samedi 3 juin 2017

2 juin 2017 - Retour sur Terre de Thomas Pesquet


Retour sur Terre de Thomas Pesquet


Projet Proxima de Maddy et Timothy
Jour 197 : Vendredi 2 juin 2017


Après 196 jours 17 heures et 49 minutes dans l'espace, Thomas Pesquet et Oleg Novitski ont touché ''Terre'' ce vendredi 2 juin à 16h10 heure de Paris.

Dans le cadre du Projet Proxima de Maddy et Timothy (cliquez sur ce lien en bleu), voici donc le retour de Thomas vu depuis l'European Astronaut Centre (EAC), qui est le centre d'entraînement des astronautes de l'ESA, à Cologne. Pour le Projet Proxima, c'est le Jour 197 !

Pour aller suivre le retour sur Terre de Thomas à l'EAC, en une journée et depuis Paris, il faut de l'organisation. Il y a la solution avion ou Thalys, mais c'est un peu, beaucoup onéreux... J'ai opté pour le train et la voiture avec l'aide de mon ami Guélove.

La première étape consiste d'abord à prendre le TGV pour se rendre à Charleville-Mézières où habite Guélove - l'occasion pour le patch de voyager encore 😊


Puis la seconde étape est d'aller en voiture depuis Charleville-Mézières en passant par la Belgique. Cela ''ne fait'' que 3 heures 30 de route environ. Si on ajoute les 2 heures de TGV et le temps pour se rendre à la gare pour le prendre, j'étais à l'EAC en environ 6 heures après mon départ de Paris, ce qui n'est pas si mal quand on voit que le Thalys met  05 h 15 (pour le centre-ville).


Bref... Nous voilà arrivés à l'European Astronaut Centre pour suivre ce retour sur Terre que nous guettons, il ne faut se le cacher, depuis le départ de Thomas le 17 novembre dernier.

Avec le Projet Proxima des enfants, nous avons suivi la mission au jour le jour, et c'est avec en tête toutes les images que Thomas nous a envoyées via Facebook et Twitter que je m'apprête à assister à son retour parmi les terriens.

L'EAC est le centre d'entraînement des astronautes européens. C'est ici qu'ils reçoivent leur formation initiale d'astronaute avant d'être affecté à une mission, et c'est ici, qu'ils s'entraînent à cette même mission, partageant leur entraînement avec les centres spatiaux de Houston, de la Cité des Etoiles et du Japon.

Et c'est également à l'EAC, plus exactement au bâtiment Envihab qui se trouve à côté, que Thomas Pesquet va passer les trois prochaines semaines où il va apprendre à se réhabituer à la pesanteur, où il sera examiné médicalement et où il va ''subir'' des tests médicaux.
Après six mois dans l'espace, l'organisme est durement éprouvé, le corps d'un astronaute vieillit (mais cela est réversible à son retour), le corps d'un astronaute subit beaucoup de modifications physiques dûes à l'absence prolongée de gravité. Il faut que le corps d'un astronaute se réadapte à la vie terrestre.



Me voilà donc à l'EAC avec quelques médias de la presse télé et radio française qui s'apprêtent aussi à vivre et à partager l'événement.

Thomas Pesquet va rentrer directement du Kazakhstan à Cologne.
Si trois précédents astronautes européens ont fait de même (Alexander Gerst, Andreas Mogensen et Tim Peake), il y a une grosse différence. Ces trois derniers ont profité de l'avion de la NASA qui ramenait un astronaute américain et qui faisait un stop pour déposer l'astronaute européen. Cette fois-ci, il n'y a pas d'américain qui rentre, Peggy Whitson restant jusqu'en septembre, et il a donc fallu à l'ESA organiser le rapatriement intégralement !
Un jet spécial (un Bombardier Challenger pour les puristes 😊) a été affrété par l'agence spatiale européenne qui a poussé le détail jusqu'à lui apposé les logos ESA sur son fuselage. Celui-ci était parti mercredi 31 mai pour l'aéroport de Karaganda au Kazakhstan où Thomas arriverait par hélicoptère après sa récupération.
De là, l'avion s'envolerait pour Cologne, et après un vol de 6 heures, il se poserait sur l'aéroport militaire de Cologne, accolé à l'aéroport civil, et qui se trouvent (les deux aéroports) au pied de l'EAC.
L'arrivée de Thomas à Cologne était annoncée, avant sa récupération, pour 03 h 00 / 03 h 30 heure locale.

