dimanche 24 janvier 2010

Rencontre avec John Griffith, Pilote d'essai du NACA



Rencontre avec John H. Griffith (né le 19 mai 1921), ancien pilote d'essai du NACA qui a piloté le X-1, X-4, D-558-1 et D-558-2.

Souvenirs recueillis en décembre 2003

Pouvez vous nous parler un peu de vous et nous dire comment vous avez été engagé comme pilote d’essai par le NACA ?

Je suis originaire de l’Illinois (Homewood). 
Après mes études, je rentre en 1941 dans l’Army Air Corps (avant que celle-ci ne devienne l’US Air Force) et j’effectue près de 200 missions de combat en P-40 en Nouvelle-Guinée lors de la 2ème guerre. 
En 1946, je reprends des études d’ingénieur aéronautique à l’Université Purdue et je rejoins le NACA en 1948 au Laboratoire Lewis à Cleveland puis devient pilote d’essai à Muroc en 1949 (aujourd4Hui Dryden).

Comment se déroulait un vol-type de XS-1 ?

Très tôt le matin, nous remplissions les réservoirs du X-1 avec le carburant (oxygène liquide, nitrogène, alcool) afin d’éviter les risques causé par la chaleur, car il faisait très chaud à Muroc. Ensuite le XS-1 était amené à une fosse afin d’être accroché sous le B-29 comme une bombe.


Après le décollage, lorsque nous avions atteint une altitude de 3000 mètres, je me glissai dans le cockpit du X-1. Si vous avez vu The Right Stuff (l’Etoffe des Héros), vous constaterez que ce n’était pas sans risques. A l’intérieur, je m’harnachais, me sanglais, et passaiS toute la check list et les procédures preflight en revue. Le temps était compté… Il fallait que je sois prêt lorsque nous atteignons la zone de largage. De toute façon, prêt ou pas, le pilote nous aurait largué (rires…).


A environ 9 000 mètres, j’étais largué… J’allumai 2 de mes moteurs et grimpait très vite à près de 17 000 mètres. Puis commençait la descente à Mach 0.8. J’allumai ensuite les autres moteurs. 
Le pilotage était assez ‘’costaud’’ jusqu’à Mach 1, Mach 1.2 car l’avion était lourd à cause du carburant qu’il emportait. Lorsque nous avions épuisé tout ce carburant, le pilotage redevenait un peu plus facile. Durant cette phase propulsée, je faisais plein de manœuvres afin de tester l’appareil (G, roulis, virages, stabilisation, etc…).
Je redescendais et atterrissais sans moteur, comme un planeur (glide phase). Piloter le X-1 reste un de mes grands moments de ma vie de pilote.


Vous avez piloté d’autres X-Planes, qu’en pensiez-vous ?

J’ai eu la chance de piloter d’autres X-Planes en un temps très court. 
Durant un peu plus d’un an, j’ai piloté 9 fois le X-1, 7 fois le X-4 dont j’ai effectué le 1er vol NACA, 16 fois le D-558-1 et 8 fois le D-558-2. C’était à chaque fois des avions exigeants mais remarquables par leur conception. 
Il faut savoir que chacun de ces avions était différent car ils avaient un rôle différent et spécifique. Le pilotage était donc différent, mais quel plaisir…


Après avoir quitté le NACA, qu’avez-vous fait ensuite ?

Je suis devenu Chef-pilote d’essai chez Chance Vought où j’ai participé au développement du F7U Cutlass. J’ai aussi été chef-pilote d’essai et chef-instructeur chez United Airlines. 
J’ai travaillé avec la FAA sur le projet d’un avion de ligne supersonique avant que le projet soit annulé et qui devait concurrencer le Concorde. Et maintenant, je suis un paisible retraité qui s’occupe de lui-même (Rires…)


mardi 19 janvier 2010

Interview de Pamela Leetsma, 1ère institutrice a participer au X-Rocket Teacher in Space / Programme Archangel




En mars 2005, Pamela Leetsma, Institutrice à la Valley Christian Elementary School de Bellflower en Californie, devient la première participante d'un programme qui devait permettre aux instituteurs et professeurs de voler à bord d'un engin de la Société X-Rocket LCC et qui devait atteindre environ 60-70 km d'altitude. 
L'enseignant, ainsi, était plus à même de partager les sensations d'un vol spatial (ou presque) et de permettre de donner le ''goût'' à leurs élèves des études scientifiques.
Ce programme s'intitulait Archangel Aerospace Trainer.

Le projet initial devait faire envoyer 200 enseignants par an (4 par états) ''aux frontières de l'espace'' pour un budget d'environ 25 millions de dollars à bord d'une flotte de petits vaisseaux suborbitaux.

