’avons pu résoudre.
Qu'avez-vous mangé et... cela avait-il du goût ?
J’ai mangé exactement comme sur Terre mais la préparation est différente afin que les aliments et les liquides n’aillent n’importe où…
J’ai ajouté beaucoup de ‘’spicy’’ parce mon goût s’était un peu atténué dans l’espace et que cela était fade.
Je me suis beaucoup amusé, avec mes collègues, avec des liquides… Les bulles sont très drôles.
De plus, ce qui est rigolo, c’est qu’une fois que la nourriture est dans une cuillère, peu importe la façon de la manger, car vu qu’il n’y ni haut ni bas, nous nous envoyions les cuillères à travers notre espace repas et les rattrapions à la bouche. De vrais gamins…
Comment s'est déroulé le retour et que ressent-on ?
La rentrée était réellement fantastique…
Le challenge du retour est de faire passer la navette d’une vitesse de 25 fois la vitesse du son à 0.
Et c’est là, que la forme de la navette prend tout son sens.
Autant sa forme importe peu dans l’espace (un bus ou un paquebot pourrait voler en orbite), autant elle est importante et prend toute sa valeur lors du retour vers la Terre.
La navette est un véritable véhicule aérospatial, un vrai vaisseau spatial…
C’est la première fois dans le programme spatial, qu’un véhicule revient sur Terre sans se balancer au bout d’un parachute. Fini la trajectoire en boulet de canon…
Le retour permet en navette permet une décélération moins brutale que les autres engins.
Lorsque la navette heurte les molécules des couches supérieures de l’atmosphère, celles-ci se transforment en chaleur.
Tout le devant de la navette est entouré d’une lumière rosée, rougeoyante… Nous savons que nous sommes dans une sorte de boule de feu et pourtant nous ne ressentons pas la chaleur.
Les tuiles de protection et les matériaux qui composent la navette font parfaitement leur boulot. Cela me rassure… Car même si je savais que tout irait bien, le fait de se voir réellement dans cette ‘boule de feu’’ est très très impressionnant.
Nous descendons… Nous sentons, entendons, le bruit contre le fuselage. La pression se fait plus forte. Pas réellement gênante mais pas agréable non plus…
A cause du frottement, il y a un blackout radio. Personne ne parle. Vance et Bob sont très concentrés. Il faut maintenir le bonne angle…
Vers 60 000 mètres, nous avons décéléré à une vitesse de Mach 13. Commence alors une descente qui nous amenera à 350-400 km/h pour l’atterrissage. Pour ralentir, nous faisons des virages à droite, à gauche.
Vers 11 000 mètres, Vance Brand prend le contrôle manuellement tandis que Bob Overmyer lui donne toutes les indications qu’il a besoin.
Je regarde le sol s’approcher de plus en plus vite… Je me dis que ça y est, la mission est terminée… Puis boum… nous touchons le sol… C’est arrivé plus vite que prévu. On entent nettement la navette rouler au sol et on voit le sable s’élever devant nous (nous sommes à Edwards).
Etiez-vous triste de rentrer sur Terre ?
J’étais heureux de rentrer, d’avoir accompli ou Presque, tout ce qui était prévu, mais aussi très impatient de pouvoir repartir…
(Avec Joe Allen devant Discovery en avril 2012) |
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