(Crédit : Romain Charles via Twitter)

Nous suivons le déroulement des opérations via les écrans géants installés dans le hall d'accueil de l'EAC.

Profitons-en pour revenir sur quelques faits et chiffres de cette mission Proxima :

- Retour avec le Soyouz MS-03 (qui a servi à l'aller)
- Avec 196 jours dans l'espace, Thomas Pesquet bat le record français de durée dans l'espace jusque-là détenu par Jean-Pierre Haigneré avec 188 jours (en 1999)
- 3 136 orbites
- 125 à 130 millions de kilomètres parcourus

A 09 h 32 (heure Paris), Oleg Novitski et Thomas Pesquet sont dans le Soyouz, ils ont revêtu leurs combinaisons Sokol et l'accès entre le Soyouz et l'ISS est fermé hermétiquement.

A 10 h 47, la capsule se sépare de l'ISS (juste un petit coup de ressort) et les deux hommes vont pouvoir procéder aux ultimes vérifications et préparatifs avant que ne commence la désorbitation à 13 h 17. Le but étant de passer de la vitesse orbitale de 28 000 km/h environ à 0 !


La capsule va d'abord, à 140 km d'altitude, se séparer du module de service et du compartiment orbital qui eux brûleront dans l'atmosphère. Seule la capsule qui se trouvait au centre va redescendre sur Terre.

(cette maquette à l'EAC montre très bien les trois parties du Soyouz et... Alexander Gerst 😊)

Au cours de son incroyable descente, elle traverse les couches hautes et denses de l'atmosphère qui vont la ralentir, mais aussi et surtout la chauffer jusqu'à 1 600° (ce qui occasionne le fameux plasma), et elle va se trouver ainsi ralentie à 800 km/h - les deux hommes ont quand même subi une accélération jusqu'à 5G et sont beaucoup secoués.
A 10 km environ, un petit parachute stabilisateur de 24 m2 s'ouvre et ralentit la capsule jusqu'à 300 km/h environ
A 8 km d'altitude s'ouvre le parachute principal, énorme, de 1 000 m2 ! qui va réduire la vitesse jusqu'à 30 km/h, puis à 5 km, le bouclier thermique est largué.
Puis à 1,5 mètre du sol s'allument des rétrofusées et l'atterrissage (impact) au sol se fait à environ 10 km/h.


(L'astronaute Paolo Nespoli très concentré et attentif pendant la descente)

Nous avons suivi tout cela depuis l'EAC, et quelques instants avant l'impact, l'excitation a laisser place au silence avant une explosion de joie. Il est 16 h 10 minutes !


Le retour sur Terre de Thomas et d'Oleg vu depuis l'European Astronaut Centre (EAC) à Cologne.
(Hervé Stevenin et Philippe Willekens de l'ESA)
(Les médias interviewant des stagiaires de l'ESA)

Mais ce n'est pas terminé, loin de là...

Les deux hommes sont extirpés (c'est étroit) de la Soyouz et déposés précautionneusement dans des ''fauteuils'' au sol où ils sont accueillis et surtout examinés par les médecins. Tout le monde guette fébrilement les visages d'Oleg et Thomas, bon OK surtout Thomas 😊. 
Ils ont l'air bien même si leur teint un peu pâle pourrait laisser penser le contraire (ils n'ont pas revu la lumière du soleil depuis plus de six mois). 
Thomas a l'air fatigué quand même, et ses gestes sont lents, mais la gravité se fait sentir à un niveau très fort, et cela est tout à fait normal. De plus, l'impact au sol, c'est un peu faire des tonneaux avec une petite voiture à faible vitesse...


On est vite rassuré quand on voit Thomas passer un premier coup de téléphone - ce sera pour sa compagne Anne, qui a suivi l'atterrissage à l'EAC, depuis le centre de contrôle, Eurocom, afin d'être un peu isolée et tranquille.

