dimanche 17 mars 2013

Interview de Pamela Melroy, astronaute et Commandant de la navette spatiale


Pamela Melroy est une ancienne pilote d’essais de l’US Air Force.
 
Après des études de sciences et d’astronomie, elle intègre l’US Air Force en 1983.

Elle devient pilote de transport militaire sur les gros porteurs comme le KC-10, C-17 ou C-130.

Elle participe à plusieurs opérations militaires à l’étranger (dont Tempête du Désert) et en juin 1991, elle intègre la base d’Edwards en tant que pilote d’essais de l’US Air Force.

Elle est sélectionnée comme astronaute par la NASA en 1994 dans le groupe 15.

Elle effectuera trois missions spatiales : STS-92 et STS-112 en tant que Pilote et STS-120 en tant que Commandant. Elle est la troisième femme pilote de la NASA et la deuxième femme commandant de navette spatiale.

 

Elle quitte la NASA en 2009. Elle rejoindra Lockheed-Martin et la FAA, puis en début 2013, elle rejoint la DARPA.

 
Interview réalisée en 2 fois en 2012 et 2013

 
Quand avez-vous décidé de devenir astronaute ?

J’ai toujours voulu devenir astronaute, comme je l’ai dis tout à l’heure. Depuis mes 2 ans…(rires).


Pourquoi avoir choisi d’être pilote plutôt qu’un autre métier pour devenir astronaute ?

Tout simplement parce que les seuls astronautes que je connaissais depuis que j’étais toute petite étaient pilotes, pilotes d’essais… Mais les sciences m’intéressaient également, donc j’ai fais des études scientifiques pour accentuer mes chances de devenir pilote d’essais.

 
Les premières femmes venaient d’entre à l’US Air Force comme pilotes…

…oui ! Je suis arrivée au bon moment…
 
J’ai lu quelque part que la mission Apollo 11 vous avait énormément inspiré ?

Oui, tout à fait. Je m’en rappelle très bien. Nous étions tous rassemblés en famille pour regarder l’alunissage d’Apollo 11. Cela m’a marqué. J’ai pris conscience que nous assistions à quelque chose de très spéciale. Et en plus, nous étions en famille. Tous ensembles pour voir cela.

Je me rappelle que mon père avait enregistré sur bande audio ce que nous entendions à la télévision en direct.

Cela a eu un grand impact sur moi. En plus d’être astronaute, j’ai décidé que voulais faire quelque chose de sérieux dans la vie (rires).


Dans quel état d’esprit étiez-vous avant le décollage de votre première mission ?

Très excitée et contente de partir. J’étais fin prête. La mission était importante et donc vraiment heureuse de partir !

(clin d'œil à Austin Powers dont l'équipage est fan)

Quelles sensations avez-vous ressenties lors du décollage ? Comment avez-vous vécu ce décollage ?

J’étais extrêmement concentrée sur ce que j’avais à faire. Je me souviens bien du début des vibrations et du bruit, des bruits devrais-je dire, et puis, d’un seul coup, plus rien… le calme et le silence. Je n’en revenais pas ! Je n’avais pas vu passer ces 8 minutes.


Et l’apesanteur, c’était comment ?

Extrêmement réjouissant !!! J’attendais cette sensation depuis longtemps. C’est une merveilleuse sensation, et elle est encore bien plus grande à bord de l’ISS. C’est tellement plus grand que la navette, que là, vous pouvez vraiment profiter de l’apesanteur, mais l’apesanteur dans l’ISS, je l’ai connue par la suite lors de mes deux suivants vols.

 
Je crois que le plus grand challenge de la mission a été la mise en place de Z1 Truss sur l’ISS ? STS-92 a été une mission très technique.

Oui, cela a été à été un sacré job de l’installer là-haut. Mais toute la mission a été un sacré job. C’était une mission très complexe. Il fallait préparer l’ISS à la venue prochaine d’un équipage qui allait l’habiter (ndlr = Expedition 1).

Z1 Truss est un élément essentiel à l’ISS. Sans lui, pas d’équipage à bord. 

Z1 Truss fournissait une partie de l’énergie, le gyroscope et on a monté temporairement des panneaux solaires dessus pour qu’il y ait l’énergie nécessaire.

On y a aussi installé l’antenne de communications Ku-Band et l’antenne SGANT.

Et il a fallu effectuer quatre EVA pour terminer tout le travail de préparation de l’ISS.

On a aussi installé le Pressurized Mating Adapter 3 (PMA-3).
(Z1 Truss et PMA-3 autour de Zarya)
 
Vous avez eu le temps de penser à autre chose que la mission durant le vol ?

Très peu de temps. Vraiment pas beaucoup car cela a été une mission très intense. Mais j’ai quand même pensé à ma famille, et j’ai regardé quand même la Terre. Elle est si belle vue de là-haut !


Vous avez effectué la 100ème mission d’une navette spatiale lors de votre premier vol. Vous avez revolé dessus à deux reprises. Maintenant, la navette ne vole plus. En quelques mots, quel regard avez-vous sur elle ?

(soupirs) La navette spatiale est unique, presque magique. Tous ceux qui ont volé avec vous le diront. En tant que pilote, c’est un engin incroyablement …incroyable (rires), fascinant.

Elle a changé notre rapport à l’espace. Elle a tellement contribué à la construction de l’ISS, que c’est triste de la voir ainsi au sol.

Mais, c’est la vie. Les choses progressent et dans le futur, on se souviendra de la navette spatiale comme d’un bel oiseau blanc unique.

 
(avec Pamela Melroy en février 2013 à Paris)
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire