dimanche 2 octobre 2016

Clap de fin pour la sonde Rosetta / Rencontre avec Philippe Gaudon, chef du projet Philae au CNES


Philippe Gaudon est pour le CNES, le chef de projet de Philae.


Interview / questions posées par Charlyne, 10 ans, lors de la journée spéciale du vendredi 30 septembre 2016 à la Cité de l'Espace à Toulouse pour la fin de la mission Rosetta.

Pensez-vous qu’aujourd’hui les objectifs de cette mission soient pleinement atteints ?
Oui, les objectifs de la mission sont totalement atteints.
C’est-à-dire qu’on avait 22 instruments scientifiques, 12 sur la sonde Rosetta, 10 sur l’atterrisseur Philae, tous ont bien fonctionné. Et sur Rosetta, ils ont fonctionné pendant 2 ans et demi, donc on a des montagnes de données qui sont arrivées sur la Terre et qu’on va exploiter. Et on va savoir grâce à ça, la forme de la comète, mais aussi la composition, la température, le niveau de dégazage, l’interaction avec le vent solaire, et de toutes ces données, on va savoir ce qu’est vraiment une comète.

Quels sont les problèmes auxquels vous avez dû faire face lors de cette mission ?
Il y a eu beaucoup, beaucoup d’étapes. C’est-à-dire que malgré une fusée extrêmement puissante qui s’appelle Ariane pour nous lancer, la vitesse était totalement insuffisante pour arriver à la comète. Il a donc fallu survoler plusieurs planètes pour s’élancer, ça s’appelle l’effet de fronde, et grâce à ces survols de la Terre par 3 fois, et de Mars, et bien on est arrivé à aller vers la comète, ce qui fait, qu’on a passé 10 ans dans une phase dite de croisière pour arriver jusqu’à la comète.

Et une fois qu’on était là, on a découvert sa forme qu’on ne connaissait pas, car on ne connaissait presque rien de cette comète avant notre arrivée sur place. On a appris à connaitre cette comète très rapidement et à déterminer l’endroit où on va aller se poser dessus, donc il y avait ce challenge-là. Et puis après, c’est le challenge de Philae, pour arriver à se poser à l’endroit prévu. Alors là, on a un petit peu raté les choses, on a touché le sol à l’endroit prévu, mais il y a 2 systèmes qui n’ont pas fonctionné, alors on a rebondi et on s’est retrouvé un peu les pieds en l’air à la surface de la comète un peu plus loin. Donc ça c’était un gros challenge.

Pourquoi avoir coupé tous les systèmes de Rosetta au moment de son posé ? Ne pas avoir gardé  (ou tenté de garder) une quelconque communication après son posé ?
C’est vrai, moi j’aurai bien aimé qu’on essaie de continuer, mais avec la trajectoire qu’on avait aujourd’hui pour aller taper la comète, de toute façon, même si on n’avait rien fait, la sonde se serait cassée, et donc elle se serait éteinte d’elle-même. Je ne crois pas qu’elle pouvait survivre dans ces conditions-là, il aurait fallu changer la trajectoire d’atterrissage pour qu’elle survive à la surface.

Quels sont vos sentiments personnels, que ressentez-vous maintenant que la mission Rosetta est terminée, et après tant d’années de travail sur ce programme, que vous reste-t-il, aujourd’hui, de cette mission ?
J’ai un peu de mal à réaliser... moi, ça fait 15 ans que je travaillais dessus, et on a travaillé avec des évènements marquants, l’arrivée à la comète, l’atterrissage etc…, j’ai donc l’impression que dans 3 mois ou dans 6 mois, il va y avoir à nouveau une nouvelle étape, et ce n’est pas le cas, donc aujourd’hui, je suis triste, mais je n’arrive pas à le réaliser. Mais je pense que dans quelques semaines, quand on ne parlera plus du tout de Rosetta, plus du tout de nous, là ça y est, ce sera la fin de la mission et je serai encore beaucoup plus triste.

Qu’allez-vous faire maintenant, sur quel programme allez-vous travailler ?
Personnellement, je vais commencer à travailler non pas sur un projet unique, car j’essaie de mettre au point de nouveau projets d’exploration de planète, de comètes, d’astéroïdes ou d’observation lointaine, d’exo planète etc…
Je suis responsable de rechercher de nouveaux projets, et c’est très compliqué de les faire, parce qu’il faut les faire en coopération avec beaucoup d’autres pays, et que ça coute très cher, donc c’est compliqué.

Combien de temps prend une communication entre Rosetta et la Terre ?
C’est très variable parce que ça dépend de la distance entre la comète et la Terre. Donc entre Rosetta et la Terre aujourd’hui, c’était 40 minutes. Il faut savoir que par exemple entre la Terre et la lune, c’est 1 seconde, seulement la communication, et là c’est 40 minutes, donc nous étions 40 fois 60 fois plus loin que la Lune.

Peut-on envisager d’envoyer des sondes du type de Rosetta plus loin dans l’univers, en restant en communication ?
Oui, parce qu’on a l’exemple les sondes Voyager lancées par la NASA dans les années 80, et elles continuent à survivre. Et elles continuent à survivre parce qu’à l’intérieur on a mis une petite source radioactive, qui donne de l’électricité tout le temps. Si on avait envoyé Rosetta plus loin, malgré ces énormes panneaux solaires, elle ne pouvait plus fonctionner parce que le soleil devenait comme une étoile, trop petite. Mais c’est tout à fait possible.

Les sondes comme Rosetta fonctionnent grâce à des panneaux solaires qui ont montrés leurs limites. Des recherches sont-elles menées pour trouver une autre source d’énergie afin d’y pallier ?
L’autre source d’énergie qu’on connait actuellement, c’est surtout l’énergie nucléaire. Donc, il suffit de pas grand-chose, une toute petite source radioactive, pour générer à la fois de la chaleur et de l’électricité. C’est surtout à ça qu’on pense pour remplacer les grands panneaux solaires.




Crédit : Interview de Charlyne Mallet (10 ans)
             Arnaud et Céline Mallet
             Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace

             Remerciements à Florence Seroussi de la Cité de l'Espace

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