(la salle Eurocom où Anne Mottet a suivi le retour de Thomas)
Le deuxième coup de téléphone, lui, vient du Président de la République, Emmanuel Macron lui-même ! Le Président français a assisté en direct à l'atterrissage depuis le siège du CNES à Paris en compagnie de Frédérique Vidal, la ministre de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur, de Jean-Yves Le Gall, le président du CNES, et de personnalités dont les astronautes Claudie Haigneré, Jean-François Clervoy et Michel Viso.
Il a félicité chaleureusement Thomas pour sa mission qui lui a répondu << Tenir ce téléphone est la chose la plus difficile que j'ai faite depuis six mois >>. Emmanuel Macron a promis de le rencontrer durant le Salon du Bourget qui ouvre du 19 au 25 juin.


Après avoir signé sa capsule (Oleg a fait de même), Thomas est fin prêt à partir pour Cologne en passant par l'aéroport de Karaganda. On le transporte donc en chaise jusqu'à son hélicoptère qui s'est posé à proximité du site d'atterrissage. C'est son ''support crew'' qui se charge de cela après le feu vert de Brigitte Godart, la médecin attitrée de Thomas. Et au vu des images, il en fallait des bras pour que les deux hommes (dont Romain Charles de Mars 500) portent Thomas jusqu'à l'hélico.


Pour nous, sur place à l'EAC, la retransmission s'arrêtait là. Thomas allait être transféré jusqu'à l'aéroport de karaganda, où une cérémonie traditionnelle se déroula, avant qu'Oleg et Thomas ne se séparent chacun de leur côté, l'un pour Moscou et l'autre pour Cologne.
Cela fait bizarre de voir ainsi se quitter les deux hommes qui viennent de passer six mois ensemble. Ils ne se reverront que lors de la venue de Thomas à Moscou prévue pour fin juillet.

Pour la fin de l'après-midi, j'ai pu discuté avec les astronautes Reinhold Ewald, Paolo Nespoli (qui part dans l'ISS fin juillet) et Frank De Winne (qui est aussi le chef des astronautes ESA). Et aussi agrémenter l'album du Projet Proxima 😊 - Alexander Gerst était également présent mais il s'est montré très discret.

(l'astronaute allemand Reinhold Ewald)
(l'astronaute italien Paolo Nespoli)
(l'astronaute belge Frank De Winne)

Paolo Nespoli m'a expliqué en détail les sensations et sentiments qu'il a éprouvés lors de ses deux précédentes missions, notamment le retour sportif en Soyouz (cela fera l'objet d'un article bientôt). 
Frank De Winne fait tout son ''meilleur'' pour que tous les astronautes aient l'opportunité de voler au mois une deuxième fois.

Plusieurs experts, scientifiques et médecins étaient également présents et ce fut un plaisir de discuter et partager avec eux. Plusieurs interviews ont été faites et seront publiées dans les prochaines semaines.

Puis, Anne Mottet, la compagne de Thomas, est venu nous dire quelques mots sur ce qu'elle avait ressenti lors de l'atterrissage, les premiers mots que Thomas lui a dit :

- << Allo, tu m'entends ? >>
- << Oui, je t'entends mais mal >>
- << Moi aussi, je t'entends... Allo ? >>


Anne avait eu Thomas la veille et le matin du retour. Elle était préparée à ce moment << mais cela est une chose entre ce que l'on dit pour la préparation et l'émotion que l'on éprouve en vrai ! >>.

<< Nous prendrons une semaine de vacances à la fin du mois de juin après ces trois semaines d'examens que Thomas va subir >>.


J'ai eu une impression ''étrange'' car il n'y avait qu'Anne, la compagne de Thomas, de présente. En effet, il n'y avait aucun membre de sa famille, d'amis, qui avaient fait le déplacement, alors qu'ils étaient venus pour le décollage.

Et une belle photo d'Anne Mottet pour le Projet Proxima qui clôture ainsi ce projet.



(l'astronaute Frank De Winne répond aux questions des médias)
L'avion de Thomas est donc arrivé vers 03 h 00 du matin à Cologne. Thomas a ensuite été conduit à l'Envihab pour y subir ses premiers examens médicaux avant un repos bien mérité. Et sa première conférence de presse officielle postflight le mardi 6 juin à l'EAC à 11 h 00.


Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace
             ESA / NASA / Roscosmos
Remerciements : ESA / EAC

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire