jeudi 18 mai 2023

Visite du Musée de l'Aviation Militaire ''Clin d'Ailes'' à Payerne (Suisse) / Espace Claude Nicollier

(photos faites au téléphone)

Visite du Musée de l'Aviation Militaire ''Clin d'Ailes''
à Payerne (Suisse)
Espace Claude Nicollier

Il y a quelques jours, grâce à la gentillesse de l'ami Xavier, j'ai pu faire un petit périple en Suisse et aller visiter le Musée de l'Aviation Militaire qui se trouve à Payerne. Je ne peux hélas plus me déplacer comme avant - je sors d'ailleurs très peu - et cela faisait des années que je n'avais pas été à Payerne (la dernière fois, c'était pour le grand meeting aérien Air 14 en septembre 2014). Un énorme merci encore à Xavier pour cette sortie revigorante et qui fait du bien au moral.

Tout d'abor, un énorme merci au personnel du musée : étant arrivés un peu juste, nous avons eu le droit à une rallonge exceptionnelle bien après l'heure de fermeture.

Pour aller à Payerne en voiture, on doit donc traverser le Jura et le Doubs. Et bien qu'habitant Dole (Jura) depuis ma sortie d'hôpital, je n'avais pas eu l'occasion de revenir dans le Doubs et en Suisse depuis des années - ça été aussi ''une bouffée nostalgique'' salvatrice.

Le Musée de l'Aviation Militaire ''Clin d'Ailes'' est situé sur la base base aérienne Payerne (BA11) qui est le plus important aérodrome des Forces Aériennes Suisse. C'est là où se trouve la Brigade d'Aviation 31 (Br av 31).
Il se trouve ''à cheval'' entre le canton de Fribourg et celui de Vaud. L'aérodrome est opérationnel depuis 1921 (avec une ouverture à l'activité civile en 2013). On peut y croiser des F/a-18 Hornet, des F-5 Tiger II, des Pilatus (PC-6, PC-7, PC-9 et PC-21) et des hélicoptères militaires (Cougar, Super Puma, EC635).
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Ce musée présente donc au public un éventail d'aéronefs, avions et hélicoptères, à turbines ou à réacteurs, qui ont servis dans la Force Aérienne Suisse. Le musée présentait aussi, en état de vol, un Mirage III DS biplace, mais à la fin 2022, le régulateur suisse de l'aviation civile (OFAC) a retiré l'autorisation de vol de celui-ci. Les deux derniets vols du Mirage III DS auront donc lieu à Payerne le 25 mai 2023 (1 vol le matin, un vol l'après-midi). - une page se tourne ! 

Le Musée tel que nous le connaissons aujourd'hui est le fruit de plusieurs passionnés, de petites associations qui ont eu à s'occuper d'un avion (le premier, un Hawker Hunter à sauver de sa destruction), etc... En 1999, la Fondation du Musée de l'Aviation Militaire , président par l'astronaute suisse Claude Nicollier obtienne la construction dudit musée à Payerne. En 2002, un jeune habitant d'Arnex-sur-Orbe, alors âgé de 12 ans, propose ''Clin d'Ailes'' qui sera adopté. C'est le graphiste Robert Rausis qui crée le logo.

Le Musée est inauguré à Payerne le 25 avril 2003, il y a 20 ans ! Dans premier hall d'exposition, on y trouve : un Vampire DH-100, un Vampire Trainer SDH-115, un Venom DH-112, un Hunter Mk.58, et un Mirage III-S. Le musée s'agrandit vite, un deuxième hall d'exposition s'aménage en 2013. D'autres appareils et d'autres matériels sont sélectionnés : une Alouette 2, un simulteur Mirage (SIMIR), un Mirage III-RS et un Mirage III-DS biplace (le J-2012), celui qui servirait pour des vols grand publics et pour des baptêmes de l'air).
Le parking donne sur les deux halls qui sont décorés - un antenne de détection radar est aussi sur ce parking.
Pour y accéder, on longe la piste (sur votre droite) avant d'accéder devant l'entrée du musée où se trouve un Vampire DH-100 FB6 (J-1156) présentée en vol avec un monument.

Une fois à l'intérieur, nous montons au 1er étage, où se trouve l'Espace Nicollier, pièce dédiée à l'astronaute suisse, véritable star en Suisse.
Cette pièce est consacrée aux 4 vols de l'astronaute (STS-46 / STS-61 / STS-75 / STS-103), dont deux vers Hubble, au travers des objets, des photos, témoignages journaux et visuel, et de souvenirs ayant emportés par Claude Nicollier lors de ses quatre vols spatiaux (notamment les patchs qu'il portait lors d'une EVA. A l'entrée de cet Espace Nicollier se trouve une jolie fresque célébrant l'EVA par celui sur Hubble lors de la mission STS-103 en décembre 1999.
Claude Nicollier est à ce jour l'astronaute européen ayant effectué le plus de mission spatiale (4 en 1192 et 1999). Il a été sélectionné en 1978 dans le premier groupe de l'ESA avant de prendre sa retraite en 2007. Il a ensuite, entres autres activités, participé activement au développement du programme Solar Impulse qui se trouvait basé à Payerne. 