Edward Wright, président de X-Rocket, déclarait en 2005 : ''X-Rocket plans to operate a fleet of suborbital aerospace trainers that will serve multiple functions, from advanced test pilot training to adventure tourism experiences to Teacher in Space flights. The company's motto is "Spaceflight for the rest of us."

"Suborbital vehicles now under development will carry people into space much more affordably than the Shuttle or CEV. For under twenty million dollars, we could fly 200 teachers a year, four from every state in the union. Imagine thousands of astronaut teachers in schools all across the country, within the next decade. For decades, we've told students that if they studied math and science, they could grow up to become astronauts and go into space, but in reality, kids had a better chance of growing up to become NBA basketball players. What message does that send? Suppose we could turn that around, and show kids that they have a realistic chance of going into space? How cool would that be?"

Malheureusement, la recherche de sponsors n'aboutit pas, et fautes de crédits, le programme a été abandonné...

Reste pour Pamela Leetsma (cousine de l'astronaute David Leetsma), une formidable aventure que ce premier et unique vol du programme. 
Effectué à bord d'un Mig-21UM depuis la l'aéroport de Reno (Californie) avec Bob Ray comme pilote, cela a été tout sauf un vol de ''plaisance'' - Le rôle de l'institurice étant le guidage et la surveillance des instruments de bord...
Ce premier vol devait être suivi de beaucoup d'autres en MIG-21UM en attendant la flotte de vaisseaux suborbitaux.

Entretien réalisé en août 2005 (que j'ai traduis en français) - alors que le programme était toujours d'actualité.

Racontez nous un peu cette incroyable aventure et ce programme
Mon vol a duré un peu plus de 50 minutes...
Nous sommes montés à plus de 6 000 mètres d'altitude en quelques minutes. Nous n'avons pas dépassé cette altitude car il fallait aussi que le pilote s'entraine à certaines évolutions pour les futurs autres vols. 

C'était incroyable, et amusant, de voir le tableau de bord du cockpit et tous les instruments de bord avec des indications en russe. Au décollage, vous ressentez vraiment une énorme poussée dans le dos. Beaucoup de puissance. 
Juste parès le décollage, nous avons filé à notre altitude de travail (6 000 mètres) en flèche. Incroyable cette sensation de poussée, qui vous pousse vers le haut. La traversée des quelques nuages à la verticale, est assez étonnante... 
Lors de cette montée, nous avons pris 4g et cela je l'ai très bien ressenti... Nous avons frôlé le Mach 1, que nous n'avons pas pu franchir car nous étions dans un espace aérien civil et non militaire (ce sera pour les autres vols). 
Nous aurions pu le faire aussi si nous avions été au-dessus de l'océan, mais comme c'était le premier vol du programme, nous ne l'avons pas fait. 
La vue était superbe... J'ai appris à décrire les différentes évolutions et les sensations qui allaient avec comme la montée verticale, le piquée, le tonneau, la barrique, le virage serré, etc... cela nous permettra de mieux partager ces aspects avec nos élèves... 
Malheureusement, tout à une fin, et je suis rentrée un peu triste car j'aurai voulu en profiter encore... Vivement les prochains vols. Et qui sait, vous aussi, vous aurez peut-être la chance de voyager dans l'espace.


Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space QUotes - Souvenirs d'espace

samedi 9 janvier 2010

Interview avec Franklin Chang-Diaz, astronaute de la NASA qui a effectué 7 vols en navette spatiale lors de STS-61C, 34, 46, 60, 75, 91 et 111

Franklin Chang-Diaz, physicien, est un astronaute de la NASA en 1980 dans le Groupe 9.
Il effectue 7 vols à bord de la Navette Spatiale (STS-61C, 34, 46, 60, 75, 91 et 111).
Il est un des 2 hommes qui a effectué le plus de vols dans l'espace (avec Jerry Ross).
Il quitte la NASA en 2005. Il dirige actuellement Ad Astra Rocket Company. Il est l'inventeur du moteur à plasma VASIMR
Q : How many years were you connected to the space program prior to your 1st flight ?
A : Six years
Q : How did you feel prior to the flight ?
A : Much anticipation and excitement
Q : What kinds of sensations did you experienced during take-off ?
A : The vehicle vibrates much in the early phases of flight and then it becomes smooth as it climbs out of the atmosphere and accelerates.
The g forces are steady and cause a great deal of discomfort but they are manageable.
Q : What does weightlessness feel like, and what did you think about during the flight ?
A : A great sense of freedom. It is similar to scuba diving without the friction of the water.
Q : What were some of the problems you encountered and how did you fixed them ?
A : All the problems are dealt with by procedures we practice over and over during our long training. There is very little that is not foreseen.
The ground control team helps a great deal. We had hardware problems in most of my missions but they were dealt with and mostly overcome with patience and team work.
Q : What did you eat, and did it taste real ?
A : The food is ok, not the best, but it is gradually getting better as more people from different countries fly and bring new flavors and styles on board. Eventually it will be out of this world.
Q : What was re-entry like ?
A : Weight returns gradually and the feeling of it is amplified by the long exposure to weightlessness.
The sense of speed is more pronounced as we descend closer to the ground.
We have to ingest large amounts of fluids to rehydrate our bodies so they can withstand the 1-g environment once again.
Q : Were you glad to be back on Earth, or did you feel you could have spent the rest of your life up there ?
A : I was glad to be back with my family but I could spend the rest of my life up there (if I could have them with me).

jeudi 7 janvier 2010

Interview avec Ken Neiss, Flight Controller de la NASA

Ken Neiss est Flight Controller à la NASA. Agé de 30 ans, il est CATO (Communications And Tracking Officer) pour la Station Spatiale Internationale... Ken nous parle ici de son métier, de son travail.
Interview réalisée en 2010.
Q : How many years were you connected to the space program prior to select as Flight Controller and why have you choose this job ?
A : This has been my first job with the space program. I had been visiting the NASA career fait booths at my University each year in hopes to get an interview and get a job offer (4 or so years), but nothing had come of it. I guess 3rd grade when my entire class became part of Youth Astronauts program and got little cards laminated stating that.
I chose this job because it's exciting, inherently motivating, and is not the run-of-the-mill 9-to-6 job that I knew I would not like.
My tasks change day to day and week to week. New things come up, it never gets old, and it's flat out fun.
I had other job offers when I graduated from University, but I knew right away that once I got this offer, that I wanted it.
Q : How did you have trained as Flight Controller ?
A : The training program for a flight controller is fairly rigourous.
When I hired into the Communications And Tracking Officer Group (CATO) for the International Space Station, I started reading training manuals almost 8 hours a day.
We then got grouped with other new flight controllers for both the Space station and the Space Shuttle for 1 month of high level classes on all the different systems of the program.
When the split up and began our reading and hands on training to become certified to send commands to the Space Station, which the training last about 3 months or so.
After that, I started participating in generic simulations, where an entire flight control team runs a simulator with all the normal tools and displays, and we run test cases and failures and see how you react to certain situations, along with testing and adding to your technical knowledge and your poise/composure.
I was the backroom (support) personnel. Our group has 2 backrooms and 1 frontroom positions. At this point, you also begin to work more with hands-on equipment and tools, getting more familiar with the details and ins and outs of the equipment.
After you are certified in a backroom position, you get to work that position for normal day-to-day operations and work it for when the Shuttle comes and docks for their missions. Once you are certify in all backroom positions (around 2 years from hire date), you get to start simulating in the frontroom where you are the main person responsible for your system.
You get to make all the hard decisions and give direction to the astronauts.
After you pass all those different tests, you are fully certified and can work day-to-day in the frontroom (positions you see on NASA TV). You also can work in the front for shuttle missions, and can be the lead for certain timeframes.
I was the lead for my group the last shuttle mission (STS-129/ULF3), which was about 8 months worth of planning and work.
These days, we are now doing the Operator/Specialist/Instructor (OSI) concept in which we hone our training of nrw hires and guide them through learning multiple positions systems in about 1 year or so. The training is more strutured, and there is more hands on training with mentors.
Q : What is exactly your job as Flight Controller ?
A : I am with the CATO group. We are responsible for the maintening the Communications, links (audio, video, commanding & telemetry, ship-to-ship, and payload data stream).
We plan for the comm aspects of big events such as vehicle dockings, undockings, spacewalks, missions, increments, etc.
We also get to play with the external video cameras and look for great Earth views, and record hurricane video.
We get to work in the famous Mission Control Room. As Flight Controller, we also get to work with and train the astronauts for their time in space. It's fin getting to know them and them getting to know us.
Q : What is your best memory as Flight Controller ?
A : Recording hurricane videos from space and seeing them being fed live to CNN or replayed on network television.
It's a really cool feeling to see that.
I love using the external cameras.
Q : What is your worse memory as Flight Controller ?
A : Being wrong and making mistakes.
Everyone does it and everyone doesn't like it, but mistakes sting. I have had my fair share of mistakes and commands errors, and luckily they have not had any major impact, but it's doesn't help the feeling.
Also, in training though mistakes did lead to crews not having communincations assets for hours at a time, so that is probably the worst memory.
Q : What is your most amazing space dream ?
A : To one day get to space and be able to see in person the views I can only see through our external cameras.
and, to do the ''Superman'' in space.