En sortant de ''l'Espace Nicollier'', sur la droite, il y a une superbe vue sur le premier hall - mais ne descendez pas de suite, faites le tour de la mezzanine où se trouve plein de choses intéressantes.

Come écrit en début d'article, la base 111 de Payerne abrite la Brigade d'Aviation 31 (Br av 1) qui est responsable de la formation de l'ensemble des troupes d'aviation en Suisse (formation des pilotes, formation des milices au sol, formation sur drones, parachutisme, etc...) et est aussi une formation active au niveau renseignement.
C'est donc tout légitimement que nous y trouvons un drapeau de la Br av 31. La devise est Aeris in spatio pro Libertate (liberté de l'espace aérien). Il a été dessiné par George Miserez et brodé sur soie par les soeurs Dominicaines de Béthanie du couvent de Châbles. Il a été remis en décembre 1985.

Au rez-de-chaussée se trouvent les deux halls d'exposition que je vous propose de visiter - je n'entrerais pas dans les détails de chaque appareil qui sont exposition, juste quelques infos historiques - et vous allez en prendre plein les yeux (et encore plus, en étant sur place ''en vrai'').

Le de Havilland Vampire DH-100

Avec celui qui se trouve devant l'entrée, ce sont donc 4 Vampire qui sont exposés. De Havilland était un constructeur d'avion britannique (créé en 1920) et le Vampire était le second avion à réaction anglais. Cet appareil bipoutre a fait son premier vol le 20 septembre 1943 avec le pilote Geoffrey de Havilland (fils du fondateur de la compagnie) et est entré en service en 1946 au lendemain de la seconde guerre mondiale. Il était équipé d'un réacteur Goblin (version 1 puis 2 puis 3).
Véritable succès, l'appareil fût construit à 5 569 exemplaires (toutes versions confondues) pour 25 armées de l'air dans le monde, dont la Suisse. Il fût également produit sous licence à l'étranger, dont la Suisse.
Entre 1946 et 1990 (date de sa fin de service dans l'armée de l'air suisse), il y a eu :
- 4 prototypes d'essais
- 75 exemplaires de la version FB-6 (immatriculés J-1005 à J-1079) avec un Goblin 3
- 3 F-6 (J-100 à J-1082)
- 100 exemplaires sous licence (J-1101 à J-1200)
- 39 biplaces, Vampire T-55 (J-1201 à J-1239) 
On trouve également un de Havilland Vampire DH-115 trainer, en bois, enfin une partie de son fuselage.

La Suisse acquis également 250 exemplaires du de Havilland DH-112 Venom, un dérivé du Vampire avec un réacteur Ghost (J-1501 à J-1625 et aussi J-1650 / J-1626 à J-1649 et du J-1701 à J-1800). Les Venom ont été retirés du service en 1983.


Le Hawker Hunter Mk.58

Le Hawker Hunter est un autre chasseur britannique utilisée par la force aérienne suisse. Il était capable de voler en supersonique en léger piqué.
Le premier vol du prototype a eu lieu le 20 juillet 1951, et depuis, ce chasseur construit par Hawker Siddeley avec un réacteur Rolls-Royce Avon 207, a été fabriqué à 1 930 exemplaires pour une vingtaine de pays utilisateurs.
La Suisse utilisa le Hunter jusqu'en 1994.
Celui du musée est en service en 1959 et effectue son dernier vol en 1994.

Le musée possède aussi un Hawker Trainer (biplace) J-4071 en service entre 1959 et 1994. Il est au musée depuis 2002.
Pour l'anecdote, l'astronaute Claude Nicollier, lorsqu'il était pilote de chasse des Forces Aériennes Suisses, était pilote de chasse sur Hunter. Et l'appareil (le J-4099) qu'il a piloté, lui, est exposé... en France, au Musée de l'Air et de l'Espace au Bourget !
Voir mon article spécial ici :
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Le Northrop F-5 Tiger II

Le musée abrite un ''avion mythique'' que tous les fans de Top Gun (celui de 1986) connaissent sous le nom de MiG-28 ! En effet, pour le film, la production a utilisé un Northrop F-5 pour jouer le rôle des méchants.
Le F-5A Freedom Fighter est un chasseur biréacteur américain, et il effectua son premier vol le 3 juillet 1959. Grand succès commercial, le F-5A et F-5B Freedom Fighter, puis F-5E et F-5F Tiger II, ont été fabriqués à 2 700 exemplaires (dont 900 sous licence), et volèrent pour une trentaine de pays. Bien que la production soit terminée depuis la fin des années 1980, de nombreux pays l'utilisent encore.

Les Forces Aériennes Suisses ont eu en tout 110 F-5E/F (monoplace et biplace). Beaucoup ont été fabriqués sous licence. A ce jour, il en reste moins d'une dizaine en activé dans les Forces Aériennes Suisses.
La patrouille acrobatique suisse, La Patrouille Suisse, utilise toujours 6 F-5E Tiger pour ses démonstrations aériennes (après avoir utilisé le Hunter de 1964 à 1984)..
L'exemplaire du musée est le J-3057 retiré du service en 2015

Le Dassault Mirage III

Il y a 3 Dassault Mirage III à Payerne : un Mirage III S, un Mirage III RS, et un Mirage III DS (qui effectuera ses deux derniers vols le 25 mai prochain). Le S signifie Suisse, R pour reconnaissance et D pour double commande.

Le Mirage III est lui aussi un avion mythique conçu par le constructeur français Dassault.
Ce chasseur multirôle, dont le prototype Mirage III 001 effectue son 1er vol le 17 novembre 1956, a été construit à 870 exemplaires et a volé pour 9 pays.
La Suisse en possédait 61 jusqu'à son retrait en 1999. Parmi eux, 36 exemplaires du Mirage III S (J-2301 à J-2336), 18 exemplaires du Mirage III DS (R-2101 à R-20118), et 2 Mirage III DS (J-2011 et J-2012). C'est d'ailleurs le J-2012 qui était encore le seul Mirage III au monde à voler.

Le Mirage III S (ici, le J-2301)est présenté avec deux mannequins en combinaisons de vol, casque inclus. Spécialement conçu pour des essais en vol dès 1972, et offert au musée en 2002.

Ce Mirage IIIIRS (R-2117). Dans son nez se trouve 4 caméras pour des prises de vue avant, oblique et verticale. Un système de reconnaissance aéroporté infrarouge (LIRAS) pour des prises de vue de nuit a été monté également en 1981. Le R-2117 a effectué son dernier vol en 2003.
Entre 1988 et 1992, les Mirage III suisses (tous confondus) reçoivent un ajout de plans canards, qu'on peut très bien voir sur le R-2117 exposé.

Le Pilatus PC-7 Turbo Trainer

C'est le constructeur suisse Pilaus qui a conçu et fabriqué le PC-7 Turbo Traineur, avion d'entraînement turbopropulseur construit à plus de 600 exemplaires depuis son premier vol en 1978 (il y a eu jusqu'à 21 pays utilisateurs : la France en possède). L'appareil vole tant en avion militaire qu'en avion civil.

Pour la Suisse, une trentaine de PC-7 modernisés (NCPC-7) volent au sein des Forces Aériennes Suisses. L'appareil exposé, le A-908 a été donné au musée en 2009 et fait partie des versions non modernisées.

Dans cet exceptionnel musée, on trouve aussi des Alouette, un Alouette II et une Alouette III.

La Sud-Aviation SE 3130 Alouette II est un hélicoptère léger et polyvalent français pouvant transporté un pilote et 4 passagers, et qui a effectué son premier vol le 12 mars 1955. Véritable succès, 1 305 exemplaires ont été construits (et un supplément de près de 300 sous licence)   (pour 47 forces armées de et pour une utilisation civile dans environ 80 pays). Des Alouette II volent encore de nos jours.
Entre 1958 et 1992, 30 Alouette II (immatriculées V-41 à V-70) volent pour les Escadrilles Légères d'Aviation des Forces Aériennes Suisses. L'hélicoptère présenté est le V-43 en service en 1958 et offert au musée en 2003.
La Sud-Aviation SA316 Alouette III, est un hélicoptère polyvalent dérivé de l'Alouette II, et qui effectua son premier vol le 28 février 1959. Enorme succès là aussi, avec 1 453 appareils construits (et un supplément de 590 sous licence à l'étranger) pour 190 clients de 92 pays !
114 Alouette III ont été utilisées par les Forces Aériennes Suisses dont 60 fabriquées sous licence en Suisse à Emmen par la Fabrique Fédérale d'Avions. La dernière Alouette III vole en 2010.
Le V-282 exposé est un des hélicoptères construit sous licence, celui-ci en 1974, et il vola jusqu'en 2010.

Le musée présente plein d'autres merveilles, comme des réacteurs, des simulateurs (dont le SIMIR), le simulateur de Mirage III, plein de ''petits matériels'' aéronautiques très intéressants, ainsi que des expositions et des reconstitutions. On y trouve même un Spoutnik grandeur nature.
C'est un musée où il faut revenir plusieurs fois 😉 Il est vraiment très agréable (et en plus, il y a u  coin buvette).

Et hélas, comme tout à une fin, il faut penser à rentrer - je profite pleinement du paysage (surtout maintenant). On en a profiter pour faire un petit stop à l'aéro-club de Pontarlier pour faire coucou à son Fouga Magister.

Crédit : Stéphane Sebile / Spacemen1969
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Remerciements : à l'ami Xavier, et au Musée pour sa gentillesse et son accueil.